ArcelorMittal (-6,62% à 13,40 euros) poursuit sa chute, affecté par la spéculation sur une possible augmentation de capital avec une importante décote. Selon le "Financial Times", le premier sidérurgiste mondial, lourdement endetté, envisagerait une augmentation de capital d'environ 5 milliards d'euros sous la houlette de JPMorgan et Deutsche Bank. Le quotidien évoque le prix de 8 euros pour chaque nouvelle action émise, selon la parité de deux actions nouvelles pour une action ancienne. Ce prix représenterait un rabais de 44,2% par rapport au cours de clôture de lundi.
Vendredi dernier, Goldman Sachs avait maintenu ArcelorMittal sur sa liste "Conviction Buy" mais réduit son objectif de cours de 28 à 21 euros.
Pris en tenaille entre l'effondrement de la demande des secteurs de l'automobile et de la construction, ses principaux clients et la crise du marché du crédit qui limite ses capacités de refinancement, le premier sidérurgiste du monde a multiplié ces derniers mois les mesures drastiques de réduction des coûts.
Le mois dernier, à l'occasion de la publication de résultats du quatrième trimestre en net repli, ArcelorMittal avait ainsi confirmé la poursuite des arrêts de production temporaires au premier trimestre 2009 et ajusté son programme de gains de gestion de 5 milliards de dollars, l'objectif étant porté à 2 milliards en 2009.
Le groupe a également étendu les suppressions d'emplois, qui dépasseront désormais les 9 000 initialement prévus, abaissé de 4,5 à 3 milliards de dollars son programme d'investissements et divisé par deux son dividende 2009 à 0,75 dollar par action.
Concernant ses perspectives, ArcelorMittal avait choisi la prudence en annonçant au premier trimestre 2009 un Ebitda d'un milliard de dollars, soit cinq fois moins que l'an dernier à la même époque.
Quelques jours plus tôt, ArcelorMittal avait démenti catégoriquement avoir une quelconque intention de vendre ses actifs brésiliens, contrairement à des rumeurs rapportées par des médias locaux.
Depuis le début de l'année, l'action a reculé de plus de 21%, après avoir chuté de plus de 80% en 2008.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
ArcelorMittal, issu de la fusion en juillet 2006 d'Arcelor et de Mittal Steel, est le numéro un mondial de l'acier avec une capacité de production annuelle d'environ 130 millions de tonnes par an, soit environ 10% de la production mondiale d'acier. Le groupe est présent dans quatre domaines d'activités : il est le premier producteur mondial dans les Aciers Plats Carbone, activité principale du groupe avec plus de la moitié du chiffre d'affaires, et les Aciers Longs Carbone, l'un des leaders mondiaux pour la production d'Aciers Inoxydables, et parmi les premiers en Europe pour le secteur Distribution-Transformation-Trading. L'entreprise s'est fixé pour objectif de développer ses positions en Chine et en Inde, deux pays dont les marchés sont en plein essor.
Les points forts de la valeur
- ArcelorMittal bénéficie des synergies dégagées par la fusion signée fin juin 2006.
- Le groupe investit en Inde et en Amérique Latine pour capter la croissance des pays émergents et accroître ses capacités.
- Le titre demeure la valeur préférée de nombreux analystes au sein du secteur en raison de sa rentabilité et sa capacité à relever ses prix.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe demeure encore relativement peu présent aux Etats-Unis.
- Comme les autres grands groupes sidérurgistes, ArcelorMittal affronte la concurrence des pays émergents qui tirent les prix de l'acier vers le bas.
- Comme ses concurrents, le groupe doit accepter les hausses des prix de ses fournisseurs, en particulier dans le minerai de fer.
Comment suivre la valeur
ArcelorMittal est une valeur cyclique, qui est très liée à la conjoncture économique. A ce titre, l'évolution de ses prix et débouchés est à surveiller.
-A suivre également, l'évolution du prix des matières premières entrant dans la fabrication de l'acier. C'est particulièrement le cas du minerai de fer, qui représente environ 30 % du coût des achats des producteurs d'acier.
- La concentration dans le secteur de la sidérurgie reste à l'ordre du jour dans la mesure où les dix premiers sidérurgistes ne contrôlent que le quart du marché de l'acier alors que leurs fournisseurs de minerai de fer sont concentrés à l'extrême. Deux compagnies assurent la majorité de l'extraction mondiale.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Face à la chute des cours, les producteurs réduisent leurs capacités. De nombreux métaux sont concernés. Le brésilien Vale a annoncé la fermeture de sites de nickel. Cette décision intervient après la fermeture, jusqu'à nouvel ordre, de la raffinerie de nickel de Xstrata en République dominicaine. Les producteurs d'acier sont engagés dans le même mouvement, qu'il s'agisse du leader russe de l'acier Severstal, ou de son concurrent ArcelorMittal. Côté aluminium, Rio Tinto Alcan a fait également part de sa décision de procéder à des réductions de production limitées. Le chinois Chalco, leader mondial de l'alumine, matière première de l'aluminium, a fermé 10% de ses capacités. Le leader mondial du cuivre, le chilien Codelco, a annoncé que sa production en 2009 pourrait décroître. Néanmoins le risque pesant sur le secteur est que le recul des investissements menés actuellement provoque par la suite une accélération très forte de la hausse des cours.