Plus forte baisse du SRD, Manitou chute de 11,05% à 7,65 euros, après avoir annoncé que ses comptes basculeraient dans le rouge au quatrième trimestre. Le fabricant de matériel de manutention se prépare à une «légère perte» sur cette période et table désormais sur un chiffre d'affaires 2008 en baisse de 1% par rapport à celui de 2007. Manitou déplore notamment une détérioration du carnet de commandes au cours des trois derniers mois. Il est en effet revenu à un niveau légèrement supérieur à deux mois alors qu'il atteignait 3,5 mois au 30 septembre.
«Dans un contexte de retournement du marché de la construction qui s'est rapidement propagé aux principaux pays d'Europe et dont les effets ont été décuplés par la brutalité de la crise de liquidité financière intervenue à compter de mi-septembre, le groupe Manitou a enregistré au cours de ces dernières semaines une chute plus rapide que prévue de ses activités», a expliqué le groupe.
Manitou a également indiqué qu'il s'attendait à une année 2009 "difficile", tant en Europe qu'en Amérique du Nord, marquée par une "forte contraction des ventes". Il évoque les mesures de déstockage et les coûts liés aux opérations financières consécutives à l'acquisition de GEHL, une société américaine rachetée fin octobre pour près de 364 millions de dollars.
Les analystes ont logiquement mal réagi à cette publication. Oddo Securities a ainsi réduit son objectif de cours de 11 à 8,5 euros avec une recommandation "alléger" inchangée. Selon lui, il s'agit d'un "coup de frein encore plus fort qu'escompté".
De son côté, CM-CIC Securities a réduit son objectif de cours de 7,20 à 6,20 euros, en maintenant sa recommandation vendre. Le broker anticipe pour 2009 et 2010 une marge opérationnelle de l'ordre de 5%. "En tout état de cause, avec une réduction du personnel de 14% opérée dans l'urgence (...), le
management ne peut guère faire plus qu'aujourd'hui", estime le bureau d'études.
M-L.H.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Manitou est le leader mondial du chariot élévateur tout terrain, inventé en 1957 par son fondateur Marcel Braud. Le groupe fabrique et commercialise du matériel de manutention destiné aux marchés de la construction (53% du chiffre d'affaires), de l'industrie (24%) et de l'agriculture (23%). L'internationalisation de Manitou a débuté dans les années 70. En 1972, le groupe a signé un accord de partenariat commercial avec Toyota.
En 2007, Manitou a ramené sa participation de 40 à 20% dans la société Toyota Industrial Equipment (TIE), créée en 1995 conjointement avec Toyota Industries Corporation pour la fabrication et l'assemblage des chariots industriels de la marque japonaise.
Implanté dans plus de 120 pays, Manitou compte 2 405 salariés, 23 filiales et 600 points de vente dans le monde. En 2007, le chiffre d'affaires s'est élevé à 1,26 milliard d'euros.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-Manitou propose aujourd'hui la gamme de produits la plus importante du marché.
-Le groupe consacre une large place à la R&D et propose des engins innovants.
-Manitou est présent sur les marchés émergents, très dynamiques, notamment via une acquisition en Chine en 2005.
-L'acquisition de l'américain Gehl devrait lui permettre de se positionner favorablement en Amérique du Nord, où il bénéficiera d'une taille critique pour fournir les réseaux de loueurs. Les deux groupes possèdent une complémentarité des gammes et des zones géographiques.
Les points faibles de la valeur
-Manitou est impacté par le ralentissement actuel des marchés de la construction et de l'industrie ainsi que par la récession en Europe de l'Ouest. Les clients finaux et les concessionnaires d'Europe de l'Est risquent également de rencontrer des problèmes de trésorerie et donc de solvabilité.
-Le rachat de Gehl a privé le groupe de ses réserves de cash. La dette devrait rendre le titre plus volatil.
-Le groupe doit faire face à des difficultés d'approvisionnement de certains composants entrant dans l'assemblage des chariots tout terrain.
-Les composants subissent une inflation importante.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Il est important de surveiller l'évolution des tarifs de la concurrence, sur lesquels Manitou sera plus ou moins forcé de s'aligner s'il veut conserver ses parts de marché. Cela pourrait se faire au détriment des marges et avoir une incidence négative sur le cours.
- La baisse de la livre favorise le britannique JCB, principal rival de Manitou.
-Le groupe s'est engagé dans un plan d'économies pour faire face aux nouvelles conditions de marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Dans le secteur des biens d'équipement, les entreprises très dépendantes de la construction et très présentes aux Etats-Unis et en Europe de l'Ouest sont fragilisées par la crise actuelle. Néanmoins certaines s'en sortent très bien. Ainsi Schneider Electric, leader français de l'équipement électrique, a enregistré une activité en hausse de près de 11% au premier semestre, à périmètre et taux de change constants, tandis que son bénéfice net a progressé de 17%. Le groupe a même légèrement revu en hausse ses prévisions pour l'année. Néanmoins le Gimélec, groupement des entreprises françaises d'équipement électrique, estime que la conjoncture économique deviendra préoccupante pour les industries de l'équipement électrique et des automatismes dans les prochains mois. Un ensemble de facteurs négatifs pénalisent leurs performances : l'augmentation continue des prix des matières premières se conjugue à la morosité économique, au recul du nombre de permis de construire en France et au resserrement du crédit. En France, le ralentissement des nouvelles constructions de bâtiments modère la croissance des ventes d'appareillage et d'équipements de distribution basse tension et altère la visibilité de la profession sur l'évolution future de l'activité. Toutefois, l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments et les projets d'entretien consécutifs compensent en partie cette tendance. A l'international, l'incertitude est également de mise face au ralentissement de l'économie mondiale.