
Le patron de l'avionneur français Dassault Aviation, Charles Edelstenne, a craint jeudi qu'il y ait plus d'annulations que de commandes de jets d'affaires Falcon en 2009, annonçant un gel des embauches et une diminution de ses intérimaires.
"Je serais fou de joie" si le groupe enregistrait autant de commandes que d'annulations de Falcon en 2009, a-t-il expliqué, lors de sa conférence de presse-bilan, tout en ajoutant avoir le sentiment que ce "sera pire que ça".
"Nous n'avons aucune visibilité en matière de commandes", a-t-il reconnu. L'an passé, il avait enregistré 115 commandes nettes --c'est-à-dire défalquées des annulations.
Selon un spécialiste du secteur, le gel des embauches concernerait quelques dizaines de personnes en France -- sur un total de 1.200-- et quelques dizaines aux Etats-Unis --sur un total de 2.000 à 2.500, travaillant à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis).
"Ces deux derniers mois et demi, nous avons eu plus de résiliations que de commandes d'avions d'affaires. Nous allons passer par un creux important", a prédit M. Edelstenne.
"Il y a deux mois, j'ai pris la décision de baisser la cadence de production d'avions d'affaires à huit par mois. Nous réexaminons la situation et prendrons les mesures qui s'avèreront nécessaires pour adapter notre production à la situation", a-t-il dit.
La situation actuelle est "pire qu'en 2002 et 2003, car on ne sait pas quelle sera la longueur de la crise et on n'a pas l'impression que les Etats, dont le plus grand d'entre eux --les Etats-Unis--, maîtrisent complètement la situation", a-t-il ajouté.
M. Edelstenne table toutefois sur un chiffre d'affaires stable en 2009. En 2008, ce dernier s'élevait à 3,75 milliards d'euros.
Depuis le début de la crise qui a éclaté en septembre, le carnet de commande de Falcon a fondu de 7 à 8%, c'est-à-dire qu'une quarantaire d'avions commandés ont été annulés, a-t-il précisé.
Il a indiqué avoir "sauvé quelques ventes en aidant des clients" au financement des avions. Il a également précisé "être en train de mettre au point avec le gouvernement français un système de garanties de crédit à l'exportation" pour soutenir ses ventes.
Cette année, l'avionneur compte livrer 90 Falcon, contre 72 l'an passé. Dans ces 90 appareils, certains auraient dû être livrés l'année dernière mais ils ont été retardés par l'Autorité américaine de régulation aéronautique, FAA, pour des raisons administratives, a précisé un porte-parole.
La crise de l'aviation d'affaires, secteur qui représentait en 2008 79% des prises de commandes consolidées, accroît la nécessité pour Dassault Aviation d'exporter son avion de combat Rafale --ce qu'il n'a pour l'instant jamais réussi à faire--.
Parmi les pays intéressés, les Emirats Arabes Unis et la Suisse seraient ceux qui pourraient passer commandes le plus vite. Interrogé sur l'avancée des négociations avec la Lybie, M. Edelstenne a dit que pour l'instant il ne se passait "rien". Le Brésil fait aussi partie des clients potentiels.
En 2008, l'avionneur a vu son bénéfice net s'effriter de 2,4% à 373 millions d'euros. Il compte baisser cette année de moitié son dividende "compte tenu de la crise"