Eiffage a chuté vendredi de 8,98% à 28,99 euros sur des résultats 2008 et des perspectives contrastés. Le groupe de BTP et de concessions promet une "progression maîtrisée" (+3,2%) de son chiffre d'affaires 2009 malgré la baisse de l'activité dans certains pays européens. En 2010 en revanche, la société redoute une année "plus mauvaise que la précédente". Les effets positifs des plans de relance européen ne devraient profiter réellement à l'activité qu'à partir de 2011, a t-elle indiqué.
"Le discours du groupe est extrêmement prudent sur 2010", a commenté Oddo. Compte-tenu d'hypothèses 2009-2010 revues en baisse, et d'une approche prudente sur APRR, le courtier parisien a révisé à la baisse son objectif de cours à 42 euros contre 53 euros auparavant avec un conseil maintenu à Accumuler.
Dans une note adressée à ses clients, Cheuvreux a regretté les effets tardifs des plans de relance. L'analyste a renouvelé son opinion de Sous-performance et son objectif de cours à six mois de 35 euros. De son côté, Fortis, évoquant l'absence de visibilité après 2009, a confirmé sa recommandation Conserver mais a abaissé de 7% son objectif de cours à 40 euros.
Affecté par des «mesures d'adaptation et de restructuration non récurrentes dans la Péninsule ibérique», Eiffage a accusé une baisse de 9,3% de son bénéfice net en 2008 à 302 millions d'euros pour un résultat opérationnel courant en repli de 3,2% à 1,1 milliard d'euros.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Eiffage se développe au travers de cinq métiers, la construction (Eiffage Construction), les concessions (Eiffage Concessions et APRR depuis décembre 2005), la route (Appia), l'installation électrique (Forclum), et la construction métallique (Eiffel). En décembre 2005, Eiffage a fait l'acquisition d'APPR lui permettant de devenir le numéro deux français et numéro trois européen des concessions autoroutières, en rééquilibrant son portefeuille d'opérations vers des activités à caractère récurrent.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- La présence du groupe dans les concessions autoroutières ou dans l'électricité, qui offrent des revenus récurrents, lui permet d'être moins sensible aux aléas de la conjoncture économique.
- Le groupe bénéficie des retombées en terme d'image de la construction du Viaduc de Millau.
- La vente de sa filiale à 100 % Eiffage Parking a permis à Eiffage de limiter son ratio de dettes nettes sur fonds propres après acquisition d'APRR à moins de 50 %, permettant ainsi au groupe de poursuivre sa politique de croissance externe et de développement des PPP (partenariats publics privés).
- Bon niveau d'activité de sa filiale APRR qui a annoncé un chiffre d'affaires du premier semestre 2007 en progression de 8,6% à 864,1 millions d'euros.
- Eiffage ne devrait pas lancer d'offre pour acquérir les minoritaires d'APRR.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est peu présent à l'étranger.
- Les métiers d'Eiffage présentent traditionnellement de faibles marges.
- L'avenir du groupe est dépendant des suites judiciaires de l'OPA de Sacyr.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Une bonne part de l'activité d'Eiffage, à l'image du secteur de la construction et du bâtiment dans son ensemble, dépend de la conjoncture économique, du niveau des taux d'intérêt (coût du crédit) et du climat (plus ou moins propice aux lancements de chantiers).
- Par ailleurs, les choix budgétaires des Etats en matière d'infrastructures jouent un rôle non négligeable dans l'évolution du carnet de commandes du groupe.
- Le modèle économique des concessionnaires d'autoroutes (APRR) garantit des revenus récurrents.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - BTP
La plupart des indicateurs sont mauvais pour le secteur de la construction française au cours du premier semestre : les ventes des promoteurs immobiliers ont chuté de 30,9%, ce qui les a incités à différer ou abandonner certains programmes. C'est pourquoi les mises en chantier de logements ont reculé de 14,4% à fin juillet. Cette tendance n'a pas été compensée par les chiffres dans le secteur public puisque les mises en chantier de bâtiments administratifs ont reculé de 22,1% sur la même période. Le stock effectif (les logements commencés et ceux complètement achevés) s'est, lui, gonflé au premier semestre pour atteindre 6,6 mois de ventes contre 4,6 en 2007. La situation française est moins grave que celles des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l'Espagne, où les entreprises de construction cherchent à restructurer leurs dettes. Néanmoins, le nombre de défaillances d'entreprises s'est accru de 34% en France sur les six premiers mois de l'année, selon la FFB (Fédération Française du Bâtiment). Traditionnellement pourvoyeur d'emploi, le secteur commence à réduire ses recrutements : sur un an, 32000 postes ont été créés, contre 40000 l'année précédente. Plus de 1000 emplois intérimaires ont été supprimés au deuxième trimestre.