Après s'être fait souffler Austrian Airlines par sa rivale allemande Lufthansa, Air France-KLM tente à nouveau d'étendre sa toile en Europe de l'Est, son point faible, où elle convoite la compagnie aérienne tchèque CSA, en passe d'être privatisée.
La compagnie, numéro un mondial en termes de trafic international de passagers , "va remettre aujourd'hui une lettre non engageante d'expression d'intérêts, dans le but d'accéder à une documentation" sur CSA, a-t-elle indiqué lundi dans un communiqué, précisant qu'une offre ferme n'était pas prévue avant juin.
Trois autres prétendants se sont manifestés: le russe Aeroflot, le groupe d'investissement tchèque Odien Group et le groupe d'investissement tchèque Unimex Group associé à la première compagnie aérienne charter tchèque Travel Service.
Pour le franco-néerlandais Air France-KLM, le réseau du transporteur tchèque "présente une bonne complémentarité. Il permettrait notamment au groupe de se renforcer en Europe centrale et en Europe de l'Est".
Une revanche en quelque sorte, après sa déconvenue cet automne lors de la privatisation de la compagnie publique autrichienne Austrian Airlines, également très présente dans cette zone géographique, qui lui avait échappé. L'allemande Lufthansa, membre de la même alliance aérienne que l'autrichienne, Star Alliance, l'avait alors emportée.
Cette fois-ci, Lufthansa, engagée dans l'acquisition de la petite compagnie belge Brussels Airlines et dans la montée au capital de la britannique BMI (British Midland), n'a pas manifesté son intérêt.
CSA, qui a transporté 5,6 millions de passagers en 2008 et pèse 877 millions d'euros de chiffre d'affaires, est membre depuis 2001 de la même alliance que Air France-KLM, Sky Team, ce qui faciliterait un rapprochement.
Une fois la crise passée, l'Europe de l'Est devrait connaître dans les prochaines années une croissance de trafic beaucoup plus importante que celle de l'Ouest.
Selon le quotidien La Tribune, qui ne cite pas de source, Air France-KLM serait prêt à débourser au maximum 200 millions d'euros pour emporter la mise. Un chiffre non confirmé par l'intéressé : "Air France-KLM ne fait aucun commentaire et considère qu'il faut avoir le dossier pour parler prix", a déclaré une porte-parole.
En cette période de turbulences, où le trafic aérien baisse fortement, l'heure n'est en tous cas pas aux dépenses inutiles.
Comme nombre de compagnies malmenées par la crise, Air France-KLM est tombée dans le rouge sur la période d'octobre à décembre, ce qui correspond au troisième trimestre de son exercice 2008/2009, clos au 31 mars 2009 : -194 millions d'euros de perte d'exploitation.
Et elle est déjà engagée sur un autre front: elle doit prendre 25% du capital d'Alitalia, ancienne compagnie publique italienne sauvée de la faillite par une alliance de grands patrons italiens, à l'issue d'une augmentation de capital qui sera lancée après un feu vert de Bruxelles.
De son côté, bénéficiaire en 2008, CSA prévoit, "comme la plupart des compagnies, des pertes pour 2009, mais n'a aucune raison pour ne pas revenir aux bénéfices en 2010", avait déclaré son PDG, Radomir Lasak, dans un entretien récent aux Echos. Il envisageait alors, sans enthousiasme, une reprise par Air France-KLM: "elle veut surtout défendre son marché européen", expliquait-il.