Le titre du premier sidérurgiste du monde (+34% à 18,7 euros) a clôturé la semaine dernière en tête du CAC 40. Les investisseurs ont apprécié les mesures de réduction de coûts drastiques annoncées jeudi dernier par le groupe pour surmonter la crise économique et financière.
Ironie de l'histoire, il ne fait plus bon être un col blanc dans la sidérurgie. Une fois n'est pas coutume, les ouvriers du secteur sidérurgique ne seront pas les premières victimes de la crise économique et financière actuelle. Les 9 000 emplois supprimés « sur une base volontaire » par ArcelorMittal, soit environ 3% des effectifs totaux du groupe, concerneront en effet les salariés non liés à la production, travaillant dans les ventes, l'administration et les services généraux.
Ce sont ces catégories de personnel que le premier sidérurgiste du monde a décidé de sacrifier pour atteindre son objectif de réduire ses dépenses d'un milliard de dollars.
« Cela a été une décision très difficile à prendre. Malheureusement, la réalité économique mondiale fait qu'il est nécessaire d'adopter de telles mesures », a déclaré Bernard Fontana, membre du comité exécutif d'ArcelorMittal, en charge des ressources humaines.
Le groupe de Lakshmi Mittal a également annoncé qu'il pratiquerait sans doute le travail à temps partiel et réduirait sa production en Allemagne en décembre. Mardi dernier, la société avait déclaré qu'elle envisageait de supprimer 16% de ses effectifs aux Etats-Unis en raison de la contraction de 40% de sa production en Amérique du Nord.
Début novembre, le groupe avait relevé de quatre à cinq milliards de dollars son plan d'économies et annoncé une réduction de 30% de sa production au quatrième trimestre, contre 15% initialement prévu. Finie la politique d'expansion tous azimuts mise en route à l'issue du rachat d'Arcelor : place aux économies, fussent-elles drastiques.
En quelques mois, l'univers a en effet radicalement changé pour ArcelorMittal. La production industrielle s'est effondrée aux Etats-Unis et en Europe entraînant la chute du marché de l'acier. Les économies des pays émergents emmenés par la Chine et l'Inde, soutiens jusque-là sans faille de la croissance mondiale, montrent des signes de ralentissement inquiétants.
Emporté par les craintes d'une récession mondiale profonde, le titre ArcelorMittal avait touché son plus bas historique de 12,94 euros jeudi dernier, en baisse de plus de 80% depuis le début d'année. La batterie de mesures annoncées depuis le début de la semaine a permis au titre de regagner plus de 34% en cinq séances.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
ArcelorMittal, issu de la fusion en juillet 2006 d'Arcelor et de Mittal Steel, est le numéro un mondial de l'acier avec une capacité de production annuelle d'environ 130 millions de tonnes par an, soit environ 10% de la production mondiale d'acier. Le groupe est présent dans quatre domaines d'activités : il est le premier producteur mondial dans les Aciers Plats Carbone, activité principale du groupe avec plus de la moitié du chiffre d'affaires, et les Aciers Longs Carbone, l'un des leaders mondiaux pour la production d'Aciers Inoxydables, et parmi les premiers en Europe pour le secteur Distribution-Transformation-Trading. L'entreprise s'est fixé pour objectif de développer ses positions en Chine et en Inde, deux pays dont les marchés sont en plein essor.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- ArcelorMittal bénéficie des synergies dégagées par la fusion signée fin juin 2006.
- Le groupe investit en Inde et en Amérique Latine pour capter la croissance des pays émergents et accroître ses capacités.
- Le titre demeure la valeur préférée de nombreux analystes au sein du secteur en raison de sa rentabilité et sa capacité à relever ses prix.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe demeure encore relativement peu présent aux Etats-Unis.
- Comme les autres grands groupes sidérurgistes, ArcelorMittal affronte la concurrence des pays émergents qui tirent les prix de l'acier vers le bas.
- Comme ses concurrents, le groupe doit accepter les hausses des prix de ses fournisseurs, en particulier dans le minerai de fer.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
ArcelorMittal est une valeur cyclique, qui est très liée à la conjoncture économique. A ce titre, l'évolution de ses prix et débouchés est à surveiller.
-A suivre également, l'évolution du prix des matières premières entrant dans la fabrication de l'acier. C'est particulièrement le cas du minerai de fer, qui représente environ 30 % du coût des achats des producteurs d'acier.
- La concentration dans le secteur de la sidérurgie reste à l'ordre du jour dans la mesure où les dix premiers sidérurgistes ne contrôlent que le quart du marché de l'acier alors que leurs fournisseurs de minerai de fer sont concentrés à l'extrême. Deux compagnies assurent la majorité de l'extraction mondiale.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
La Chine consomme toujours plus de métaux. Ce pays consomme déjà un tiers de la production mondiale d'aluminium, d'étain, de zinc, de plomb et un quart de la production de cuivre ou de nickel. Selon les analystes, en extrapolant les tendances actuelles (en termes de consommation, et d'équipement), la Chine devrait consommer 60% des métaux dans le monde dans dix ans. C'est pourquoi plusieurs mesures ont été prises pour sécuriser ses approvisionnements. Face à l'envolée des cours des matières premières, la Chine a décidé de constituer des stocks stratégiques de minerais et métaux. Les autorités ont également interdit l'exploitation de certains gisements d'or, de cuivre et de charbon du sous-sol national, et ont fixé des quotas d'exportation de certains minerais rares. Les entreprises nationales sont incitées à investir dans les gisements à l'étranger. Le fonds souverain CIC, doté de 200 milliards de dollars, a été créé pour mener des prises de participation dans des entreprises occidentales.