Etranglé par la crise et le poids de sa dette, le constructeur automobile français Renault voudrait céder un sixième de son patrimoine immobilier dans le monde, ce qui pourrait lui apporter un milliard d'euros d'argent frais.
Ce projet a été présenté en comité central d'entreprise et en comité de groupe la semaine dernière, a indiqué un représentant syndical à l'AFP, confirmant une information du quotidien Le Monde.
Une porte-parole du groupe n'a pas confirmé le montant des biens qui seraient mis en vente, mais a rappelé qu'en février, lors de la présentation de ses résultats, Renault avait fait part d'un projet de cession.
Environ 70 immeubles en France seraient dans le collimateur du constructeur. Ni le Technocentre de Guyancourt (Yvelines), coeur de la conception des nouveaux modèles, ni les sites industriels ne sont concernés par ce projet qui s'étalerait sur 2009 et 2010, a précisé le responsable syndical.
Le constructeur resterait locataire des biens vendus. Une pratique assez classique pour faire face à une pénurie de liquidités. "L'allemand Daimler avait fait de même il y a quelques années avec des biens dans l'est de l'Allemagne", rappelle ainsi Georges Dieng, analyste chez Natixis.
Cette opération n'aura pas d'impact sur les salariés, a précisé la porte-parole de Renault.
Parmi les acheteurs potentiels, Le Monde cite un assureur, une société foncière ou un fonds de pension. Un responsable syndical mentionne quant à lui des organismes institutionnels. La porte-parole de Renault n'a pour sa part voulu dévoiler aucun nom, le projet n'ayant pas encore été mené à son terme.
"La question de la faisabilité reste posée car le marché de l'immobilier de bureaux est actuellement considérablement déprimé", observe M. Dieng.
En France, il s'écroule. Ainsi, au premier trimestre, le montant global des investissements sur le marché de l'immobilier d'entreprise en Ile-de-France --le principal de l'Hexagone-- a chuté de 85% comparé au même trimestre 2008, selon ImmoStat, qui rassemble différents conseils en immobilier d'entreprise.
La bourse a cependant bien accueilli la nouvelle, l'action de Renault prenant 3,47% à 27,16 euros vers 17H00, dans un marché en baisse de 0,8%.
"Le chiffre d'un milliard d'euros me surprend quelque peu, le groupe avait plutôt évoqué jusqu'ici 300 à 500 millions d'euros de cession", a commenté M. Dieng.
A l'image de ses concurrents, Renault a vu ces derniers mois ses ventes de voitures s'effondrer. Après un rebond en mars grâce à la prime à la casse, les immatriculations du groupe en France ont ainsi reculé de 6,3% en avril, selon les chiffres publiés lundi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
Et cette situation devrait perdurer dans les mois qui viennent. Renault n'a d'ailleurs donné aucun objectif de résultat pour 2009, tant la visibilité est faible pour les groupes automobiles.
"A cause de la dégradation de sa rentabilité et des facteurs de change défavorables", la dette de Renault "a triplé de 2 milliards à 6 milliards d'euros en l'espace d'un an, en 2008", relève M. Dieng.
Et malgré le prêt de l'Etat de trois milliards d'euros accordé en février dernier sur cinq ans --en échange de l'engagement de ne pas procéder à un plan social, ni à des fermetures d'usines--, Renault est toujours à court d'argent. En plus de cette cession immobilière programmée, le constructeur veut d'ailleurs accélérer ses réductions de coûts, en diminuant ses dépenses de recherches et développements et ses investissements.