Hermès gagne 5,10% à 75,57 euros, après avoir dépassé les attentes en 2008. Le maroquinier de luxe a vu son résultat opérationnel courant progresser de 8,4% à 449,2 millions d'euros en 2008, alors que le consensus Reuters tablait sur 441,6 millions. Le résultat net n'a grappillé que 0,8% à 290,2 millions d'euros, "en raison de produits exceptionnels réalisés en 2007". Les analystes attendaient toutefois 288,7 millions seulement. Toutes les zones géographiques ont été en croissance l'an dernier, à l'exception du Japon qui a vu son chiffre d'affaires reculer de 3%.
Le groupe a confirmé que la tendance de ses ventes observée au début de l'année était "en ligne avec son objectif de stabilité du chiffre d'affaires" pour 2009. Il indique qu'à la fin du mois février, le chiffre d'affaires consolidé est "en légère croissance" grâce à l'évolution favorable des devises. En revanche, à taux de change constants, l'activité progresse dans les magasins du groupe mais le chiffre d'affaires consolidé "baisse légèrement" en raison du recul des ventes aux réseaux spécialisés, souligne Hermès.
En 2008, Hermès a investi 160 millions d'euros, principalement consacrés au renforcement des capacités de production et au développement du réseau de distribution. Le groupe a ajouté que son programme d'investissements resterait important en 2009, avec l'ouverture ou la rénovation de plus d'une vingtaine de magasins, notamment en Asie et aux Etats-Unis.
Hermès proposera le versement d'un dividende en légère hausse à 1,03 euro par action.
M-L.H.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Groupe de luxe mondialement connu, Hermès maîtrise plusieurs métiers (maroquinerie, prêt-à-porter, carrés de soie, horlogerie, parfums, arts de la table). Les produits Hermès sont distribués par le biais de magasins exclusifs ou dans d'autres points de vente, comme certains grands magasins, les boutiques hors taxes en aéroport et à bord des compagnies aériennes.
Le groupe réalise environ 30 % de ses ventes au Japon. Il est également bien implanté dans les autres pays asiatiques (Chine, Corée du Sud, Hong-Kong, Thaîlande,...), en Europe et aux Etats-Unis.
Hermès a une participation de 45 % chez le couturier Jean-Paul Gaultier et continue sa diversification dans le luxe: le groupe a investi 25 millions de francs suisses (15,7 millions d'euros) pour entrer à hauteur de 25% dans le capital de l'horloger suisse Vaucher Manufacture Fleurier, par le biais d'augmentations de capital successives.
Les points forts de la valeur
- Hermès bénéficie d'une notoriété mondiale et résiste aux effets de mode en raison de son image «classique» et de son caractère intemporel.
-Le positionnement sur les produits très haut de gamme d'Hermès lui donne un pouvoir de négociation élevé et lui permet d'augmenter les prix chaque année, ce qui en fait une valeur défensive du luxe.
-Les sacs phares (Kelly, Birkin) se vendent sur liste d'attente, avec un délai de livraison pouvant atteindre un an.
-La marque recèle encore d'un potentiel de développement important en termes de produits ou d'expansion géographique.
Les points faibles de la valeur
- Le capital de la société est verrouillé par la famille fondatrice qui en possède 73%, par le biais d'une société en commandite, ce qui prive en partie le titre d'un attrait spéculatif. La société Emile Hermès SARL joue le rôle d'associé commandité et détient le pouvoir et la gestion, quelle que soit la part détenue par les dizaines d'actionnaires familiaux.
- Les frais fixes du groupe sont importants, en raison notamment d'une large partie de la production réalisée en interne.
-L'exposition du groupe est limitée auprès des marchés émergents (25% du chiffre d'affaires) et forte auprès du Japon, un marché mature qui a tendance à reculer.
- Le titre se situe à des niveaux de valorisation très élevés par rapport à ses pairs.
Comment suivre la valeur
- Acteur du secteur du luxe, Hermès est fortement dépendant de l'état de santé de l'économie des zones américaine et japonaise. Les ventes du groupe sont également sensibles aux flux touristiques et donc au trafic aérien, qui, lorsqu'ils diminuent, affectent en particulier les ventes de parfums et de carrés de soie.
-Hermès est sensible à l'évolution du dollar. De même, il est dépendant du niveau du yen.
- La prime spéculative pourrait s'affaiblir, la direction déclarant de façon récurrente qu'Hermès n'est pas à vendre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Luxe et cosmétiques
La plupart des analystes sont réservés sur le secteur. Ils estiment que la demande en provenance des pays développés devrait s'éroder alors que les groupes subissent à la fois des taux de change défavorables et une hausse des coûts des matières premières. La diversification permet alors aux acteurs de maintenir leurs performances. C'est la stratégie adoptée par LVMH en acquérant Royal Van Lent, qui construit des yachts de grand luxe. L'objectif est de se positionner sur un secteur en croissance, non affecté par la mauvaise conjoncture économique, qui concerne la clientèle la plus aisée de la planète. Le marché des cosmétiques est reconfiguré après l'acquisition d'Yves Saint Laurent Beauté par L'Oréal, qui souhaite consolider ses positions sur le segment haut de gamme. Malgré cette opération, il reste numéro deux sur ce marché en France, derrière LVMH (avec les marques Dior, Givenchy ou Kenzo).