Peugeot a chuté de 9,16% à 13,94 euros hier, les investisseurs ne semblant pas apprécier dans l'immédiat le remerciement brutal mais sans surprise de Christian Streiff. Philippe Varin le remplacera en tant que président du directoire à compter du 1er juin. Dans l'intervalle, le directeur technique et industriel Roland Vardanega assurera l'intérim. «Le conseil de surveillance, unanime, a jugé que les difficultés exceptionnelles qu'affronte l'industrie automobile imposaient un changement de management à la tête du groupe», a déclaré le président Thierry Peugeot.
Philippe Varin, 56 ans, était directeur du secteur aluminium et membre du comité exécutif de Péchiney depuis 1999 lorsqu'il a pris la tête du groupe sidérurgique anglo-néerlandais Corus, alors en difficulté, en avril 2003. Il a conduit le redressement de l'entreprise et a organisé son rapprochement avec Tata Steel en mars 2007.
Réagissant à cette nomination, Credit Suisse a réitéré sa recommandation Achat et son objectif de cours de 18 euros sur PSA. Le broker estime que l'annonce du remplacement de Christian Streiff par Philippe Varin devrait profiter au titre, notamment grâce à son succès au sein de Corus.
L'analyste ajoute que le titre est désormais le moins cher du secteur automobile.
CS souligne cependant que Philippe Varin était arrivé à la tête de Corus alors que le marché de l'acier était florissant, ce qui est loin d'être le cas de l'industrie automobile. Sa tâche s'annonce ardue, puisqu'il devra notamment trouver une stratégie crédible pour que le groupe survive à long terme avec des volumes plus faibles et des prix plus bas. Il faudra également gérer les problèmes de surproduction et la faiblesse des pays émergents.
Enfin, l'arrivée d'un nouveau pilote aux commandes de PSA devrait relancer la spéculation quant à une collaboration accrue avec Mitsubishi, BMW ou Suzuki, estime Credit Suisse.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
PSA Peugeot Citroên est le deuxième constructeur automobile européen et le premier constructeur français devant Renault. Outre ses deux marques généralistes Peugeot et Citroên, le groupe comprend également :
- un équipementier, Faurecia, leader européen et numéro 2 mondial dans la plupart de ses métiers (sièges, échappements,...)
- Gefco, entreprise de transport et de logistique, 2ème en France dans son domaine
- des sociétés de financement fédérées par la Banque PSA Finance
- Peugeot Motocycles (scooters et cyclomoteurs de 50 à 125 cm3), 3ème constructeur européen
- Peugeot Citroên Moteurs (PCM) pour la vente de moteurs et de boîtes de vitesses à des clients extérieurs au Groupe
- Process Conception Ingénierie (PCI) pour la conception et la réalisation d'équipements industriels pour le Groupe et d'autres constructeurs mondiaux.
Attachée à son indépendance, la société est l'une des dernières où la famille fondatrice est restée aux commandes. La marque au lion emploie 211 750 personnes.
Les points forts de la valeur
- Le groupe est leader mondial sur le marché des motorisations diesel.
- Le groupe est peu exposé au marché américain et au dollar, ce qui en fait une valeur défensive.
-Peugeot dispose d'une situation financière solide.
-La prime à la casse et la mise en place d'un «bonus-malus écologique» permettent de limiter l'érosion des marges en cette période de crise. La tendance des consommateurs à privilégier des véhicules respectueux de l'ENVIRONNEMENT devrait aussi jouer en faveur de Peugeot.
Les points faibles de la valeur
- Peugeot est très dépendant de l'Europe de l'Ouest, où il réalise 70% de son chiffre d'affaires. Le groupe investit cependant sur les marchés d'Europe centrale, d'Amérique du Sud et en Chine, où le style européen est bien reçu.
-Peugeot n'est que le huitième constructeur mondial. Certains analystes estiment qu'il doit encore atteindre une taille critique, dans une industrie où les volumes d'achats et l'amortissement des coûts fixes sont essentiels.
Comment suivre la valeur
- Pour suivre PSA, il est bien s-r indispensable de suivre l'évolution du marché automobile, qui connaît une concurrence sévère, notamment des constructeurs asiatiques qui gagnent régulièrement des parts de marché.
- Les taux d'intérêt jouent aussi leur rôle dans l'évolution des ventes d'automobiles. Quand ils baissent, le coût du crédit pour les particuliers se bonifie, ce qui relance leur capacité d'emprunt, et donc la consommation.
- Le secteur doit faire face à une importante rupture technologique, avec les nouvelles motorisations électriques et hybrides, ce qui devrait modifier le paysage concurrentiel dans les prochaines années.
- Dans une activité fortement consommatrice de main d'oeuvre, les évolutions sociales doivent être observées avec attention.
- Enfin, dans un contexte de guerre des prix, il convient de suivre la politique commerciale des différents constructeurs, notamment en matière de remises.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Automobiles - Constructeurs
Les trois grands groupes américains (GM, Ford et Chrysler) se sont tournés vers le Congrès et la Maison-Blanche pour obtenir un soutien financier sous forme de prêts à taux préférentiel. Cela permettrait aux « big three » de transformer et moderniser leurs usines pour développer la fabrication de véhicules économes en carburant. L'évolution de leur offre est aujourd'hui nécessaire pour ces constructeurs. Trop dépendants du marché américain, sur lequel ils réalisent la moitié de leur activité, ils sont frappés de plein fouet par un recul de la demande. Certains analystes anticipent cette année des ventes d'automobiles aux Etats-Unis comprises entre 14 et 14,5 millions d'exemplaires contre 16,1 millions en 2007. GM a déjà annoncé la prochaine commercialisation aux tats-Unis de nouveaux véhicules consommant moins. Quant à Ford, il mise sur les petits modèles pour assurer son développement.