Le groupe chimique américain Dow Chemical a annoncé jeudi qu'il allait réduire de 64% son dividende, qu'il s'enorgueillissait de n'avoir jamais abaissé depuis 1912.
La rémunération trimestrielle des actionnaires a été ramenée à 15 cents, contre 42 cents versés le 30 janvier, selon un communiqué publié par le groupe.
Dow va ainsi économiser près d'un milliard de dollars en base annuelle.
Pour justifier cette décision, le conseil d'administration de Dow Chemical a avancé "un ensemble de facteurs", dont "les incertitudes sur les marchés financiers, une baisse inédite de la demande pour les produits chimiques, la récession mondiale en cours et des dossiers commerciaux en cours".
Ce dernier point semble faire allusion à l'acquisition avortée du chimiste de spécialité Rohm and Haas, auquel le groupe a dû renoncer le mois dernier en raison de problèmes de financement. Dow Chemical reste toutefois intéressé par cet achat qui lui permettrait de se redéployer vers des produits à fortes marges, moins sensibles aux aléas de la conjoncture.
Début décembre, le PDG du groupe Andrew Liveris avait encore rejeté devant les investisseurs la possibilité d'une réduction du dividende. "Nous ne romprons pas ce fil conducteur, pas sous ma gouverne", avait-il assuré.
Mais interrogé le mois dernier par le Financial Times, M. Liveris ne l'excluait plus: "Tout est sur la table, y compris un examen du dividende", avait-il dit, prévenant qu'il consulterait son conseil d'administration pour lui demander s'il considérait "sacrée" la rémunération des actionnaires.
Entre-temps, Dow Chemical avait vu annuler un projet de co-entreprise au Koweit, qui aurait dû lui apporter 7,5 milliards de dollars, indispensables pour financer l'acquisition de 18,8 milliards de dollars de Rohm and Haas.
Dow Chemical a depuis lors renoncé à l'opération, au moins temporairement, au nom de la viabilité de l'entité fusionnée. Cela lui a valu d'être traduit en justice par Rohm and Haas, qui a lui aussi estimé que son ex-promis pourrait couper dans ses dividendes pour honorer ses engagements.
Un analyste de Barclays a jugé "modestement positive" la décision d'abaisser le dividende. "Si Dow voulait vraiment faire des économies, on aurait pu s'attendre à ce qu'il réduise le dividende encore plus, plutôt que de continuer à payer plus de 550 millions de dollars par an", relevait Harry Mateer.
M. Mateer soulignait en outre que l'action de Rohm and Haas était remontée à cette annonce (+3,41% à 59,75 dollars à la clôture), traduisant l'impression du marché que cette mesure pourrait faciliter la fusion des deux chimistes.
L'action Dow Chemical est restée stable à 10,04 dollars durant la séance.