Le numéro deux allemand de l'énergie RWE va s'emparer du néerlandais Essent pour 9,3 milliards d'euros, réalisant enfin le gros coup que le marché attendait et qui devrait le mettre à l'abri de toute OPA indésirable.
RWE et Essent se sont mis d'accord sur les conditions d'une offre de rachat du groupe néerlandais, à l'exception du réseau de distribution et des activités d'évacuation des déchets, indique RWE dans l'entreprise de Essen (ouest) dans un communiqué.
Son lancement formel reste soumis à l'aval du comité d'entreprise de Essent, qui devrait intervenir dans les semaines à venir.
Il s'agit de la fusion la plus lourde de ce début d'année, plutôt marqué par une extrême frilosité du côté des entreprises, qui peinent pour cause de crise financière à obtenir des crédits pour de grandes acquisitions.
Un problème qui a épargné RWE, puisqu'il a obtenu un nouveau crédit de 9 milliards pour le financement de l'opération, précise-t-il.
Il est vrai que le groupe allemand a de quoi inspirer confiance. Il affiche depuis plusieurs exercices des résultats étincelants, grâce à l'envolée des prix de l'énergie. Il a réduit sa dette à la portion congrue et accumulé de confortables réserves financières.
RWE aurait bien aimé dépenser un peu de sa cagnotte, par exemple pour racheter British Energy, finalement remporté par le français EDF, ou la société russe TGK-2. Mais cette dernière transaction avait échoué face aux prétentions financières russes.
Dans ce contexte, le rachat d'Essent est une grande victoire stratégique mais aussi personnelle pour le patron de RWE, Jürgen Grossmann. Essent est un "partenaire parfait pour notre entreprise", s'est-t-il réjoui.
Le président du conseil d'administration d'Essent Michiel Boersma a pour sa part salué en RWE "un partenaire étranger solide et très respecté".
Selon la presse, M. Grossmann se serait notamment imposé pour le rachat d'Essent face au suédois Vattenfall ou encore à un consortium formé par l'italien Eni et le danois Dong Energy.
En poste depuis octobre 2007, la mission première de M. Grossmann était de réveiller le groupe basé à Essen, dans le bassin industriel de la Ruhr (ouest), qui se tenait depuis plusieurs années en retrait de la grande course européenne à la consolidation dans le domaine de l'énergie. Au contraire de son grand concurrent en Allemagne, EON, qui a accumulé les lourds investissements ces dernières années.
Le marché commençait à s'impatienter face au calme plat du côté de RWE, au point que le groupe allemand faisait figure depuis quelques mois de cible potentielle pour une tentative d'OPA hostile, malgré son chiffre d'affaires conséquent, de 42,5 milliards d'euros fin 2007.
En particulier, de nombreuses rumeurs avaient couru sur l'intérêt supposé du français EDF.
Le rachat d'Essent, à la recherche d'un partenaire depuis juin dernier faute d'avoir pu comme il le souhaitait fusionner avec son concurrent Nuon, présente pour RWE d'autres avantages qu'une garantie contre un raid hostile.
Il permet au groupe allemand, jusqu'ici surtout concentré sur la Grande-Bretagne et l'Allemagne, de se diversifier sur le plan géographique.
En rachetant le groupe néerlandais, RWE va aussi mettre de la variété dans ses méthodes de production et améliorer son bilan d'émissions de CO2, au moment même où le ton ne cesse de se durcir en Europe contre les entreprises polluantes.
Alors que le géant allemand s'est jusqu'ici surtout concentré sur l'énergie nucléaire ou les centrales au charbon, Essent a mis l'accent sur les énergies renouvelables, avec des parcs d'éoliennes, des installations de biomasse, ou encore des centrales hydrauliques et solaires.