L'action Philips progresse de 5,99% à 13,36 euros même si le groupe d'électronique diversifié a essuyé en fin d'année dernière sa première perte trimestrielle depuis 2003. Philips, qui a profondément remanié son portefeuille d'activités ces dernières années pour se concentrer sur des secteurs moins cycliques et plus rentables en cédant notamment ses activités dans les semi-conducteurs et en se renforçant dans les équipements médicaux, est victime de l'intensification de la crise économique. Celle-ci l'avait déjà poussé à abandonner ses objectifs 2010 début décembre.
Au quatrième trimestre, Philips a essuyé une perte nette de 1,5 milliard d'euros qui comprend 1,3 milliard de dépréciations de participations et de survaleurs. Les analystes interrogés par Reuters visaient en moyenne une perte de 1,2 milliard d'euros. Son résultat opérationnel ajusté (EBITA) est ressorti à 141 millions d'euros en raison de 390 millions d'euros de charges de restructuration ou liées à des acquisitions. Le consensus s'établissait à 230 millions d'euros. Le chiffre d'affaires a reculé de 9% à 7,623 milliards d'euros. Il se replie de 12% sur une base comparable.
Un analyste parisien explique que l'essentiel de la déception provient de l'activité télévision du groupe, dont la perte s'élève à 133 millions d'euros, et de l'Eclairage. En revanche, la division Santé a réalisé une belle performance. Les brokers apprécient aussi le niveau de cash-flow généré sur la période.
« L'évolution de NOS résultats au quatrième trimestre reflète la vitesse et la férocité sans précédent du ralentissement économique. Ce qui nous empêche de nous projeter trop loin dans le futur, » a déclaré Gerard Kleisterlee, P-DG de Philips. Le groupe s'attend à une année 2009 « très difficile ».
Dans ce contexte, Philips a donné la priorité à la génération de cash-flow et à l'accélération de la mise en oeuvre de ses programmes de restructuration. Il prévoit d'économiser 400 millions d'euros par an à partir du second semestre 2009. Au quatrième trimestre, le groupe a déjà supprimé 6000 postes.
Philips a également annoncé le maintien de son dividende de 0,7 euro par action, mais a décidé de suspendre son programme de rachats d'actions jusqu'à nouvel ordre.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
cash flow : Mot anglais pour désigner un flux de trésorerie, il désigne les entrées ou sorties de liquidités. La notion de flux de trésorerie est essentielle en finance puisqu'elle permet d'évaluer tout investissement en fonction des liquidités qu'il va engendrer. Dans une entreprise, il existe trois circuits différents de circulation de la trésorerie : l'exploitation, l'investissement et le financement, qui sont repris dans le tableau de flux de trésorerie.
EBITA : Résultat avant frais financier et impôts.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
=/Semi-conducteurs/=
La société d'études iSuppli estime que six des dix premiers fabricants mondiaux de semi-conducteurs (Samsung, Texas Instruments, Toshiba, Renesas, Sony et Hynix) devraient afficher une baisse de leur activité comprise entre 6% et 30% en 2008 par rapport à 2007. Selon la société d'études américaine Gartner, le marché mondial des semi-conducteurs devrait chuter de 4,4% à 261,9 milliards de dollars en 2008, souffrant ainsi de son premier recul depuis 2001. Gartner a, encore une fois, revu ses prévisions à la baisse après avoir auparavant tablé sur une croissance de 0,2%, et même sur un développement de 6% début 2008. Sur le seul quatrième trimestre 2008, les ventes mondiales de semi-conducteurs devraient plonger de plus de 24%. Pour 2009, Gartner a également révisé ses prévisions à la baisse avec un repli attendu de 16,3% du marché mondial. Les années suivantes seront, par contre, caractérisées par un rebond du marché mondial avec une activité en progression de 14,6% en 2010 et de 9,4% en 2011.
Electronique
D'après l'institut d'études GFK, les ventes en valeur du marché français de l'électronique grand public ont reculé de 1% au premier semestre. Ce chiffre représente une rupture par rapport aux taux de croissance élevés des années précédentes : 6% en 2005, 18% en 2006 (grâce au boom des écrans plats) et 8% en 2007. La mauvaise performance du début d'année est liée à la baisse des prix de vente mais aussi à une conjoncture économique difficile. Tous les produits ne sont pas logés à la même enseigne : les ventes de lecteurs de DVD sont les plus touchées avec une chute de 20% tant en volume qu'en valeur. Même si les GPS bénéficient d'une croissance en volume de 20%, ils pâtissent d'une chute des prix et affichent un retrait de 8,7% de leurs ventes. Quant aux baladeurs MP3, ils souffrent de la concurrence des téléphones mobiles, qui remplissent de plus en plus souvent la fonction de lecteur de musique portable. Par contre, les fabricants de téléviseurs s'en sortent très bien et enregistrent une croissance de 7% des ventes en valeur sur le semestre. Le téléviseur LCD a représenté 90% des ventes d'écrans et plus de la moitié du marché total en valeur, contre 40% en 2007. Les ventes de modèles plasma ne représentent plus que 8% du marché, contre 11% l'an dernier.