Le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, a proposé mardi de moraliser le système d'attribution des primes aux cadres des sociétés financières, dont le montant choque l'opinion alors que l'économie américaine s'enfonce dans une crise profonde.
"Les employés doivent profiter quand la performance globale (de l'entreprise) est solide et ils doivent tous être impliqués quand la performance d'ensemble est faible", a souligné M. Blankfein dans une intervention tenue devant des investisseurs institutionnels.
La performance des salariés ne doit pas être considérée de manière individuelle et isolée du contexte, a-t-il dit, en une référence probable aux 165 millions de dollars de primes versées par l'assureur AIG à quelques cadres en dépit de ses pertes historiques de 99,3 milliards de dollars.
Pour M. Blankfein, une partie de ces rémunérations variables devrait être attribuée sous forme d'actions. Plus le "bonus" est important, plus la proportion d'actions doit être importante. Pour les cadres supérieurs, "l'essentiel" des rémunérations variables devrait s'effectuer sous forme d'actions. "Seuls les employés les plus récents devraient pouvoir recevoir une part majoritaire de leur rémunération en numéraire", a-t-il dit.
Pour lui, la performance des salariés devrait être analysée sur une période de trois ans avec la possibilité pour l'entreprise de récupérer une partie des bonus versés en cas de prise de risque excessive.
Les cadres dirigeants ne devraient pas avoir la possibilité de vendre la plus grosse partie de leurs actions avant leur départ de la société.
Goldman Sachs est la banque d'affaires la plus prestigieuse de Wall Street et l'agilité de ses équipes lui a permis d'éviter le plus gros de la casse après le déclenchement de la crise et de dégager un profit l'an dernier.
M. Blankfein a pour partie déjà appliqué certaines de ses recommandations: il n'a pas touché de bonus au titre de 2008. Selon le régulateur de la Bourse SEC, sa rémunération totale a été de 1,11 million de dollars (dont 600.000 dollars de salaire), contre 70,32 millions de dollars un an plus tôt.
Mais la banque n'a pas hésité à acheter des parts dans des fonds d'investissements de deux de ses dirigeants en mal de liquidités pour un montant de 58 millions de dollars, selon le gendarme de la Bourse.
Dans ce même discours, M. Blankfein a souligné être toujours favorable à l'évaluation des actifs bancaires à leur valeur de marché, alors même que le régulateur de la profession comptable vient d'accepter de laisser un peu plus de latitude aux banques en ce domaine.
"Si plus d'institutions avaient correctement évalué leurs positions et leurs engagements dès le départ, ils auraient été dans une bien meilleure position pour réduire leur exposition", a-t-il fait valoir.
Le patron de Goldman Sachs a aussi estimé nécessaire de réguler tous les grands acteurs du marchés financiers, y compris les fonds d'investissement, comme l'a récemment préconisé le sommet du G20.
M. Blankfein a fait valoir que les mesures qu'il défend étaient indispensables pour sauver le capital-risque "qui est au coeur du capitalisme de marché" (et dont son groupe est le plus éminent représentant).
"Les meilleures compagnies n'ont pas peur ou n'essaient pas égoïstement d'empêcher les initiatives pour améliorer les pratiques de la profession. Ces compagnies reconnaissent qu'elles sont les premières à bénéficier de meilleurs standards, surtout si leurs activités les amènent à traiter avec de nombreux partenaires ou contreparties", a-t-il.