Le fabricant de pneus allemand Continental va fermer deux sites de production en Europe, dont celui de Clairoix en France, où les salariés, qui avaient accepté fin 2007 d'importantes concessions pour sauver l'usine, ont fait part de leur sentiment de "trahison".
Invoquant la chute brutale de l'activité automobile en Europe, l'équipementier a annoncé mercredi la suppression de 1.900 postes, sur les 160.000 qu'il compte dans le monde.
Outre Clairoix (Oise) qui emploie quelque 1.120 salariés, le site de pneus pour camions de Hanovre en Allemagne (nord), où Continental a aussi son siège, sera également fermé. 780 personnes sont touchées.
"Il n'y a malheureusement pas d'alternative", a déclaré Hans-Joachim Nikolin, membre du directoire en charge de l'activité de pneumatiques, dans un communiqué.
En cause, selon Continental: la chute brutale de plus de 30% de la demande pour les pneus de voiture en Europe sur les deux premiers mois de l'année. L'équipementier allemand estime qu'il a durablement des surcapacités de production, de 15 millions de pneus pour voitures notamment.
En France, l'annonce de la fermeture de Clairoix d'ici un an, a suscité une vive émotion, jusque dans les rangs du gouvernement.
Seul syndicat à avoir accepté fin 2007 l'augmentation de la durée du travail, la CFTC, majoritaire, s'est déclarée "odieusement flouée", "d'autant plus que le groupe Continental fait des bénéfices". Même son de cloche à la CFE-CGC où l'on souligne que les salariés ont été "trahis".
La fermeture de Clairoix peut être "considérée comme une trahison" par les salariés qui avaient passé un accord avec la direction il y a trois ans, a lui aussi déclaré le porte-parole du gouvernement et secrétaire d'Etat à l'Industrie, Luc Chatel.
Des élus locaux ont crié au "cataclysme" dans une région déjà affectée par les restructurations et le PS a dénoncé une "catastrophe économique et sociale".
En réponse, Continental a fait valoir que Clairoix était le site européen où les coûts sont les plus élevés. "Nous avons étudié plusieurs options et sommes parvenus à la conclusion que la compétitivité de la division pneus ne pouvait être conservée qu'en fermant les deux usines aux coûts les plus élevés", a dit M. Nikolin.
La production y sera arrêtée en deux étapes: 650 départs en octobre 2009 et 450 en mars 2010. A terme, ne resteront à Clairoix que des activités de marketing et de distribution, qui emploient 175 personnes (en plus des 1.120 postes supprimés), selon la même source.
Des discussions vont avoir lieu avec les syndicats et le comité d'entreprise, a précisé le porte-parole. "Les politiques seront impliqués", a-t-il ajouté, sans plus de détails.
Par ailleurs, la production de pneus sera aussi fortement réduite sur le site de Puchov en Slovaquie. Les salariés verront leur temps de travail réduit d'un quart à 30 heures par semaine sans compensation de salaire, a précisé à l'AFP un porte-parole.
Touché de plein fouet par la crise, Continental est également empêtré dans son rachat par son compatriote Schaeffler: le groupe familial croule sous les dettes, désormais incapable de financer seul une acquisition de plusieurs milliards d'euros. Il a demandé l'aide de l'Etat et prépare un nouveau plan pour la poursuite des activités.