La Roche tarpéienne est proche du Capitole. Oubliés les résultats records des géants miniers et les projets de fusions à plus de 40 milliards de dollars. Aujourd'hui, l'heure est à la contrition. Confrontés à une baisse aussi soudaine que violente de la demande, les mastodontes du secteur réduisent de façon drastiques productions et effectifs. Après Rio Tinto qui a annoncé en décembre la suppression de 14 000 emplois à travers le monde en 2009, c'est au tour de son rival BHP Billiton d'annoncer la suppression de 6000 emplois en Australie, au Chili et aux Etats-Unis, soit 6% des effectifs.
Le directeur financier de BHP, Alex Vanselow, a justifié cette mesure par la dégradation de l'ENVIRONNEMENT économique. "Ce sont des décisions très sérieuses et on ne les prend pas à la légère mais, en définitive, celles-ci sont nécessaires et ce sont les bonnes décisions"', a-t-il déclaré.
Le ministre australien des Finances Wayne Swan a qualifié ces suppressions d'emplois de "tragédie" pour le pays, qui a longtemps été porté par la demande chinoise de matières premières, a rapporté l'AFP.
Le groupe, qui a renoncé le mois dernier à son offre sur son dauphin Rio Rinto, a décidé de suspendre indéfiniment la production de nickel de son site de Ravensthorpe (ouest de l'Australie), au vu de la chute des cours. Il réduira aussi sa production de charbon en Australie de 10 à 15%.
Hier, Rio Tinto avait annoncé une nouvelle réduction de 6% de la production de sa filiale aluminium. Alcan aura donc réduit de 11% sa capacité de production totale annuelle. 1 500 postes devraient être supprimés Europe, dont 680 en France, dans le cadre de son vaste plan de réduction de ses effectifs. Ces suppressions devraient concerner les salariés de Pechniney, ancien fleuron de l'industrie française cédé au canadien Alcan en 2003.
A Londres, le marché ne s'émeut pas du changement de paradigme du secteur minier. Dans un marché baissier (-1,02% pour l'indice Footsie), BHP Billiton recule de 1,13% à 1 114 pence et Rio Tinto 1,15% à 1 458 pence.