Le constructeur automobile japonais Suzuki Motor a annoncé lundi qu'il avait réussi à se maintenir dans le vert lors de l'exercice 2008-2009 clos fin mars, malgré une sévère chute de ses ventes et de ses bénéfices due à l'effondrement de la demande mondiale et au yen fort.
Tout en affirmant qu'il resterait bénéficiaire d'extrême justesse en 2009-2010, le spécialiste des motos et des petites voitures a émis de sombres prédictions pour l'industrie automobile mondiale.
Sur les douze mois d'avril 2008 à mars 2009, Suzuki a vu son bénéfice net dégringoler de 65,8% sur un an à 27,43 milliards de yens (211 millions d'euros), son chiffre d'affaires de 14,2% à 3.000,89 milliards (23,1 milliards d'euros) et son bénéfice d'exploitation de 48,5% à 76,93 milliards (592 millions d'euros), selon un communiqué du groupe.
Suzuki est ainsi, avec son compatriote Honda, l'un des deux seuls grands constructeurs automobiles japonais à avoir jusqu'à présent annoncé être resté bénéficiaire l'an dernier. Toyota, Mitsubishi Motors et Subaru (Fuji Heavy Industries) ont pour leur part subi de lourdes pertes. Nissan et Mazda, qui doivent publier leurs résultats mardi, prévoient de tomber dans le rouge.
Les ventes mondiales de motos Suzuki ont augmenté de 3,1% à 1,825 million d'unités grâce aux performances en Asie, qui ont compensé d'exécrables résultats en Amérique du Nord et en Europe. Le chiffre d'affaires de la division motos a cependant chuté de 23,2% en raison des effets de change.
Quant aux ventes d'automobiles, elles ont reculé de 3,5% à 2,328 millions de véhicules. Le chiffre d'affaires automobile a chuté de 10,9%.
"Nous avons réussi de justesse à réaliser un profit car les petites voitures se vendent relativement bien au Japon, et parce que notre dépendance vis-à-vis de l'Amérique du Nord est plutôt faible. De plus, le marché indien, qui est un de NOS principaux piliers, est en assez bonne santé", a commenté un des directeurs de Suzuki, Takao Hirosawa, au cours d'une conférence de presse.
Le groupe prévoit de rester encore dans le vert en 2009-2010, avec un maigre bénéfice net de 5 milliards de yens, pour un chiffre d'affaires qui devrait chuter de 23,5% par rapport à 2008-2009 à 2.300 milliards de yens.
"Le redémarrage des ventes automobiles dans tous les pays n'est pas prévisible, mais nous sommes déterminés à accomplir des efforts pour réformer notre groupe dans tous ses aspects afin de réaliser des bénéfices", a affirmé Suzuki dans un communiqué.
Ce qui n'a pas empêché le PDG du groupe, Osamu Suzuki, de se montrer extrêmement pessimiste pour le secteur.
"L'ENVIRONNEMENT de l'industrie automobile est très difficile. A cause de la récession, le regard que les gens portent sur les voitures a changé", a-t-il commenté lors de la conférence de presse. "Je ne crois pas que tous les constructeurs automobiles vont survivre. Le moment est venu de remettre en question leur existence", a-t-il prophétisé.