La Commission européenne a adoubé lundi le géant français de l'électricité EDF comme acteur majeur du nucléaire en Grande-Bretagne en avalisant, sous conditions, l'achat de British Energy (BE), propriétaire de huit des dix centrales du royaume.
"La décision de la Commission Européenne d'approuver l'acquisition marque une étape majeure dans l'avancement du projet d'acquisition de British Energy qui doit être finalisé début janvier", a réagi EDF dans un communiqué.
Ce feu vert, une semaine après l'adoption par l'UE d'un grand plan d'action pour le climat n'est pas une prise de position en faveur du nucléaire. Il s'agit simplement d'une décision relevant de la politique de concurrence, a souligné la Commission.
"La Commission n'a pas de position sur le nucléaire et n'a pas à interférer dans le choix d'un Etat", ont indiqué ses dirigeants. Mais "le nucléaire n'est pas considéré comme une source d'énergie renouvelable", a précisé lundi à l'AFP le porte-parole du commissaire européen à l'Energie.
L'accord donné par Bruxelles impose aux deux nouveaux partenaires de céder les centrales électriques de Sutton Bridge (EDF) et de Eggborough (BE).
EDF et BE se sont aussi engagés à vendre sur le marché de gros britannique une quantité minimale d'électricité et à céder un site susceptible de convenir à la construction d'une nouvelle centrale nucléaire, soit celui de Dungeness, soit celui de Heysham. EDF doit par ailleurs mettre fin à l'un des trois accords de connexion du réseau de la nouvelle entité au réseau national.
Ces conditions visent à éviter que la nouvelle entité ne puisse "retirer plus aisément des volumes d'électricité du marché afin de relever les prix" et à empêcher une forte concentration de la propriété des sites les plus adaptés à la construction de nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni.
Le rachat de BE lancé par l'électricien français le 24 septembre constitue la plus grosse opération de son histoire (15 milliards d'euros).
Grâce à la reprise de BE, propriétaire de huit des dix centrales nucléaires du pays, EDF, qui exploite 58 centrales en France, accède à un marché nucléaire prometteur, que le gouvernement britannique veut relancer.
L'opération assoit aussi la domination d'EDF en Europe et conforte sa stratégie de développement international dans le nucléaire à partir de quatre pays cibles (Royaume-Uni, Etats-Unis, Chine et Afrique du Sud).