Safran plonge de 17,36% à 7,67 euros, lourdement sanctionné par les investisseurs après avoir présenté des perspectives prudentes. Le spécialiste de l'aéronautique, de la défense et de la sécurité a annoncé qu'il tablait sur un chiffre d'affaires 2009 "de l'ordre de celui de 2008" et sur un résultat d'exploitation de l'ordre de 5 à 6% du chiffre d'affaires. Safran a réalisé en 2008 un résultat net de 256 millions d'euros, contre 406 millions en 2007 en raison de la cession de son activité communication qui a pesé pour 233 millions.
Son résultat d'exploitation a perdu 17% sur un an à 652 millions d'euros, après un effet de change négatif de 646 millions d'euros. Le chiffre d'affaires 2008 a en revanche légèrement progressé à 10,329 milliards, conformément aux attentes. La dette nette s'est établie à 635 millions à fin 2008, contre 169 millions fin 2007.
Face à la crise, le groupe a voulu rester optimiste. "L'année 2009 est bien s-r une année de défis mais Safran saura faire face à ces défis et sortira plus fort de la période sans précédent que nous traversons", a déclaré Jean-Paul Herteman, le président du directoire.
Le dirigeant a également indiqué à l'agence Reuters que Safran aidait certains fournisseurs à surmonter la crise du crédit. "Nous en suivons une cinquantaine à l'heure actuelle. A ce stade, nous leur avons consacré un peu moins de 10 millions d'euros de facilité de crédit", a t-il précisé, avant d'assurer que son groupe n'éprouvait aucune difficulté de refinancement actuellement.
Enfin, Jean-Paul Herteman a affirmé que Safran était toujours intéressé par les activités de défense de SNPE, en rappelant que le Parlement devrait d'abord statuer sur une éventuelle privatisation de l'entreprise publique.
M-L.H.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Safran est issu de la fusion de Sagem (deuxième groupe français de télécommunications, troisième groupe européen en électronique de défense et de sécurité) et de Snecma (groupe industriel aéronautique et spatial de premier plan, spécialisé dans la propulsion, les équipements et les services associés).
Le groupe, qui emploie 57 000 personnes, est organisé en quatre branches d'activité : Propulsion aéronautique et spatiale, Equipements aéronautiques, Défense Sécurité, Communications. Il réalise 55% de son chiffre d'affaires en Europe, 26% en Amérique du Nord, 9% en Asie et 10% dans le reste du monde. L'actionnariat du groupe se répartissait, au 31 décembre 2007, entre le public (39,4%), l'Etat (30,4%), les salariés (20,7%), Areva (7,4%) et l'autocontrôle (1,7%).
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les forces de la valeur
- Safran dispose d'une solide base dans l'aéronautique et la défense au potentiel de développement substantiel. Safran est ainsi le troisième acteur de l'industrie européenne de l'aéronautique/défense (derrière EADS et BAE). Par ailleurs, la biométrie devrait connaître un flux de nouvelles favorables avec une accélération des appels d'offres européens et internationaux.
- Le groupe présente une solidité financière qui repose sur un endettement limité et des cash flows récurrents élevés.
- Avec la cession de la téléphonie mobile, Safran a confirmé le recentrage sur son coeur de métier, à savoir les activités de la propulsion, l'aéronautique, la défense et la sécurité.
Les faiblesses de la valeur
- L'idée de fusionner Sagem et Snecma pour créer Safran a fortement surpris le marché d'autant plus que Snecma avait précédemment refusé une offre de rapprochement avec Thales, invoquant l'absence de logique industrielle de l'opération. La création de Safran résout un certain nombre de problèmes, mais la transaction apparaît, aux yeux de la plupart des analystes, dénuée de toute logique industrielle sachant que le recoupement entre les activités de Sagem et Snecma est très limité.
- L'effet de change reste un risque important pour le groupe, qui détient une exposition nette au dollar de l'ordre de 35% de son chiffre d'affaires.
-Les analystes anticipent un net ralentissement du trafic aérien mondial en 2009.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Safran est sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et militaire. Il est aussi sensible à l'évolution de la concurrence, et donc des prix, dans le secteur des télécommunications.
-La spéculation quant à un rapprochement avec Thalès refait régulièrement surface.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les acteurs doivent faire face à des annulations de commandes de la part de compagnies aériennes, qui pâtissent du cours élevé du pétrole. Ainsi la compagnie Azerbaijan Airlines a annulé un B787 sur les trois commandés auprès de Boeing. Quant à Airbus, il pourrait perdre un certain nombre de commandes passées par United Airlines. Sous la pression des compagnies aériennes qui veulent des avions consommant moins de carburant, les constructeurs vendent davantage de modèles plus petits mais aussi moins coûteux. Cette tendance explique la chute de 19% du profit de Boeing au cours du second trimestre. Le groupe américain pâtit également de la grève de ses mécaniciens, qui pourrait engendrer un retard supplémentaire dans la livraison du long-courrier, le 787 Dreamliner. L'appel d'offres du marché des avions ravitailleurs américains qu'EADS avait initialement remporté, et dont la première tranche s'élève entre 35 et 40 milliards de dollars, a finalement été reporté sous la pression de Boeing. Le groupe français a renforcé son plan d'économies. Power8+ devrait générer des économies et des gains de productivité de 1 milliard d'euros par an à partir de 2011. Il succédera au plan Power 8, mis en place début 2007. L'enjeu est, cette fois, le développement des implantations hors d'Europe pour contrer la faiblesse du dollar face à l'euro. Ce plan inclut des mesures structurelles pour externaliser une partie de la production dans des pays à zone dollar ou à faible coût de main-d'oeuvre.
Equipementiers télécoms
Gartner estime que les ventes de mobiles (en volumes) ont augmenté de seulement 5% au troisième trimestre, ce qui est une bien piètre performance pour un marché qui a triplé en volume depuis le début de la décennie. C'est pourquoi la société d'études a revu à la baisse ses prévisions pour l'année 2008. Le marché ne devrait progresser en valeur que de 4% cette année, deux fois moins vite que ce qui était prévu, pour atteindre environ 190 milliards de dollars. Les perspectives 2009 sont beaucoup plus sombres puisque le marché devrait légèrement décroître (entre 1% et 5%) en volumes, pour la première fois depuis 2001. Certains analystes, plus pessimistes, anticipent même un effondrement des ventes de 9%.