
Le deuxième constructeur automobile japonais, Honda Motor, a annoncé lundi la nomination de Takanobu Ito au poste de PDG en remplacement de Takeo Fukui, qui exerçait cette fonction depuis 2003 et qui, en pleine crise mondiale, a décidé de se retirer au profit de la jeune génération.
M. Ito, 55 ans, qui prendra ses fonctions en juin, était jusqu'à présent directeur exécutif de Honda chargé des opérations automobiles.
Il a effectué toute sa carrière au sein du groupe, qu'il a rejoint en 1978 en tant qu'ingénieur. Il a notamment participé à la conception de la voiture de sport NSX et a été vice-président de la filiale de Honda aux Etats-Unis de 1998 à 2000. Il fait partie du conseil d'administration du groupe depuis juin 2000.
Quant à M. Fukui, 64 ans, il restera membre du conseil d'administration en tant que directeur et conseiller, a précisé Honda dans un communiqué.
Il s'agit de fonctions essentiellement honorifiques que les grands groupes japonais attribuent traditionnellement à leurs hauts dirigeants dans les quelques années qui précèdent leur départ à la retraite.
Au cours d'une conférence de presse, M. Fukui a précisé qu'il avait pris lui-même la décision, en décembre, de passer le relais.
"En pensant au potentiel de croissance de notre entreprise une fois surmontée la difficile période actuelle, j'ai jugé qu'il vaudrait mieux procéder à ce remplacement au plus tôt. Un changement de génération est très important pour l'avenir de la compagnie", a-t-il expliqué.
Comme tous ses rivaux, Honda subit actuellement les conséquences de l'effondrement du marché automobile aux Etats-Unis du fait de la récession. Le groupe est cependant le constructeur japonais qui s'en tire le mieux jusqu'à présent, tablant sur un petit bénéfice net au terme de l'exercice 2008-2009 qui s'achève fin mars, alors que la plupart de ses rivaux prévoient des pertes.
"Je ne pense pas que Fukui s'en aille pour assumer la responsabilité de la situation actuelle, mais plutôt parce que l'âge de la retraite approche", a estimé Tairiku Sakaguchi, analyste automobile chez Shinko Securities, qui a attribué à la stratégie de M. Fukui la relative bonne santé actuelle de Honda.
"Alors que les autres constructeurs mondiaux sont frappés par la crise, sa capacité à préserver la rentabilité est digne d'éloges", a-t-il estimé, en citant notamment l'accent mis par Honda sur les technologies respectueuses de l'environnement et les efforts commerciaux dans le domaine des motos.
"Mais en même temps, j'ai l'impression que (le groupe) essaye de mettre en place une nouvelle structure pour se défendre dans le contexte économique actuel", a ajouté M. Sakaguchi.
Au cours de la conférence de presse de lundi, M. Ito a estimé que les constructeurs automobiles devraient faire preuve de plus de créativité pour enrayer le déclin de leurs ventes au Japon, où le marché automobile a connu en 2008 sa pire année depuis 1974, avec seulement 3,2 millions d'unités écoulées dans le pays (-6,5% sur un an). Les organismes professionnels estiment que le marché nippon pourrait chuter sous les 3 millions d'unités cette année.
"Au Japon, ce n'est pas que les gens n'aient plus besoin de voitures. C'est que les constructeurs ne sont plus capables de produire les véhicules qui incitent les clients à penser: +Je veux acheter ça+", a affirmé le futur PDG.
"Je pense que l'industrie automobile a perdu la partie quand elle a commencé à croire qu'elle pouvait vendre n'importe quelle voiture qu'elle produisait. En tant que nouveau président, je veillerai à fournir le plus vite possible aux clients les technologies qu'ils désirent", a-t-il ajouté.