Le titre Société Générale affichait une hausse de 4,24% à 30,48 euros dans la matinée, alors que les dirigeants de la banque ont renoncé hier à leur plan de stock-options. Dans une lettre adressée aux salariés, citée dans la presse ce matin, les patrons de la banque de La Défense reconnaissent que la mise en place de ce plan «a été jugée très inopportune par l'opinion publique et a suscité une forte indignation».
«Pour couper court aux polémiques actuelles, nous avons décidé de renoncer au bénéfice de l'attribution de ces stock-options et en avons informé le conseil d'administration», ajoutent les dirigeants dans ce courrier.
Le plan de stock options prévoyait l'attribution de 150 000 et 70 000 stock-options à Frédéric Oudéa, le directeur Général et Daniel Bouton, le président de la banque. Didier Alix et Séverin Cabannes, directeurs généraux délégués, devaient en toucher 50 000 chacun.
Vendredi dernier, déjà, la direction de la banque avait fait machine arrière, annonçant dans un communiqué que les mandataires sociaux du groupe s'engageaient à ne pas lever leurs stock-options tant que l'établissement bénéficiait d'aides de l'Etat.
En fin de semaine dernière, la Société Générale avait subi de nouveau de sévères critiques de la part de la classe politique. Nicolas Sarkozy avait déclaré vendredi qu' «on ne peut pas solliciter l'argent public et faire un plan généreux de distribution d'actions ou de bonus. Quand on est mandataire social, ce serait un scandale». «Si vous pensez que je vise un établissement bancaire dans l'actualité, c'est exactement cela», avait-il précisé.
«Il serait grand temps que Société Générale rime un peu plus avec intérêt général», avait par ailleurs affirmé la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
La Société Générale est l'un des premiers groupes financiers de la zone euro. Son activité s'articule autour de trois grands métiers principaux : la banque de détail pour une clientèle de particuliers et d'entreprises (55% du produit net bancaire), la banque de financement et d'investissement (30%), enfin la gestion d'actifs et la banque privée (14%). Dans la banque de financement et d'investissement, la Société Générale se classe parmi les leaders européens et mondiaux, en marchés de capitaux en euro, produits dérivés et financements structurés.
Le 24 janvier 2008, la Société Générale a fait état d'une perte de trading de 4,82 milliards d'euros. Selon le groupe, elle résulte du débouclage de position «frauduleuses» d'environ 50 milliards d'euros prises par un de ses traders. L'enquête pour déterminer les responsabilités de chacun est en cours. Le bénéfice net du groupe a par conséquent été sérieusement amputé. Il s'inscrit en baisse de 81,9% sur l'année à 947 millions d'euros.
La banque a rejoint en 2007 le consortium Project Turquoise, un système transactionnel alternatif qui regroupe neuf banques d'investissement.
Points forts de la valeur
- SG est le leader mondial des dérivés actions avec une part de marché de l'ordre de 15 %.
- Le groupe bancaire est présent dans des pays à fort potentiel, notamment en Europe de l'Est et continue à s'y développer.
- Le titre est opéable.
- La banque est jugée bien capitalisée et son business mix est considéré comme solide dans l'ENVIRONNEMENT actuel, avec une gestion du risque efficace.
Points faibles de la valeur
- La Société Générale a échoué plusieurs fois dans ses tentatives de rapprochement avec une autre grande banque, française ou européenne.
- Certains analystes jugent que le profil de revenus du groupe est plus heurté et plus volatil que celui de ses concurrents. Il est de plus très dépendant de la croissance des profits issus des activités d'investissement et de financement ainsi que de celle du marché français, en raison de l'exposition forte du groupe à la banque de détail en France.
- Certains portefeuilles à risques de CIB, la banque d'investissement de Société Générale, pourraient être plus surveillés.
Comment suivre la valeur
- Les activités de dérivés actions et produits structurés sont dépendantes de l'évolution des marchés financiers.
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le groupe est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- Enfin l'évolution de la consommation, de l'épargne et du crédit des ménages a également un impact fort sur la Société Générale, dont plus de la moitié des résultats provient de la banque de détail.
- La Société Générale est également l'objet de rumeurs régulières sur un éventuel rapprochement avec d'autres banques, françaises ou internationales, même si sa direction estime être en mesure de faire " cavalier seul ". Dans un contexte de concentration, la banque française peut aussi bien être proie que prédateur.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Le paysage bancaire mondial est en pleine reconfiguration. Les banques qui résistent le mieux à la crise, sont à l'aff-t d'opportunités pour consolider leur position. En Angleterre, très affectée par la crise financière, la banque HBOS, numéro un du crédit immobilier, a été reprise par Lloyds TSB, cinquième banque du pays pour 12,2 milliards de livres (environ 15,5 milliards d'euros). Cette opération devrait créer un géant national du crédit immobilier et de l'épargne, détenant près de 28% du marché britannique des prêts immobiliers. En Allemagne également le marché bancaire se consolide. Deutsche Bank a annoncé son entrée au capital de Postbank à hauteur de 29,75%. Auparavant, Commerzbank avait racheté Dresdner Bank. La deuxième banque privée du pays double ainsi de taille. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Merrill Lynch a été reprise par la première banque américaine, Bank of America. Quant à JPMorgan Chase, elle devient la deuxième banque commerciale américaine grâce à l'acquisition de Washington Mutual.