La ministre de l'Economie Christine Lagarde s'est dite prête dimanche à durcir l'encadrement des rémunérations des patrons des sociétés aidées par l'Etat, comme le souhaite le Parlement, sans préciser de quelle façon.
"Je veillerai à ce que le dispositif prévu par l'amendement" du Parlement, qui encadre plus sévèrement les rémunérations des patrons que le décret pris par le gouvernement, "soit bien mis en oeuvre", a dit Mme Lagarde lors du "grand jury" RTL-Le Figaro-LCI.
"L'amendement du Parlement prévoit en particulier de s'appliquer à l'ensemble des rémunérations différées, notamment, et je ferai en sorte que ce dispositif soit mis en oeuvre", a-t-elle dit.
Cela sera fait par "les voies les plus rapides et les plus appropriées", a-t-elle poursuivi, refusant toutefois de préciser par quels moyens.
Le gouvernement a pris mardi un décret pour encadrer la rémunération des dirigeants des entreprises publiques et de celles aidées par l'Etat.
Ce décret non rétroactif, qui s'applique jusqu'à fin 2010, prévoit que les entreprise bénéficiant d'un soutien de l'Etat ne pourront pas accorder à leurs dirigeants des stock options ou des actions gratuites.
Mais les parlementaires ont approuvé jeudi, contre l'avis du gouvernement, un amendement du président centriste de la commission des Finances, Jean Arthuis, qui va plus loin que le décret, en encadrant par la loi les stock-options, les bonus, mais aussi les retraites chapeaux. Un point qui ne figure pas dans le décret, mais qui a fait polémique.
L'amendement doit être encore approuvé en séance par les deux chambres du parlement.
Le gouvernement n'est "pas du tout en conflit avec le Parlement", a affirmé Mme Lagarde, soulignant que le gouvernement avait pris un décret par souci d'"agir très vite".
La gauche et les centristes, mais aussi certaines voix à l'UMP avaient réclamé que les rémunérations exceptionnelles des dirigeants soient moralisées par la loi.
Le décret pris par le gouvernement interdit "notamment les stock-options, les attributions gratuites d'actions" et "encadre très rigoureusement les rémunérations variables et bonus", a souligné la ministre.
Revenant ensuite sur l'affaire du "parachute doré" de 3,26 millions d'euros octroyé à l'ex-PDG de l'équipementier automobile en difficultés Valeo, Thierry Morin, Mme Lagarde a réaffirmé que l'Etat actionnaire "prendra ses responsabilité" et "s'opposera au paiement" s'il le faut.
"Ce que je crois aussi savoir, c'est qu'un des critères d'appréciation de la performance", entrant en ligne de compte pour l'octroi de cette rémunération, "a été utilisé de manière probablement un peu légère", a relevé Mme Lagarde.
Alors que les polémiques sur les rémunérations des dirigeants se sont multipliées ces dernières semaines, la ministre a toutefois tenu à "rendre hommage" à la majorité des dirigeants d'entreprises.
"Je pense à ces centaines de milliers de chefs d'entreprise qui, eux, tous les matins se lèvent en pensant à leurs employés, aux commandes, aux factures qu'il faut aller encaisser, aux nouvelles inventions qu'il faut trouver", a-t-elle dit.