Pernod Ricard chute de 4,90% à 42,32 euros, après l'annonce d'une augmentation de capital d'un milliard d'euros destinée à renforcer ses fonds propres. Une opération jugée surprenante par plusieurs analystes, en particulier dans les conditions économiques actuelles. Le groupe de vins et spiritueux a également abaissé pour la deuxième fois ses objectifs pour l'exercice 2008-2009. Il vise désormais une croissance interne de son résultat opérationnel courant de 3% à 5%, contre 5% à 8% précédemment.
Par ailleurs, Pernod Ricard a confirmé que le chiffre d'affaires du troisième trimestre de l'exercice 2008/09 devrait afficher une croissance interne négative, de l'ordre de - 13%. "Cette tendance ne reflète en rien celle de la demande finale telle que mesurée dans les panels consommateurs", tente de minimiser le groupe dans un communiqué.
Afin de justifier cette contre-performance, le propriétaire de la vodka Absolut évoque le décalage du nouvel an chinois, les hausses de droits d'accises et le déstockage plus important que prévu de la part des grossistes et distributeurs. "Ce phénomène de déstockage résulte du souhait de NOS clients de réduire leurs stocks dans un contexte d'accès limité au crédit, mais également de la volonté de Pernod Ricard de réduire son risque client", explique le groupe.
Enfin, Pernod Ricard a annoncé dans le même temps la vente de la marque de BOURBON Wild Turkey à Campari pour 575 millions de dollars (433 millions d'euros à taux de change constant). Il s'agit de la plus importante acquisition jamais effectuée par le groupe italien. Pour le fabricant de spiritueux français, cette transaction s'inscrit dans le cadre du programme de cession d'actifs non stratégiques de un milliard d'euros annoncé après l'acquisition de Vin & Sprit l'année dernière.
Pernod Ricard estime que l'augmentation de capital ainsi que la vente d'actifs devraient lui permettre de faire face à la majeure partie de ses besoins de refinancement d'ici à juillet 2013.
M-L.H.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Né en 1975 du rapprochement des deux éternels concurrents de l'Anisette Pernod et Ricard, le groupe, purement français à l'origine, puis groupe européen diversifié, est aujourd'hui devenu un leader mondial dans le secteur des vins et spiritueux. Présent sur les cinq continents, Pernod-Ricard est propriétaire entre autres marques de prestige du whisky Chivas Regal, du single malt Glenlivet, du cognac Martell, de Seagram's Gin ainsi que de nombreux réseaux sur tous les continents.
Pernod Ricard, associé pour l'occasion à l'américain Fortune Brands, s'est offert en 2005 le groupe britannique Allied Domecq pour 10,7 milliards d'euros. Ce rachat a permis à Pernod Ricard de monter sur la deuxième marche mondiale du marché des vins et spiritueux derrière Diageo et sur la première marche en dehors des Etats-Unis.
En 2008, grâce à l'acquisition d'Absolut via la reprise de Vin & Sprit, le groupe français devient le numéro un mondial de la vodka haut de gamme.
Les points forts de la valeur
- Pernod Ricard peut s'appuyer sur la forte croissance de ses marques premium, la vodka étant la catégorie la plus dynamique.
- Le rachat de Vin & Sprit lui confère la première place dans l'univers des spiritueux premium, avec 27% de parts de marché, et lui permet de devenir numéro deux aux Etats-Unis, avec 14% de parts de marché.
- Le groupe est fortement exposé aux marchés émergents, où il réalise 40% de ses ventes. Cet ancrage devrait constituer un important relais de croissance pour Absolut.
Les points faibles de la valeur
- L'ENVIRONNEMENT n'est pas favorable en France, en raison du durcissement de la législation anti-alcool, et en Irlande, où la fiscalité sur les spiritueux a fortement augmenté.
- Le marché des anisettes semble aujourd'hui arrivé à maturité.
- La plupart des analystes estiment que Pernod Ricard a payé le prix fort pour s'offrir Absolut. Malgré la solidité du financement de la dette, le groupe serait pénalisé par une éventuelle hausse des taux interbancaires.
Comment suivre la valeur
- Dopé par ses qualités défensives, le secteur des boissons surperforme généralement le marché baissier.
- Le marché reste attentif au bon déroulement des différentes étapes qui mènent à l'intégration du groupe suédois Vin & Sprit et au désendettement de Pernod Ricard.
- La spéculation entoure le titre: les marchés s'interrogent sur l'évolution de l'actionnariat.
- Le groupe attend des synergies annuelles de 150 millions d'euros avec le rachat d'Absolut.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Agroalimentaire
L'ensemble des acteurs manquent de visibilité pour 2009 et sont extrêmement prudents dans leurs prévisions de résultats pour cette année. Pour résister à une conjoncture difficile, qui privilégie les marques de distributeurs (MDD), les groupes ont deux possibilités. Soit ils développent des produits innovants pour se différencier soit ils concurrencent les MDD. L'environnement ne semble pas porteur pour le premier type de produits. Ainsi le yaourt « beauté » Essensis de Danone a été un échec et sa commercialisation va être suspendue. Le groupe français a lancé l'Ecopack, un lot de six yaourts à 1 euro. Yoplait a fait de même en développant une «offre co » pour 1 euro. Mais là encore le succès n'est pas garanti car l'Ecopack est distribué dans moins de 30% des hypers et supermarchés. C'est pourquoi il est également essentiel de miser sur les gammes établies en multipliant à la fois les innovations et les promotions. Activia 0%, introduit par Danone sur le marché français en fin d'année, a enregistré de bons résultats ce qui a conforté le groupe dans ce sens.