Dexia (+ 5,92% à 4,47 euros) affiche la plus forte hausse du CAC 40 après avoir présenté, comme la majorité de ses consoeurs, des résultats supérieurs aux attentes au premier trimestre. Le spécialiste du financement aux collectivités locales a fait état d'un résultat net part du groupe de 251 millions d'euros contre une perte nette de 2,603 milliards d'euros au quatrième trimestre 2008. Cette performance est ainsi près trois fois supérieure à celle attendue par les analystes. En Bourse, l'action Dexia revient de loin : elle a touché un plus bas historique à 1,10 euro le 9 mars dernier.
Les métiers de base de la banque, Financement du secteur public et Banque de détail et commerciale ont contribué respectivement au résultat net du groupe à hauteur de 198 millions d'euros et 156 millions d'euros.
En revanche, les activités de gestion d'actifs, services aux investisseurs et assurance ont enregistré une perte nette de 128 millions d'euros, principalement après comptabilisation de 201 millions de dépréciations et de pertes sur les portefeuilles d'investissement des activités d'assurance. Celles-ci ont été provoquées par la baisse des marchés des actions.
Malgré ces pertes et dépréciation, l'impact de la crise sur les comptes du groupe a été limité à 419 millions d'euros contre 3,16 milliards d'euros sur les trois derniers mois de 2008.
Les revenus ont, eux, progressé de 13,6% à 1,703 milliards d'euros, à comparer avec un consensus de 1,444 milliard d'euros.
Concernant sa solidité financière, Dexia a annoncé un ratio Tier 1 de 10,7 % et un ratio core Tier 1 de 9,8 %.
Enfin Dexia a précisé que la cession des activités d'assurance de sa filiale américaine FSA était prévue d'ici fin juin. Cette filiale impliquée dans la crise des "subprimes" avait plombé les comptes du groupe bancaire l'année dernière.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Dexia est né du rapprochement en 1996 des deux principaux acteurs en Europe du financement public local : le Crédit Local de France et le Crédit Communal de Belgique. Les deux institutions ainsi que la Banque internationale à Luxembourg (BIL) ont été unifiées sous l'enseigne unique Dexia en 1999. Dexia constitue une des toutes premières fusions transfrontalières dans le secteur bancaire européen et se classe parmi les quinze plus grands établissements financiers de la zone euro. La banque franco-belge, leader mondial des services financiers au secteur public local, intervient également dans les domaines des services financiers de proximité, de la gestion d'actifs, ainsi que de la trésorerie et des marchés de capitaux. En matière d'administration de fonds, RBC Dexia Investor Services a été lancé en 2006 en collaboration avec la Royal Bank of Canada et se classe parmi les dix premières banques dépositaires au monde. Dexia est également une banque de détail de premier plan en Belgique et au Luxembourg et répond aux besoins en services financiers de plusieurs millions de clients.
Les points forts de la valeur
- Le positionnement du groupe sur le secteur public local lui assure des revenus récurrents et peu risqués car peu dépendants de l'évolution des marchés financiers. Son stock de prêts donne au groupe une bonne visibilité.
Les points faibles de la valeur
- L'activité de capital market du groupe est réduite.
- La concurrence pèse sur les marges de l'activité de Banque des particuliers ainsi que dans le financement public du fait de la forte liquidité et de faible risque.
- La filiale américaine du groupe, FSA, a pâti de l'ENVIRONNEMENT instable aux Etats-Unis. Elle a enregistré près d'un milliard de dollars de pertes sur les trois derniers trimestres et a nécessité des injections de capital pour préserver la notation AAA nécessaier à son activité.
Comment suivre la valeur
- Dexia se définit lui-même comme une valeur contracyclique c'est-à-dire qui évolue dans le sens inverse des cycles économiques. Il profite ainsi des périodes difficiles par les politiques de relance de l'équipement public et le maintien de taux d'intérêts bas. En période de croissance, il résiste par les techniques d'ingénierie financière proposées aux collectivités.
- Il faut surveiller la politique de développement du groupe à l'international. Dexia affiche notamment des ambitions au Mexique, au Canada ou encore au Japon dans le domaine du financement public. Le groupe est également intéressé par l'Europe de l'Est.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon le BCG, la crise va amener les banques à profondément changer leur modèle. Il deviendra nécessaire pour elles de se concentrer sur leurs clients, et non plus sur leurs produits. Les changements devraient notamment porter sur la taille de leur portefeuille d'activités, leur modèle de gouvernance, leur stratégie opérationnelle. En France, la fusion entre les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires, les deux maisons mères de Natixis, va donner naissance à la deuxième banque française. Cette opération intervient alors que les deux établissements ont enregistré de mauvaises performances en 2008. Les Caisses d'Epargne ont enregistré leur première perte historique (2 milliards d'euros) tandis que les Banques Populaires ont pâti de leur première perte depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Etat, qui pourrait en détenir jusqu'à 20%, va injecter 5 milliards d'euros dans le nouvel ensemble. La nomination à sa tête de l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol, a suscité une polémique, en soulignant l'irruption de l'Etat dans la gouvernance.