Havas gagne 3,58% à 1,564 euros alors que le dossier Aegis fait de nouveau parler de lui en ce début d'année 2009. Il y a un mois, les spéculations sur un rapprochement entre le français et le spécialiste britannique de l'achat d'espaces avaient brusquement refait surface en raison du départ surprise du directeur général de ce dernier, Robert Lerwill. Aujourd'hui, le président d'Aegis évalue ses options stratégiques, ce qui pourrait comprendre le renforcement des liens avec Vincent Bolloré, principal actionnaire des deux groupes. C'est du moins ce qu'affirme le «Sunday Times».
L'intérêt de Vincent Bolloré pour Aegis date de l'été 2005 quand celle-ci était convoitée par Publicis et WPP. L'investisseurs breton était progressivement monté au capital jusqu'à en détenir près de 30%. Il n'avait pourtant jamais pu obtenir des représentants au conseil d'administration malgré de nombreuses tentatives.
«Nous pensons qu'il y a du sens à faire quelque chose avec Aegis», avait déclaré en novembre Hervé Philippe, directeur financier d'Havas, selon "Les Echos". Celui-ci avait cependant avoué qu'un tel rapprochement aurait été plus stratégique, il y a deux ans.
Dans une note publiée dans la foulée du départ de Robert Lerwill, Credit Suisse rappelait les raisons selon lesquelles, d'après le management d'Havas, une fusion avec Aegis créerait de la valeur. L'analyste citait une culture proche et une implantation géographique complémentaire ; le britannique disposant d'une présence importante au Royaume-Uni et en Allemagne où Havas n'est guère présent. Le broker évoquait également un déficit au niveau créatif pour Aegis, un élément important car les clients demandent de plus en plus une offre intégrée.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Havas est l'un des leaders mondiaux du conseil en communication. Basé à Paris, Havas dispose de deux réseaux principaux : Euro RSCG Worldwide (62% des revenus), réseau de communication intégrée dans l'ensemble des disciplines, et Havas Media (25% des revenus), réseau d'expertise médias. Par ailleurs, Havas possède plusieurs agences créatrices indépendantes telles que Arnold, McKinney…
Le groupe offre une gamme complète de services de conseil en communication, comprenant : la publicité traditionnelle, le marketing direct, le média planning et l'achat médias, la communication d'entreprise, la promotion des ventes, la conception, les ressources humaines, le marketing sportif, la communication interactive multimédia et les relations publiques. Le revenu du groupe se répartit entre l'Europe qui totalise 57% du revenu, l'Amérique du Nord, 33%, et le reste du monde, 10%.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Havas est un des leaders mondiaux dans les services marketing.
- Le groupe bénéficie de positions importantes en Europe.
- Le titre revêt un aspect spéculatif. Vincent Bolloré détient plus de 30% du capital d'Havas. En outre, il contrôle près de 30% des droits de vote du groupe britannique Aegis, le premier réseau européen d'achats d'espaces, alors qu'Havas est considéré comme sous dimensionné dans ce domaine.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe ne dispose que d'un seul réseau de taille mondiale (EuroRSCG) quand ses concurrents en ont trois, voire quatre.
- Le portefeuille d'Havas manque de grands clients internationaux, ce qui rend le groupe plus dépendant des marchés locaux, les premiers touchés en cas de crise.
- Les performances d'Havas restent inférieures à celles de ses concurrents en termes de rentabilité opérationnelle. En outre, la visibilité sur le redressement de ses marges reste faible.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le groupe est dépendant de l'évolution du marché mondial de la publicité, qui est étroitement liée à la conjoncture économique.
- A noter que le poste Revenu est plus significatif que le poste chiffre d'affaires dans le secteur de la publicité. Il faut également surveiller le "new business net" qui correspond au budget publicitaire annuel estimé des gains de budgets (ce qui inclut à la fois les nouveaux clients, les clients conservés après remise en compétition du budget, et les nouveaux produits ou marques gagnés auprès des clients actuels) moins le budget publicitaire annuel estimé des pertes de budgets.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Publicité
Selon les spécialistes, sur un marché publicitaire français de 12,5 milliards d'euros au premier semestre (en croissance de 6,6%), Internet a représenté 14,7% des investissements des annonceurs, contre 10,8% au premier semestre 2007. Ce media devance, pour la première fois, la radio et ses 13,3% de parts de marché et se place désormais à la troisième place du marché derrière la presse et la télévision. Cette tendance s'explique par des investissements publicitaires sur Internet qui ont bondi de 38% par rapport à la même période de 2007, à 1,8 milliard d'euros. Une croissance remarquable comparée aux hausses limitées enregistrées par les autres medias : la presse, la télévision et la radio ont vu leurs ressources publicitaires péniblement progresser de respectivement 4,3%, 1,8% et 0,8%. Sur les six premiers mois de 2008, le marché publicitaire français s'est mieux comporté que dans la plupart des autres pays développés. En Allemagne, la croissance des investissements a été limitée à 3%. En Italie, elle a été encore plus réduite (à 1,3%). Les Etats-Unis ont même enregistré un recul de 1% de leurs dépenses publicitaires. Les grands groupes publicitaires ont affiché de bonnes performances sur le premier semestre 2008. Le leader mondial Omnicom a enregistré une croissance organique de 5,6% sur la période, tandis qu'elle s'élève à 4,3% pour son challenger WPP. Quant aux français Publicis et Havas, ils ont publié des taux de croissance organique respectifs de 5,4% et 8%. Néanmoins, compte tenu d'une conjoncture particulièrement difficile, ils sont tous prudents pour la seconde partie de l'année.