Alcoa a sauté le pas et annoncé une vaste augmentation de capital, tandis qu'ArcelorMittal préfère attendre. Le résultat est similaire : les deux titres sont massacrés en Bourse. A New York, le géant américain de l'aluminium, star déchue du Dow Jones cède plus de 9% en séance tandis que le leader mondial de la sidérurgie a décroché de plus de 12% à Amsterdam, sa place unique de cotation. Rarement les investisseurs n'auront été aussi méfiants vis-à-vis d'un secteur où les mauvaises nouvelles sont si bien anticipées qu'elles finissent par devenir auto-réalisatrices.
Après avoir vu sa capitalisation boursière fondre de 50% depuis le début de l'année et de 84% depuis un an, Alcoa a rendu les armes face au marché hier soir. La société américaine a annoncé ce que tout Wall Street attendait : une augmentation de capital de plus d'un milliard de dollars et de nouvelles mesures drastiques de réduction de coûts.
Pris en tenaille entre l'effondrement de leurs principaux clients appartenant aux secteurs de l'automobile et de la construction et la crise du marché du crédit qui limite leurs capacités de refinancement, les géants de l'industrie lourde sont aujourd'hui en grande difficulté. Ils payent le prix de leur boulimie d'acquisition de ces dernières années, lorsque le prix de leurs produits s'envolait en même temps que la croissance chinoise et l'appétit des investisseurs pour les matières premières.
Dans ce contexte des plus moroses pour le secteur, les investisseurs s'étonnent du comportement d'ArcelorMittal. Contre-toute attente, le géant de l'acier a démenti ce midi une rumeur insistante selon laquelle il avait engagé deux banques pour préparer une augmentation de capital d'environ cinq milliards d'euros. L'entreprise a affirmé disposer d'un programme de réduction de la dette efficace et n'avoir nul besoin d'accroître son capital. Comme Alcoa il y a quelques semaines...
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Face à la chute des cours, les producteurs réduisent leurs capacités. De nombreux métaux sont concernés. Le brésilien Vale a annoncé la fermeture de sites de nickel. Cette décision intervient après la fermeture, jusqu'à nouvel ordre, de la raffinerie de nickel de Xstrata en République dominicaine. Les producteurs d'acier sont engagés dans le même mouvement, qu'il s'agisse du leader russe de l'acier Severstal, ou de son concurrent ArcelorMittal. Côté aluminium, Rio Tinto Alcan a fait également part de sa décision de procéder à des réductions de production limitées. Le chinois Chalco, leader mondial de l'alumine, matière première de l'aluminium, a fermé 10% de ses capacités. Le leader mondial du cuivre, le chilien Codelco, a annoncé que sa production en 2009 pourrait décroître. Néanmoins le risque pesant sur le secteur est que le recul des investissements menés actuellement provoque par la suite une accélération très forte de la hausse des cours.