En repli de 7,51% à 158,15 euros, Eramet signe la plus mauvaise performance du SRD. Le groupe minier français est affecté par la rechute des cours des matières premières, la rotation sectorielle des investisseurs des valeurs cycliques vers les valeurs défensives et l'avis négatif d'un analyste. Selon une source de marché, Exane BNP-Paribas a dégradé son opinion sur le titre de Neutre à Sous-performance avec un objectif de cours de 120 euros.
Comme d'autres cycliques (Vallourec, ArcelorMittal,...), le titre Eramet est pénalisé par le changement de point de vue des marchés.
Ces dernières semaines, le G20, une litanie d'indicateurs économiques moins catastrophiques que prévus et les mesures de soutien du gouvernement américain et de la Fed aux banques avaient soutenu l'embellie des marchés. Ce rally haussier avait essentiellement profité aux cycliques, dont l'activité est étroitement corrélée à la conjoncture.
Mais quelques hirondelles ne font pas le printemps. Les investisseurs qui croyaient percevoir les signes d'une reprise à court terme semblent désormais redouter une convalescence plus tardive de l'économie mondiale. A cet égard, les mornes résultats trimestriels dévoilés hier soir par le géant américain de l'aluminium Alcoa ne sont guère réjouissants.
Affecté par la chute des prix de l'aluminium liée à l'effondrement de ses principaux marchés (automobile, construction), le groupe accuse au premier trimestre 2009 une perte nette de 497 millions de dollars, contre un gain de 303 millions un an plus tôt.
Le retournement de tendance s'observe sur les matières premières. Le pétrole a brutalement décroché ces trois derniers jours, passant de 54 dollars en fin de semaine à 47 dollars le baril aujourd'hui. Sur les métaux, le cuivre est nettement orienté à la baisse après avoir bondi de 55% depuis décembre et de 6% en une semaine.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Exploitant des mines de nickel depuis plus d'un siècle en Nouvelle-Calédonie, Eramet est un groupe minier et métallurgique intégré, qui produit des métaux non ferreux et leurs dérivés chimiques, des aciers spéciaux à hautes performances, alliages de nickel et superalliages, et des pièces à hautes caractéristiques pour l'industrie. Ses produits : métaux de haute pureté, ferroalliages, pièces forgées et matricées, billettes et barres, tôles, fils, dérivés chimiques... sont utilisés dans l'industrie aéronautique et spatiale, la sidérurgie, les aciers inoxydables, la production d'énergie, l'outillage, la chimie, les transports, le médical...
Les points forts de la valeur
- Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel.
- Grâce à la forte hausse du prix des matières premières, Eramet a engrangé d'importantes liquidités.
- Le groupe dispose d'une marge de manoeuvre financière pour procéder à d'éventuelles acquisitions.
Les points faibles de la valeur
- En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire.
- Les trois activités de groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats.
Comment suivre la valeur
- A suivre particulièrement l'évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l'acier inoxydable, et du manganèse.
- On s'intéressera également à la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel.
- La structure du capital et le pacte d'actionnaires entre la famille Duval (37,2 %) et Areva (26,2 %), encourage les rumeurs spéculatives sur le marché. Areva ne cache pas son intérêt pour le dernier groupe minier français. La famille Duval, quant à elle, veut lui céder sa part pour racheter Aubert & Duval, l'entreprise familiale qu'elle avait apporté à Eramet en 1999.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Face à la chute des cours, les producteurs réduisent leurs capacités. De nombreux métaux sont concernés. Le brésilien Vale a annoncé la fermeture de sites de nickel. Cette décision intervient après la fermeture, jusqu'à nouvel ordre, de la raffinerie de nickel de Xstrata en République dominicaine. Les producteurs d'acier sont engagés dans le même mouvement, qu'il s'agisse du leader russe de l'acier Severstal, ou de son concurrent ArcelorMittal. Côté aluminium, Rio Tinto Alcan a fait également part de sa décision de procéder à des réductions de production limitées. Le chinois Chalco, leader mondial de l'alumine, matière première de l'aluminium, a fermé 10% de ses capacités. Le leader mondial du cuivre, le chilien Codelco, a annoncé que sa production en 2009 pourrait décroître. Néanmoins le risque pesant sur le secteur est que le recul des investissements menés actuellement provoque par la suite une accélération très forte de la hausse des cours.