(AOF / Funds) - Frédéric Salmon a rejoint l'équipe de gestion obligataire de Pictet AM en 2006 en tant que responsable de la gestion de crédit, une expertise sur laquelle il travaille depuis 15 ans. Gérant du fonds Corporate Bonds depuis mars 2007, Frédéric Salmon est épaulé par les 6 analystes crédit sectoriels de la société de gestion. L'offre crédit de Pictet AM est composée de 4 fonds ouverts dont les encours sont passés de 350 millions d'euros début 2008 à quelque 1,2 milliard à la mi-mars. L'ensemble de la gestion de taux de Pictet AM représente 40,9 milliards d'euros, soit la moitié des encours totaux.
Quels secteurs privilégiez-vous dans le contexte actuel ?
Face à un manque de visibilité persistant et au risque de montée du taux de défaut, nous privilégions les secteurs les plus défensifs, notamment les télécoms. Nous sommes néanmoins de plus en plus prudents sur les services aux collectivités. C'est un des secteurs qui émet le plus actuellement avec déjà un fort taux d'endettement. Qui plus est, il commence à être pénalisé par la récession. Il est par ailleurs difficile de rester à l'écart du secteur financier qui représente la moitié de l'univers investment grade. Pour limiter le risque au maximum, nous étudions de près la structure de la dette. Nous sommes de fait très prudents sur les dettes subordonnées. Néanmoins, il faut être réactif et profiter des opportunités qui peuvent se présenter comme cela fut le cas en mars après l'annonce des bénéfices de Citi sur les deux premiers mois de l'année.
Quels paris spécifiques avez-vous récemment pris ?
Le potentiel des émissions proposées par General Electric nous semble intéressant. Certes, son rating a été dégradé mais cette société dispose de 45 milliards de dollars de liquidité tout en ayant la possibilité, via sa filiale de financement, d'obtenir des emprunts garantis. Nous sommes également confiants sur ArcelorMittal. Dans un ENVIRONNEMENT caractérisé par des surcapacités de production, nous estimons que ceux sont les sociétés les plus grosses qui réussiront à gérer le mieux leurs stocks et donc à traverser la crise. Dans le secteur des télécoms, notre préférence va à France Télécom, Swisscom et Telecom Italia. Nous sommes en revanche prudents sur British Telecom dont l'activité va être pénalisée par les réductions d'effectifs à la City. La problématique du financement des fonds de pension du groupe pourrait également venir peser sur la qualité de son crédit.
Comment gérez-vous l'extrême volatilité du marché du crédit et les risques assortis ?
Dans le contexte actuel, il est absolument nécessaire de pouvoir ajuster ses positions très rapidement. Si les positions du fonds sur des émetteurs AAA assurent en grande partie NOS besoins de liquidité, nous utilisons également des dérivés de crédit, dont les Credit Default Swaps. Il ne faut pas diaboliser ces produits. Ils restent les instruments de crédit les plus liquides qui, utilisés au cas par cas et de manière très diversifiée, permettent de composer avec la volatilité et le risque du marché.