Sanofi-Aventis (+ 1,08% à 42,765 euros) signe l'une des rares progressions du CAC 40, soutenu par la confirmation du versement d'un dividende en hausse de 6,8% à 2,20 euros par action. Les investisseurs profitent de cette annonce pour se re-positionner sur un titre délaissé depuis le début du rally haussier mi-mars en raison de sa faible sensibilité au cycle économique. Alors que le rebond semble avoir fait long feu, le marché revient aux fondamentaux de la Bourse : privilégier les valeurs peu risquées et offrant une rémunération attractive. Avec un rendement de 5%, Sanofi ne peut que séduire.
Sanofi-Aventis a annoncé vendredi que son assemblée générale mixte des actionnaires réunie le même jour avait approuvé les comptes sociaux et consolidés de l'exercice 2008 et décidé de distribuer un dividende de 2,20 euros par action, soit une augmentation de 6,3 % par rapport à l'exercice précédent. Le dividende sera détaché sur Euronext Paris le 23 avril 2009 et mis en paiement le 28 avril 2009.
En ces temps incertains, l'assurance de percevoir dans huit jours 2,20 euros sans coup férir semble donc susciter l'intérêt des investisseurs. Au cours actuel, le titre du quatrième laboratoire pharmaceutique mondial offre un rendement d'un plus de 5%, à comparer à taux dix ans inférieur à 3% aux Etats-Unis et aux environs des 3% en Europe.
En contrepartie, le risque associé à cette rémunération demeure limité. Dans une étude récente, Deutsche Bank estime que le risque sur les résultats 2009 des grands laboratoires européens est faible. Selon le bureau d'études, les résultats du premier trimestre devraient rester à l'écart de l'agitation liée aux mises à jour des portefeuilles de produits et aux risques inhérents aux décisions réglementaires.
Le courtier juge les valorisations toujours attirantes, d'un point de vue absolu autant que relatif. Il souligne que la réforme du système de santé américain devrait demeurer en 2009 un point clef pour le secteur bien que son effet soit difficile à mesurer en l'absence d'éléments d'information. D'après lui, le marché semblerait avoir déjà valorisé ce problème dans un scénario relativement pessimiste.
Deutsche Bank s'attend à une publication en ligne avec les attentes de la part de Sanofi-Aventis. Le point sur l'évolution de la R&D devrait être intéressant, a ajouté la banque allemande qui confirme son conseil de Conserver le titre avec un objectif de cours de 53 euros.
De son côté, Chris Viehbacher, directeur général de Sanofi-Aventis a promis aux actionnaires du groupe "un bel avenir", estimant que ses "atouts" lui permettront d'affronter "les menaces et les défis", selon l'agence Reuters.
Affirmant qu'il n'avait pas constaté pour l'instant "trop d'impact de la crise" sur les chiffres, il a réaffirmé son intention de diversifier le groupe pour affronter la perte de 20% de chiffre d'affaires que risque d'occasionner à l'HORIZON 2013 la copie de certains de ses médicaments.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Numéro quatre mondial de la pharmacie, derrière Pfizer, GlaxoSmithKline, et Novartis, Sanofi-Aventis est né du rapprochement du français Sanofi-Synthelabo et du franco-allemand Aventis en 2004. Fort de près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le groupe réalise un chiffre d'affaires consolidé de 27 milliards d'euros. Il développe 7 axes thérapeutiques majeurs : cardiovasculaire, thrombose, cancer, diabète, système nerveux central, médecine interne et vaccins.
Les points forts de la valeur
- Le groupe possède 8 médicaments qui réalisent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires (blockbusters).
- Le portefeuille de produits en développement est important.
- Sanofi a gagné le procès Plavix aux Etats-Unis. La protection du brevet est maintenue aux Etats-Unis jusqu'en novembre 2011.
- Le directeur général, Gérard Le Fur, dont le mandant courait en principe jusqu'en 2010 a été débarqué au profit de Chris Viehbacher, venu de GlaxoSmithKline, qui devrait en oeuvre une stratégie de "long terme".
- Sanofi-Aventis a acquis le fabricant de génériques tchèque Zentiva. Le rachat de Zentiva devrait permettre à Sanofi-Aventis de se renforcer sur le marché des génériques et d'augmenter sa présence dans les pays émergents d'Europe de l'Est à fort potentiel de croissance.
Les points faibles de la valeur
- Comme les autres valeurs du secteur, Sanofi est affecté par le durcissement des politiques de santé qui pèse sur les ventes de médicaments comme en France ou en Allemagne.
- Début juillet 2007, Sanofi a retiré le dossier d'homologation de l'Acomplia aux Etats-Unis. Un comité de la FDA avait rejeté sa pilule anti-obésité Zimulti (molécule rimonabant). Les experts s'inquiètent des effets secondaires psychiatriques du produit. L'enjeu financier autour de l'Acomplia est d'importance pour Sanofi-Aventis puisque le groupe attend du rimonabant un chiffre d'affaires annuel pouvant aller jusqu'à 3 milliards d'euros en cas d'homologation aux Etats-Unis.
Comment suivre la valeur
- D'une manière générale, les valeurs pharmaceutiques résistent en période de crise, et affichent à long terme des croissances soutenues (seulement 20% de la population mondiale a un accès normal aux médicaments, nombre de maladies ne sont pas encore traitées, et l'espérance de vie s'allonge rapidement).
- En outre, les valeurs pharmaceutiques sont sensibles aux évolutions réglementaires et aux décisions des autorités sanitaires (comme la FDA aux Etats-Unis). Plus particulièrement, il faut être attentif au chiffre d'affaires généré par chacun de ses produits et à la durée de vie de leurs brevets, et suivre les résultats des études cliniques pour identifier les médicaments à fort potentiel.
- Enfin, le titre présente un intérêt spéculatif, dans la mesure où le pacte d'actionnaires liant L'Oréal (10,5 % du capital) et Total (12,13 % du capital) est arrivé à échéance fin 2004. La cession des parts d'un de ces actionnaires de référence pourrait aussi provoquer un afflux de titres sur le marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Selon une étude menée par le BIPE (Bureau d'informations et de prévisions économiques), le plan de réduction des dépenses de santé mis en place par les autorités publiques en France sur la période 2005-2007 a dépassé les objectifs : les économies de 2,75 milliards d'euros, réalisées notamment grâce aux génériques, aux baisses de prix, aux réductions de remboursements et à une gestion plus stricte des médicaments en milieu hospitalier, sont bien supérieures aux 2,2 milliards d'euros escomptés. Le BIPE estime que, sur la période 2008-2012, pour éviter un taux de croissance des dépenses de médicaments compris entre 8% et 10%, les pouvoirs publics seront tenus de poursuivre leur programme de restrictions. Cela passera en particulier par un développement des déremboursements. Après l'instauration des franchises médicales, plus de deux cents médicaments sont en libre accès dans les officines, depuis cet été, pour favoriser l'automédication des Français. D'après l'Association des laboratoires pour une automédication responsable (Afipa), le marché de l'automédication, qui comprend à la fois les médicaments non remboursables et remboursables disponibles sans ordonnance, s'est développé de 4,4% en 2007 pour atteindre 1,9 milliard d'euros.