La banque britannique Barclays a confirmé lundi qu'elle était restée bénéficiaire en 2008, avec un bénéfice net presque identique à celui de 2007, malgré plus de 9 milliards d'euros de dommages essuyés sur le marché du crédit.
Dans un communiqué, la banque a précisé avoir dégagé un bénéfice net annuel en baisse de 1% à 4,382 milliards de livres (5 milliards d'euros), pour un bénéfice imposable en repli de 14% à 6,077 milliards, en dépit d'un montant brut de 8,053 milliards de livres (9,2 milliards d'euros) de pertes et dépréciations sur le marché du crédit.
Les bénéfices ont reçu un gros coup de pouce au niveau des éléments exceptionnels, dont un gain d'acquisition de 2,26 milliards de livres lié au rachat à l'automne dernier des activités nord-américaines de Lehman Brothers, reprises pour une bouchée de pain après la faillite de la banque d'affaires.
Le groupe a également réaffirmé avoir bénéficié d'un "haut niveau" d'activité depuis le début de l'année, et s'est félicité en particulier des performances de sa banque d'investissement Barclays Capital.
Celle-ci a été dopée par l'intégration de Lehman Brothers, ancien fleuron de Wall Street, qui lui permet désormais de figurer parmi les principaux établissements de la finance mondiale.
Pour 2009, le groupe a dit tabler sur des pertes moins importantes sur le marché du crédit, mais s'attend toutefois à une hausse des non-remboursement de prêts immobiliers sur plusieurs marchés comme le Royaume-Uni et l'Espagne.
Barclays a par ailleurs confirmé qu'il prévoyait de reprendre le versement de dividendes à ses actionnaires au second semestre 2009. Il annoncera sa politique en la matière lors de son assemblée générale annuelle, en avril.
Ces résultats, dont la publication avait été avancée d'une semaine, sont conformes aux indications émises par le groupe le mois dernier.
En effet, la banque à l'aigle, qui voyait son cours de Bourse chuter, avait fait savoir fin janvier dans une "lettre ouverte" aux investisseurs qu'elle dégagerait un bénéfice imposable annuel nettement supérieur aux 5,3 milliards de livres attendus alors par les analystes, malgré des pertes évaluées à 8 milliards sur le marché du crédit.
Cette mise au point avait eu l'effet escompté, l'action du groupe s'étant envolée de 73% ce jour-là.
Barclays a aussi répété qu'elle était correctement capitalisée, et n'envisageait pas de lever des fonds, que ce soit auprès du gouvernement ou du secteur privé.
De quoi rassurer ses actionnaires, alors que la banque à l'aigle a procédé récemment à une énorme levée de fonds (7,05 milliards de livres) controversée auprès d'investisseurs du Golfe, et qu'il semble peu probable qu'elle réussisse encore en cas de besoin à puiser des milliards à la même source.
Barclays a par ailleurs fait état lundi d'une baisse de 48% des paiements de primes l'an dernier, en pleine controverse sur le sujet au Royaume-Uni, où les banques qui ont été secourues par l'Etat sont accusées de continuer à encourager les prises de risques excessives de leurs courtiers en leur versant de juteux "bonus". Dimanche, le ministre des Finances a tapé du poing sur la table et annoncé l'ouverture d'une enquête à ce sujet.
Contrairement à ses rivales RBS et Lloyds Banking Group, Barclays n'a pas eu recours à l'Etat pour se recapitaliser, mais elle figure néanmoins parmi les bénéficaires des autres mesures des plans d'aide gouvernementaux.
Ces annonces ont été bien accueillies à la Bourse de Londres, où Barclays gagnait 8,02% à 113,20 pence vers 09H45 GMT, dans un marché en baisse de 0,56%.