+28,13% vendredi, -6,05% lundi. Aujourd'hui, +11,54% à 185,30 euros. Le cours d'Eramet fluctue depuis le début de l'année au gré de celui du nickel, ce métal non ferreux dont la production représentait environ 16% de l'activité du groupe minier français au troisième trimestre. Entre son plancher de 2008, établi en décembre de 9000 dollars la tonne et ce matin, le nickel a repris plus de 4200 dollars la tonne, soit un rebond de 47%. Pour les spécialistes, cette évolution reste fragile. Comme l'ensemble des matières premières, le nickel n'a pas fini de subir les conséquences de la crise.
Au sommet de sa gloire, le nickel évoluait au-dessus des 50 000 dollars la tonne. C'était au printemps 2007. Depuis, la crise économique et financière s'est abattue sur l'économie mondiale, provoquant la chute du cours du métal non ferreux sous les 10 000 dollars la tonne.
Aujourd'hui, le vif rebond du nickel suscite des interrogations. Selon Edward Meir, responsable du desk métaux new-yorkais de MF Global cité ce matin par "Les Echos", le cours de ce métal de base pourrait poursuivre son ascension jusqu'à 14 000 dollars. Cette opinion est partagée par les analystes de Sucden Financial, l'un des grands acteurs du marché londonien des métaux.
Les analystes évoquent le rééquilibrage des composants des deux principaux indices généralistes des matières premières, le DJ-AIG et le S&P GSCI. Selon le quotidien économique, le réajustement du DJ-AIG se fera entre le 9 et le 15 janvier avec les métaux industriels. Au bout du processus, ces métaux représenteront 20,3% du poids total de l'indice, contre 14,6% jusqu'à présent. De quoi soutenir le rebond du nickel.
D'autant que selon UBS, le nickel devrait être le principal bénéficiaire de cette actualisation. Son poids devrait augmenter de près de moitié. Cependant, l'analyste de la banque suisse, cité par "Les Echos", ne croit pas à un rebond durable des prix des non-ferreux mettant en avant la poursuite attendue de la baisse de la production industrielle mondiale jusqu'à un plus bas vers la mi-2009.
En outre, les fondamentaux du nickel ne prêtent pas à l'optimisme. Les stocks du LME sont au plus haut depuis l'été 1995. Selon Gilles Frécaut, économiste au Crédit Agricole, la très forte hausse des stocks de nickel (+18%) au second semestre est importante car révélatrice d'une politique de déstockage '"forcené" de l'ensemble des acteurs de la filière, se traduisant par un arrêt presque total des achats. Faute d'acheteurs "physiques", souligne l'économiste, les producteurs sont contraints de livrer leur produits dans les entrepôts du LME en échange de cash.
Pour Gilles Frécaut, la multiplication des signaux négatifs en provenance de l'économie chinoise semblent avoir balayé les derniers espoirs d'une crise courte. "Le sentiment général aujourd'hui est que l'on s'oriente vers une crise longue de 12 à 18 mois qui ne se résorbera qu'à travers la fermeture des mines et sites industriels les moins compétitifs".
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Exploitant des mines de nickel depuis plus d'un siècle en Nouvelle-Calédonie, Eramet est un groupe minier et métallurgique intégré, qui produit des métaux non ferreux et leurs dérivés chimiques, des aciers spéciaux à hautes performances, alliages de nickel et superalliages, et des pièces à hautes caractéristiques pour l'industrie. Ses produits : métaux de haute pureté, ferroalliages, pièces forgées et matricées, billettes et barres, tôles, fils, dérivés chimiques... sont utilisés dans l'industrie aéronautique et spatiale, la sidérurgie, les aciers inoxydables, la production d'énergie, l'outillage, la chimie, les transports, le médical...
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel.
- Grâce à la forte hausse du prix des matières premières, Eramet a engrangé d'importantes liquidités.
- Le groupe dispose d'une marge de manoeuvre financière pour procéder à d'éventuelles acquisitions.
Les points faibles de la valeur
- En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire.
- Les trois activités de groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- A suivre particulièrement l'évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l'acier inoxydable, et du manganèse.
- On s'intéressera également à la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel.
- La structure du capital et le pacte d'actionnaires entre la famille Duval (37,2 %) et Areva (26,2 %), encourage les rumeurs spéculatives sur le marché. Areva ne cache pas son intérêt pour le dernier groupe minier français. La famille Duval, quant à elle, veut lui céder sa part pour racheter Aubert & Duval, l'entreprise familiale qu'elle avait apporté à Eramet en 1999.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
La Chine consomme toujours plus de métaux. Ce pays consomme déjà un tiers de la production mondiale d'aluminium, d'étain, de zinc, de plomb et un quart de la production de cuivre ou de nickel. Selon les analystes, en extrapolant les tendances actuelles (en termes de consommation, et d'équipement), la Chine devrait consommer 60% des métaux dans le monde dans dix ans. C'est pourquoi plusieurs mesures ont été prises pour sécuriser ses approvisionnements. Face à l'envolée des cours des matières premières, la Chine a décidé de constituer des stocks stratégiques de minerais et métaux. Les autorités ont également interdit l'exploitation de certains gisements d'or, de cuivre et de charbon du sous-sol national, et ont fixé des quotas d'exportation de certains minerais rares. Les entreprises nationales sont incitées à investir dans les gisements à l'étranger. Le fonds souverain CIC, doté de 200 milliards de dollars, a été créé pour mener des prises de participation dans des entreprises occidentales.