Le titre Natixis recule de 8,03% à 1,33 euro dans la matinée, enregistrant la plus lourde baisse des valeurs du SRD dans un marché parisien relativement stable. Les investisseurs réagissent violemment à une information de presse selon laquelle la filiale des Caisses d'épargne et des Banques populaires devrait perdre entre 1,5 et 2 milliards d'euros en 2008. Dans l'édition du jour, le quotidien Les Echos révèle ce chiffre, et évoque des pertes situées entre 500 et un milliard d'euros au quatrième trimestre.
Et les investisseurs ne seraient pas au bout de leurs peines : «ces nouvelles pertes pourraient rendre nécessaire une nouvelle injection en capital avant la présentation des résultats fin février», écrit le quotidien économique, qui cite plusieurs sources.
Selon Les Echos, le versement de la nouvelle tranche de 10,5 milliards d'euros par l'Etat aux banques, au cours du premier trimestre, pourrait être l'occasion de renflouer les caisses de Natixis. Cette dernière a déjà été recapitalisée deux fois au second semestre 2008 pour un total de 5,7 milliards d'euros.
Comme les autres banques, Natixis aurait souffert des conditions de marché difficiles en fin d'année et aurait accusé des pertes dans le dossier Madoff.
Interrogée par l'Agence Option Finance, une porte-parole de Natixis a déclaré qu'une augmentation de capital n'était «pas d'actualité aujourd'hui». La banque d'affaires a toutefois dit s'intéresser, «comme toutes les autres banques», à la possibilité de bénéficier au versement de la deuxième tranche du prêt proposé par l'Etat.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Le paysage bancaire mondial est en pleine reconfiguration. Les banques qui résistent le mieux à la crise, sont à l'aff-t d'opportunités pour consolider leur position. En Angleterre, très affectée par la crise financière, la banque HBOS, numéro un du crédit immobilier, a été reprise par Lloyds TSB, cinquième banque du pays pour 12,2 milliards de livres (environ 15,5 milliards d'euros). Cette opération devrait créer un géant national du crédit immobilier et de l'épargne, détenant près de 28% du marché britannique des prêts immobiliers. En Allemagne également le marché bancaire se consolide. Deutsche Bank a annoncé son entrée au capital de Postbank à hauteur de 29,75%. Auparavant, Commerzbank avait racheté Dresdner Bank. La deuxième banque privée du pays double ainsi de taille. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Merrill Lynch a été reprise par la première banque américaine, Bank of America. Quant à JPMorgan Chase, elle devient la deuxième banque commerciale américaine grâce à l'acquisition de Washington Mutual.