Lafarge a perdu 5,84% à 31,91 euros hier après la publication des détails de l'augmentation de capital. Les investisseurs soulignent la forte décote (46%) du prix d'émission des nouvelles actions (16,65 euros). Les analystes de Natixis, qui tablaient pourtant sur 20 euros, ont toutefois souligné que cette décote "s'avérait parfaitement en ligne avec les pratiques actuelles du marché". Même fatalisme chez CM-CIC Securities. "Dans un contexte de volatilité extrême des marchés, le prix reflète logiquement une décote élevée par rapport au cours coté (51% sur le cours de 33,89 euros ex-droit)."
Pour le broker du Passage de Provence, cette situation est "très clairement la contrepartie à la garantie de bonne fin donnée par les banques comme ce fut d'ailleurs le cas pour Saint-Gobain et CRH".
Sur la base d'environ 90 millions d'actions nouvelles à émettre et d'une parité de 6 actions pour 13 anciennes, CM-CIC a calculé que l'opération aboutirait à une dilution (brute) de 28,5% sur le bénéfice par action 2009.
Mardi, l'assemblée générale extraordinaire de Lafarge a entériné l'augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros avec droits préférentiels de souscription en vue de réduire sa dette et améliorer sa liquidité. Selon CM-CIC, l'opération, associée à des cessions d'actifs au moins égal à 1 milliard d'euros devrait comme prévu permettre à Lafarge de "faire sauter" le covenant du ratio dette/Ebitda de 3,75, grâce au remboursement d'une tranche de crédit syndiqué.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, plâtre. Il est ainsi le numéro un mondial dans le ciment (principale activité du groupe, avec près de la moitié du chiffre d'affaires total), numéro deux mondial dans les granulats et béton et enfin numéro trois mondial dans le plâtre. En décembre 2007, Lafarge a racheté l'égyptien Orascom Cement pour 8,8 milliards d'euros. Le groupe devient le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen.
Présente dans le capital du cimentier français depuis février 2006 à hauteur de 6,5%, la holding d'Albert Frère a franchi en avril 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge pour détenir 18,60% du capital et 20,88% des droits de vote de cette société. En février 2008, Albert Frère a déclaré viser "les 25% du capital dans un délai plus ou moins long".
Les points forts de la valeur
- Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, et plâtre. Le groupe bénéficie également de sa présence géographique sur tous les continents, ce qui lui permet de lisser les à-coups conjoncturels.
- Compte tenu de ses fortes positions, Lafarge peut tenter de répercuter auprès de ses clients ses hausses de coûts.
- Le groupe peut se prévaloir d'une trésorerie solide lui permettant d'envisager des acquisitions de petite et moyenne taille.
- Albert Frère (GBL), un actionnaire réputé exigeant, a franchi en 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge.
- Le dossier Lafarge présente un aspect spéculatif en raison de l'émiettement du capital du groupe dans une optique de consolidation du secteur.
- Lafarge a changé de dimension en rachetant l'égyptien Orascom Cement. Il est devenu le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. En conséquence, le groupe a relevé ses objectifs de résultats pour 2010.
Les points faibles de la valeur
- La hausse du prix de l'énergie, ainsi que celle des prix du transport, pèsent sur la rentabilité du groupe.
Comment suivre la valeur
- Les groupes de matériaux sont dépendants de l'activité de la construction, fortement cyclique. A ce titre, leur activité est soumise à l'évolution du nombre des permis de construire et des mises en chantiers, qui sont eux-mêmes influencés par la conjoncture économique, le niveau des taux d'intérêts (coût du crédit) ou encore le climat.
- Il faut également porter une attention particulière à l'évolution du prix de l'énergie, qui compte pour 25 à 30% des coûts de production du ciment.
- L'appréciation de l'euro face au dollar est pénalisante même si les recettes en dollars sont adossées à des coûts en dollars.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les entreprises de matériaux de construction souffrent d'un ENVIRONNEMENT dégradé dans les pays développés mais aussi d'un ralentissement de la demande émanant des pays émergents. La plupart des acteurs émettent donc des avertissements sur leurs résultats. Lafarge, qui a subi un renchérissement du coût de ses matières premières, a indiqué qu'il ne pouvait confirmer ses objectifs pour 2010. Le groupe pourrait fermer des sites de production si la situation se détériore. Il a également annoncé un nouveau plan de réduction des coûts de 400 millions d'euros sur 2009-2011. Quant à Ciments Français, la hausse du coût de l'énergie a pesé sur ses performances au troisième trimestre. Sur la période, les volumes vendus sont en retrait dans les trois métiers que sont le ciment, les granulats, et le béton prêt à l'emploi. Ces facteurs ont pesé sur le résultat d'exploitation qui a chuté de 21,5%, à 200 millions d'euros, et sur le résultat net part du groupe qui a reculé de 12,6%, à 109 millions. Le cimentier a prévu un résultat opérationnel en retrait pour cette année par rapport à celui de 2007. Saint-Gobain a également annoncé que ses résultats seraient finalement inférieurs à ses objectifs fixés pendant l'été. L'environnement économique, qui s'est encore dégradé sur les dernières semaines, pèsera sur son volume d'activité au quatrième trimestre.