
La première banque allemande, Deutsche Bank, a jeté un grand froid sur les marchés en annonçant mercredi une perte nette de près de 4 milliards d'euros en 2008, en raison d'une fin d'année catastrophique.
Deutsche Bank, qui a aussi annoncé séparément un nouvel accord avec Deustche Post pour le rachat de Postbank, a accusé une perte nette de 3,9 milliards d'euros pour l'année 2008, selon des chiffres provisoires.
Au seul quatrième trimestre, la perte nette atteint 4,8 milliards d'euros, bien au-delà des prévisions des analystes qui tablaient plutôt sur une perte de 1,5 milliard.
Au troisième trimestre, la banque avait réussi à arracher un bénéfice net de 414 millions d'euros, notamment grâce à l'usage d'une nouvelle règle comptable européenne lui permettant de ne pas déclarer certains actifs à leur valeur de marché.
Deutsche Bank est tombée dans le rouge au quatrième trimestre malgré l'usage renouvelé de cette règle, selon une source financière interrogée par l'AFP. "Nous sommes très déçus par le résultat de la banque au quatrième trimestre, qui a causé une perte nette pour l'année", a admis Josef Ackermann, le très médiatique patron de Deutsche Bank. "Un contexte de marché extrêmement difficile a révélé quelques faiblesses dans la banque", a-t-il ajouté.
Deutsche Bank a notamment souffert dans ses activités de marché des produits de crédit, des produits dérivés et du marché d'actions au quatrième trimestre.
La Bourse de Francfort a peu apprécié: à 13H14 GMT, Deutsche Bank s'enfonçait de plus de 9% à 21,89 euros, sur un indice Dax en baisse de 2,26%.
Il s'agit d'"une réaction du marché inadaptée car trop négative et focalisée sur la perte du quatrième trimestre", selon Dirk Becker, analyste chez Kepler Equities interrogé par l'AFP.
"C'est désormais du passé", a-t-il ajouté, faisant valoir que "Deutsche Bank n'a pas demandé l'aide de l'Etat pour des garanties ou une augmentation de capital, à l'inverse de Commerzbank", sa grande rivale partiellement nationalisée depuis jeudi.
Deutsche Bank a fait le grand ménage dans ses comptes. Elle a réduit son exposition aux crédits à risques de 11,9 milliards d'euros à la fin du troisième trimestre à 1 milliard d'euro à la fin de l'année. Celle des crédits immobiliers à risques est passée de 8,4 milliards d'euros à 3 milliards d'euros.
"Les perspectives de Deutsche Bank sont inquiétantes", estime au contraire Heino Ruland, de Ruland Research, interrogé par l'agence financière Dow Jones Newswires. La fin de ses ennuis n'est pas en vue, selon lui, comme le communiqué annonce que "de nouvelles mesures suivront en 2009".
Deutsche Bank a aussi modifié mercredi les termes de sa prise de participation dans Postbank: elle a désormais la possibilité de reprendre toutes les parts de la maison mère, Deutsche Post, en trois ans, soit 62,3%, dans le cadre d'une transaction complexe en trois étapes.
Au terme des deux premières, elle détiendra 50,3% de Postbank.
Deutsche Bank a versé 3,1 milliards d'euros en liquide à Deutsche Post le 2 janvier, selon un communiqué commun des deux sociétés.
Au total, le contrôle de Postbank, première banque de détail du pays, coûtera 4,9 milliards d'euros à Deutsche Bank. Dans les termes du contrat initial conclu début septembre, elle aurait dû débourser près de 3 milliards d'euros pour moins de 30% de Postbank.