Après l'espagnole Iberia et ses destinations sud-américaines, et un flirt poussé avec l'américaine American Airlines (AMR), British Airways discute à présent d'une fusion avec l'australienne Qantas pour se voir ouvrir le Pacifique sud et se poser en géant mondial du transport aérien.
BA a annoncé mardi "réfléchir à une fusion possible avec Qantas", "entre égaux", et qui aboutirait à la formation d'une entreprise cotée à la fois à Londres et Sidney. Selon un porte-parole de BA, celle-ci a été approchée en août par Qantas.
La britannique franchirait avec cette fusion "une étape en vue de la création d'une compagnie véritablement mondiale", a expliqué à l'AFP le porte-parole.
Dans le climat de concentration du secteur aérien, BA paraît insatiable. Elle discute en effet aussi d'une fusion avec Iberia, processus toutefois "complexe", selon la direction de l'espagnole. Et elle tente, autant que les lois américaines et européennes le permettent, de s'allier avec AMR.
La fusion envisagée avec Qantas ne bouleverse pas pour autant les plans de BA avec les deux autres compagnies. BA a indiqué mardi que ses discussions avec Iberia se poursuivaient, tandis qu'AMR a fait savoir que ses propres plans avec la britannique n'étaient pas affectés.
BA, Qantas, Iberia et AMR sont déjà membres de l'alliance commerciale Oneworld, concurrente de Star Alliance emmenée par l'allemande Lufthansa et de SkyTeam qui gravite autour d'Air France-KLM.
Des commentaires australiens auraient pu mettre la puce à l'oreille au marché. Vendredi, quittant ses fonctions après huit ans à la tête de Qantas, le directeur général sortant Geoff Dixon avait déclaré que "la prochaine étape pour Qantas serait de prendre part au mouvement de consolidation de l'industrie aérienne".
Mardi même, le gouvernement australien a laissé entrevoir un assouplissement des règles sur l'entrée de compagnies étrangères au capital de Qantas. En effet, alors qu'une étrangère ne peut détenir seule plus de 25% de Qantas, et plusieurs compagnies ensemble plus de 35%, le ministre des Transports, Anthony Albanese, a indiqué qu'une participation étrangère laissant 51% de Qantas aux mains de capitaux australiens était "une solution équilibrée".
BA et Qantas ont d'ores et déjà "des liens historiques", a noté le porte-parole, notamment des accords sur "la route des Kangourous", la liaison entre l'Australie et le Royaume-Uni. BA possédait en 2004 18% de Qantas, qu'elle a vendus.
Elles sont de taille comparable, 8,7 milliards de livres (10,4 mds d'euros) de chiffre d'affaires pour BA sur l'année achevée en mars contre 16,2 milliards de dollars australiens (8,3 mds d'euros) pour Qantas sur l'année achevée en juin. D'une valeur boursière similaire, elles ont transporté respectivement 33 et 38 millions de personnes, et possèdent 250 et 224 appareils. BA a 42.000 employés, Qantas 37.000.
Steve Ridgway, directeur général de la britannique Virgin Atlantic, possédée à 49% par Singapore Airlines, concurrent de Qantas en Asie, et déjà opposée au rapprochement de BA et AMR, s'est exclamé pour sa part : "Un jour c'est Iberia, un autre c'est American, et maintenant Qantas... la seule stratégie de BA semble de monopoliser certaines des lignes les plus fréquentées du globe, contre l'intérêt de la clientèle".
"Pendant un ralentissement, il n'y a aucune raison que les lois sur la concurrence soient suspendues", a-t-il plaidé, demandant aux régulateurs de "scruter ces tentatives de fusion plus que jamais". La Commission européenne a déjà ouvert une enquête sur le rapprochement AMR-Iberia-BA.
La Bourse de Londres a salué pour sa part la possible fusion, avec une hausse de plus de 12% du titre British Airways.