Lafarge a annoncé son intention de procéder à une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros et de réduire son dividende à 2 euros afin de renforcer son bilan. « Dans un contexte financier et économique sans précédent, notre objectif est de réduire rapidement notre dette en 2009. Le plan d'action que nous annonçons aujourd'hui, qui comprend des mesures opérationnelles fortes et une augmentation de capital, vise à réduire notre dette, consolider notre structure financière, renforcer notre leadership et positionner idéalement le Groupe en prévision de la reprise » a déclaré son P-DG.
Lafarge a aussi annoncé qu'il accroissait de 120 millions d'euros à 200 millions d'euros son objectif de réduction de coûts pour 2009 et qu'il réduisait de 200 millions d'euros supplémentaires ses investissements industriels. Le groupe souhaite ainsi accroître sa génération de cash-flow.
En 2008, le groupe a dégagé un résultat net part du groupe de 1,713 milliard d'euros, hors éléments exceptionnels, en hausse de 3%. Le résultat d'exploitation courant s'est élevé à 3,542 milliards d'euros, en progression de 9% (+14% à taux de change constant). Le chiffre d'affaires a atteint 19,033 milliards d'euros, en augmentation de 8% (+14% à taux de change constant).
Au sujet des perspectives 2009, Lafarge souligne que « compte tenu de la crise économique mondiale et du niveau d'incertitude élevé, il est aujourd'hui difficile d'établir des perspectives ».
Lafarge attend actuellement une baisse des volumes de ciment de 0 à 3% dans l'ensemble, avec une forte dégradation dans les marchés développés et un ralentissement de la croissance dans les marchés émergents.
« La baisse des volumes devrait peser sur les marges tandis que les prix devraient rester bien orientés dans l'ensemble. Les actions opérationnelles que nous mettons en oeuvre contribueront à diminuer l'impact de la baisse des volumes », a souligné la société.
Ce dernière estime que les plans de relance des gouvernements, qui comportent tous d'importants projets d'infrastructures, « sont une très bonne nouvelle » pour son industrie. Ils devraient avoir un impact significatif sur ses marchés en 2010, probablement plus limité en 2009.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, plâtre. Il est ainsi le numéro un mondial dans le ciment (principale activité du groupe, avec près de la moitié du chiffre d'affaires total), numéro deux mondial dans les granulats et béton et enfin numéro trois mondial dans le plâtre. En décembre 2007, Lafarge a racheté l'égyptien Orascom Cement pour 8,8 milliards d'euros. Le groupe devient le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen.
Présente dans le capital du cimentier français depuis février 2006 à hauteur de 6,5%, la holding d'Albert Frère a franchi en avril 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge pour détenir 18,60% du capital et 20,88% des droits de vote de cette société. En février 2008, Albert Frère a déclaré viser "les 25% du capital dans un délai plus ou moins long".
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, et plâtre. Le groupe bénéficie également de sa présence géographique sur tous les continents, ce qui lui permet de lisser les à-coups conjoncturels.
- Compte tenu de ses fortes positions, Lafarge peut tenter de répercuter auprès de ses clients ses hausses de coûts.
- Le groupe peut se prévaloir d'une trésorerie solide lui permettant d'envisager des acquisitions de petite et moyenne taille.
- Albert Frère (GBL), un actionnaire réputé exigeant, a franchi en 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge.
- Le dossier Lafarge présente un aspect spéculatif en raison de l'émiettement du capital du groupe dans une optique de consolidation du secteur.
- Lafarge a changé de dimension en rachetant l'égyptien Orascom Cement. Il est devenu le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. En conséquence, le groupe a relevé ses objectifs de résultats pour 2010.
Les points faibles de la valeur
- La hausse du prix de l'énergie, ainsi que celle des prix du transport, pèsent sur la rentabilité du groupe.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Les groupes de matériaux sont dépendants de l'activité de la construction, fortement cyclique. A ce titre, leur activité est soumise à l'évolution du nombre des permis de construire et des mises en chantiers, qui sont eux-mêmes influencés par la conjoncture économique, le niveau des taux d'intérêts (coût du crédit) ou encore le climat.
- Il faut également porter une attention particulière à l'évolution du prix de l'énergie, qui compte pour 25 à 30% des coûts de production du ciment.
- L'appréciation de l'euro face au dollar est pénalisante même si les recettes en dollars sont adossées à des coûts en dollars.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les entreprises de matériaux de construction souffrent d'un ENVIRONNEMENT dégradé dans les pays développés mais aussi d'un ralentissement de la demande émanant des pays émergents. La plupart des acteurs émettent donc des avertissements sur leurs résultats. Lafarge, qui a subi un renchérissement du coût de ses matières premières, a indiqué qu'il ne pouvait confirmer ses objectifs pour 2010. Le groupe pourrait fermer des sites de production si la situation se détériore. Il a également annoncé un nouveau plan de réduction des coûts de 400 millions d'euros sur 2009-2011. Quant à Ciments Français, la hausse du coût de l'énergie a pesé sur ses performances au troisième trimestre. Sur la période, les volumes vendus sont en retrait dans les trois métiers que sont le ciment, les granulats, et le béton prêt à l'emploi. Ces facteurs ont pesé sur le résultat d'exploitation qui a chuté de 21,5%, à 200 millions d'euros, et sur le résultat net part du groupe qui a reculé de 12,6%, à 109 millions. Le cimentier a prévu un résultat opérationnel en retrait pour cette année par rapport à celui de 2007. Saint-Gobain a également annoncé que ses résultats seraient finalement inférieurs à ses objectifs fixés pendant l'été. L'environnement économique, qui s'est encore dégradé sur les dernières semaines, pèsera sur son volume d'activité au quatrième trimestre.