EADS est à la peine ce matin en Bourse : le titre cède 5,49% à 11,70 euros, figurant parmi les plus fortes baisses du CAC 40. Les investisseurs réagissent à l'annonce d'Airbus, qui a confirmé avoir besoin d'une augmentation de capital de plus de deux milliards d'euros pour ses entités nationales. Cette information, parue dans Les Echos ce matin, a été confirmée par le groupe dans la matinée. La filiale d'EADS a également confirmé que cette augmentation de capital serait accompagnée d'une simplification de ses structures.
Airbus France SAS devrait ainsi fusionner avec Airbus holding SA, la holding actuelle au sein du groupe Airbus, selon un porte-parole. Concernant les besoins en capitaux des différentes branches nationales, le chiffre de 1,2 milliard d'euros a été confirmé concernant Airbus France. Selon Les Echos, Airbus Deutschland a besoin de 800 millions et Airbus UK de 600 millions.
Ce matin, le quotidien annonçait que les fonds propres de ces filiales, ainsi que d'Airbus Espana, sont devenus négatifs. Airbus SAS, en revanche, présenterait encore une situation de fonds propres positive, ce qui expliquerait l'idée de la fusion avec Airbus France selon Les Echos. «Les dépenses pour les programmes en cours proviennent des entités nationales, tandis que les bénéfices vont au groupe Airbus. Cela a créé un déséquilibre qui sera compensé par le biais de ces mesures juridiques et financières», a déclaré le porte-parole.
Côté commandes, la compagnie aérienne Etihad, basée à Abou Dhabi, a confirmé une commande de 51 Airbus. Cette commande se décline en 6 A380, 25 A350 et 20 A320 et devrait figurer dans les données d'Airbus pour novembre.
De son côté, Citigroup a publié une note sur le secteur aérospatial dans laquelle il conseille de Vendre la valeur EADS, à laquelle il assigne un objectif de cours de 10 euros, inférieur au cours actuel. Le broker reconnaît qu'Airbus reste attractif, formant un duopole avec Boeing dans une industrie pourvue de fortes barrières à l'entrée et de fortes perspectives de croissance à long terme.
Citigroup apprécie également le carnet de commandes du groupe, qui représente environ neuf années de production.
Toutefois, le bureau d'études estime que le groupe est le plus exposé à une baisse du secteur aérospatial. De plus, les nombreux obstacles dont EADS pourrait pâtir ne sont pas pris en compte dans la valorisation : le taux de change, le développement de l'A350, les délais de l'A400M ou encore la mise en place du plan Power 8...
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Né en juillet 2000 de la fusion entre l'Allemand Dasa (DaimlerChrysler Aerospace), l'Espagnol Casa et le Français Aérospatiale, EADS est aujourd'hui le premier groupe aéronautique européen et le second à l'échelle mondiale. Ses activités se répartissent entre l'aviation commerciale et militaire, l'espace, les systèmes de défense et les services.
EADS compte cinq divisions : Airbus (le grand concurrent de Boeing sur le marché des avions commerciaux de plus de 100 places), Avions de Transport Militaire, Eurocopter, EADS Astrium et enfin Defense & Sécurité. En réaction aux difficultés d'Airbus autour de l'A380 et de l'A350, EADS a lancé deux plans de restructuration baptisés Power 8 et Power 8+ .
EADS emploie environ 116 000 personnes sur plus de 70 sites, principalement en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne, ainsi qu'aux Etats-Unis et en Australie.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Malgré ses déboires autour de l'A380 et de l'A350, Airbus reste un leader de l'aéronautique commerciale, à même de concurrencer le géant américain Boeing.
-Le carnet de commandes d'EADS est bien rempli, ce qui lui assure de la visibilité pour les années à venir.
- La mise en oeuvre de Power 8 et le lancement de l'A350 place Airbus dans une situation offensive. En outre, l'avionneur européen est moins exposé que Boeing aux compagnies aériennes américaines, confrontées à d'importantes difficultés financières.
- 2007 a été une année de commandes record pour Airbus, avec 1 341 commandes nettes. Le groupe reste cependant légèrement derrière Boeing.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe EADS est sensible au dollar, dans la mesure où il facture l'essentiel de ses ventes dans la devise américaine. Néanmoins, ce risque est limité par la politique de couverture du risque de change mise en place par la direction.
- C'est seulement dans quelques années que l'on saura si EADS a eu raison dans son pari sur le marché des gros porteurs matérialisé par le lancement de l'A380.
-Les activités de défense manquent de taille critique tant pour atténuer la cyclicité de l'aviation civile que pour rivaliser avec les grands groupes américains.
- Les surcoûts liés au développement problématique de l'avion de transport militaire A400M, la montée en cadence de production de l'A380 et d'éventuels nouveaux retards risquent d'affecter le titre sur le long terme.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- EADS est extrêmement sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et donc à la santé des compagnies aériennes qui lui achètent des avions. Or, la bonne santé du secteur du transport aérien dépend de la situation économique et géopolitique mondiale, qui influe sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais également d'autres facteurs, comme le prix du pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions sont de bons indicateurs de tendance.
-Les analystes anticipent un net ralentissement du trafic aérien mondial en 2009.
- Plus spécifiquement, le titre pourrait présenter un attrait spéculatif, en vue d'une possible consolidation du secteur spatial et de la défense. Une alliance à trois avec Thales et Alcatel a souvent été évoquée par les marchés.
- Le dossier lié aux accusations de délit d'initiés est à suivre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les acteurs doivent faire face à des annulations de commandes de la part de compagnies aériennes, qui pâtissent du cours élevé du pétrole. Ainsi la compagnie Azerbaijan Airlines a annulé un B787 sur les trois commandés auprès de Boeing. Quant à Airbus, il pourrait perdre un certain nombre de commandes passées par United Airlines. Sous la pression des compagnies aériennes qui veulent des avions consommant moins de carburant, les constructeurs vendent davantage de modèles plus petits mais aussi moins coûteux. Cette tendance explique la chute de 19% du profit de Boeing au cours du second trimestre. Le groupe américain pâtit également de la grève de ses mécaniciens, qui pourrait engendrer un retard supplémentaire dans la livraison du long-courrier, le 787 Dreamliner. L'appel d'offres du marché des avions ravitailleurs américains qu'EADS avait initialement remporté, et dont la première tranche s'élève entre 35 et 40 milliards de dollars, a finalement été reporté sous la pression de Boeing. Le groupe français a renforcé son plan d'économies. Power8+ devrait générer des économies et des gains de productivité de 1 milliard d'euros par an à partir de 2011. Il succédera au plan Power 8, mis en place début 2007. L'enjeu est, cette fois, le développement des implantations hors d'Europe pour contrer la faiblesse du dollar face à l'euro. Ce plan inclut des mesures structurelles pour externaliser une partie de la production dans des pays à zone dollar ou à faible coût de main-d'oeuvre.