
La deuxième banque helvétique Credit Suisse a rejoint jeudi le nombre grandissant des établissements ayant renoué avec les bénéfices, avec un profit net de 2 milliards de francs suisses au premier trimestre largement supérieur aux attentes des analystes.
Cette annonce inattendue a été saluée par les investisseurs, l'action bondissant de 7,51% à 42,68 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,11% à 09H54 GMT.
Alors que sa rivale UBS a encore lancé une alerte sur résultat, annonçant une perte nette de 2 milliards de franc suisses pour les trois premiers mois de l'année, Credit Suisse a justement excellé dans les domaines où son homologue a fait état de piteuses performances.
Credit Suisse a ainsi vu sa banque d'affaires, particulièrement exposée à la débâcle financière, afficher un bénéfice avant impôts de 2,4 milliards, contre une perte de 3,4 milliards il y a un an.
Si sa grande soeur lutte contre l'hémorragie de capitaux, le numéro deux du secteur peut s'enorgueiller d'avoir vu ses entrées de capitaux totaliser 8,8 milliards entre janvier et mars, contre des reflux de 12,6 milliards au quatrième trimestre.
Dernier élément de comparaison, Credit Suisse a vu son ratio de fonds propres de base (Tier 1), qui mesure la solidité financière de la banque, progresser de 0,8 point de pourcentage à 14,1%, tandis que celui d'UBS a reculé à "environ" 10% fin mars.
"Ces résultats montrent (...) que les mesures que nous avons prises l'an dernier (...) sont efficaces", a estimé le directeur général Brady Dougan.
Face à ce retour au bénéfice --à l'instar de plusieurs banques américaines comme Bank of America, JP Morgan et Goldman Sachs-- M. Dougan demeure "optimiste sur les perspectives" du groupe.
"Même s?il n'est pas exclu que nous soyons touchés par la volatilité et les turbulences sur les marchés (...), nous sommes convaincus d'être bien positionnés", a-t-il souligné.
Le directeur financier Renato Fassbind a été plus réticent à dévoiler des perspectives pour l'année, lors d'une conférence de presse téléphonique, indiquant seulement que la banque n'avait pas enregistré "de changement majeur" de conditions de marché au deuxième trimestre.
Ces résultats démontrent que la banque "gagne de nouveau des parts de marché dans certains domaines de la banque d'affaires", a estimé l'analyste Teresa Nielsen, de la banque Vontobel.
Credit Suisse a été particulièrement performant, notamment dans les activités liées au change et dans les taux, ainsi que le marché secondaire des crédits hypothécaires américains.
Tout n'est pas au beau fixe cependant, car la banque a subi des dépréciations d'actifs de 938 millions et détient toujours pour 10 milliards de produits "toxiques".
Les afflux de capitaux ont prouvé que "la gestion de fortune n'a pas été contaminée par les nombreux problèmes d'UBS", qui est accusé aux Etats-Unis d'avoir aidé des Américains à frauder le fisc, selon l'analyste de la banque Helvea Peter Thorne.
Mais "un bon trimestre ne suffit pas à transformer" le groupe, prévient-il.
Pour faire face à une perte annuelle historique de 8,2 milliards l'année dernière, la banque a revu ses coûts et coupé dans ses effectifs.
Credit Suisse a ainsi annoncé début décembre 5.300 suppressions d'emplois, dont 4.300 sont effectives à ce jour. Cette restructuration doit être clôturée d'ici le milieu de l'année.