Après Wells Fargo et Goldman Sachs, la banque américaine JPMorgan Chase a fait état jeudi d'un bénéfice net largement supérieur aux attentes au premier trimestre, grâce à ses performances en banque d'investissement qui ont permis d'éponger la forte hausse de ses provisions.
L'établissement new-yorkais, qui fait partie des gagnants de la recomposition du paysage bancaire américain intervenue depuis l'automne, a dégagé un bénéfice net de 2,14 milliards de dollars sur ces trois mois.
Pour l'essentiel (1,6 milliard de dollars), ces profits ont été nourris par les activités de banque d'investissement qui profitent d'une situation exceptionnelle, avec des coûts de financement bas (grâce à l'Etat américain), des écarts sur taux importants et une forte volatilité des marchés.
Le bénéfice courant par action s'est établi à 40 cents, contre 32 cents attendus par les analystes, selon un communiqué publié par la banque.
Le bénéfice du trimestre écoulé "est à peine inférieur aux 2,37 milliards dégagés un an plus tôt", a relevé Jon Ogg, analyste du site 247WallSt.
Pour M. Ogg, ce recul de 10% d'une année sur l'autre est d'autant plus modeste que la banque a doublé dans l'intervalle ses provisions pour créances douteuses: 10,1 milliards de dollars, dont 8,5 milliards imputables à la seule banque de détail.
Le produit net bancaire s'est élevé à 26,92 milliards de dollars (contre 22,95 milliards pronostiqués par les analystes). Il a progressé de 50% sur un an, alimenté en partie par le rachat de la banque Washington Mutual.
Les solides résultats de JPMorgan s'ajoutent au bénéfice "record" de 3 milliards de dollars publié par Wells Fargo la semaine dernière et à celui de 1,81 milliard présenté par Goldman Sachs lundi. Ce trio a placé la barre bien haut pour ceux qui vont suivre ensuite et devraient avoir du mal à faire aussi bien, que ce soit Bank of America, Citigroup ou Morgan Stanley.
Si ces résultats viennent conforter l'idée que le secteur commence à voir le bout du tunnel grâce aux interventions de l'Etat fédéral, l'"importante progression des provisions liées à des prêts" chez JPMorgan "indique qu'il est prématuré de penser que l'économie est sortie d'affaire", a souligné Patrick O'Hare, analyste de Briefing.com.
Très attendu sur ses commentaires, alors que Goldman Sachs a décidé de lever 5 milliards pour rembourser au plus tôt les 10 milliards d'aide fédérale, le PDG Jamie Dimon a écarté l'idée d'une opération similaire chez JPMorgan pour s'acquitter des 25 milliards qui lui ont été alloués.
"Je ne vois pas l'intérêt pour une entreprise qui a du capital de lever de l'argent", a-t-il déclaré lors d'une conférence téléphonique. "Nous pourrions rembourser demain, car nous avons l'argent", a-t-il déclaré, faisant référence aux 82,7 milliards de dollars de fonds propres du groupe.
"Nous allons attendre les résultats du +test de résistance+" que Washington fait passer aux banques -pour mesurer leur capacité à faire face à la crise- "et suivre les conseils du gouvernement", a-t-il ajouté.
Bien que "confiant" dans la solidité de JPMorgan, M. Dimon a averti que pour le reste de l'année, il est "raisonnable de s'attendre à de nouvelles provisions sur l'encours de crédit si l'environnement économique devait se dégrader". Il a aussi dit s'attendre à ce que l'activité du groupe dans les cartes de crédit soit déficitaire cette année.
Il a indiqué que JPMorgan ne participerait probablement pas aux fonds de capitaux publics et privés destinés à racheter les actifs toxiques des banques.
Interrogée sur l'intégration de Washington Mutual, acquisition qui a hissé JPMorgan à la tête du secteur en termes de montant des dépôts -906 milliards de dollars à fin mars-, la direction a indiqué que le processus était "en bonne voie". Notamment, l'essentiel de l'objectif de 2,8 milliards de dollars d'économies devrait être atteint d'ici la fin de l'année.