Le doute n'est plus permis. 2009 est l'année de la consolidation dans le secteur pharmaceutique. Quelques semaines à peine après le rachat à 68 milliards de dollars de Whyeth par Pfizer, Merck a annoncé l'acquisition de son compatriote Schering-Plough pour 41,1 milliards de dollars. L'opération, approuvée par la direction des deux groupes, doit encore recevoir la bénédiction des actionnaires. Au vu de la réaction du marché à l'ouverture (chute de 10% de Merck, bond de 19% à 21 dollars de Schering) et des commentaires des analystes, Merck devra sans doute relever une offre condamnée à réussir.
« Je crois qu'il faudrait au moins 12 à 15 milliards de dollars de plus », a déclaré à Reuters un analyste de Caris & Co. « Je ne crois pas que les investisseurs seront contents tant que le prix n'ira pas dans le haut de la vingtaine, voire à 30 dollars par action ». Il ajoute que les droits à l'international de Schering pour les traitements contre l'arthrite Remicade et Golimunab valent ce prix-là.
Si le prix offert par Merck suscite déjà des critiques, c'est que le sens stratégique de la fusion ne fait aucun doute. Alors que l'industrie est confrontée à la concurrence des fabricants de génériques et à l'entrée dans le domaine public de nombreux blockbusters, le rachat de Schering, son partenaire pour la production de médicaments contre le cholestérol, permet à Merck de doubler le nombre de médicaments en phase ultime de développement et de diversifier ses revenus.
Le géant américain évalue à 3,5 milliards de dollars environ les économies annuelles issues de la fusion au-delà de 2011. Selon Merck, le chiffre d'affaires de la nouvelle entité devrait avoisiner les 47 milliards de dollars.
«Le temps des mégas fusions est de retour», a estimé un analyste cité par Bloomberg. « Simplement parce que le revenu du secteur n'a plus aucune chance de croître et que les mesures de réductions de coûts ne sont pas infinies». «La société qui laisse passer son tour risque de perdre des parts de marché», a-t-il ajouté.
(P-J.L)