Le géant minier BHP Billiton a abandonné son projet de rachat hostile de 68 milliards de dollars sur son rival Rio Tinto en raison du retournement de l'économie mondiale et de la chute des matières premières. Le groupe australo-britannique estime que ce projet visant à marier les numéro deux et trois mondiaux du secteur derrière le brésilien Vale ne répond plus à l'intérêt de ses actionnaires. BHP a évoqué le poids de la dette de Rio Tinto (42 milliards d'euros), trop lourde à porter en ces temps difficiles, et les exigences de cession d'actifs de Bruxelles en cas de fusion.
Du haut de sa tour de Sydney, Marius Kloppers, le P-DG de BHP, a donc rayé d'un trait de mine le projet le plus ambitieux de sa carrière. En jetant sur la table en février dernier près de 140 milliards de dollars pour s'offrir son éternel rival Rio Tinto, le dirigeant avait suscité l'engouement des observateurs pour ce qui aurait pu être la deuxième plus grosse offre d'achat de l'histoire.
Au-delà de la portée historique de l'opération, BHP aurait signé en cas de succès un coup de maître sur le plan stratégique, tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, son offre (3,4 actions BHP pour chaque action Rio Tinto) n'exigeait pas de sortie de cash, ce qui est judicieux pour une industrie aussi dévoreuse de trésorerie que l'exploitation minière. Sur le fond, il doublait pratiquement ses réserves de matières premières. Avec Vale, ils auraient formé le plus important duopole de tous les temps en contrôlant à eux deux près de 80% de la production de minerai de fer.
Las ! Le rêve impérialiste est terminé. Ce ne sont pas les cris de fureur des sidérurgistes chinois, principaux consommateurs, ni le mépris affiché par Rio Tinto qui ont contraint BHP à rendre les armes mais bien l'effondrement de la conjoncture mondiale. En deux mois, confronté à une chute vertigineuse de la demande, les prix des grandes matières premières comme le cuivre ou le minerai de fer ont été divisés par deux par rapport à leur pic de juillet. Dans ces conditions, les cessions exigées par Bruxelles n'auraient pu se faire à un bon prix.
En Bourse, les investisseurs saluent la sagesse de BHP (+15,41% à 1131 pence) mais laissent tomber Rio Tinto (-29,63% à 1724 pence). BHP a sifflé la fin de la fête des matières premières.
Selon une source de marché, Cheuvreux a confirmé son opinion de Surperformance et son objectif de cours de 1350 pence sur BHP. Le broker a salué le renoncement d'un groupe qu'il considère comme l'un des plus attractifs du secteur.
(P-J.L)
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Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), un an après l'ouverture du marché de l'énergie, seulement 300000 particuliers et petits professionnels ont changé d'opérateur. Ce chiffre est très faible comparé aux 29,5 millions de consommateurs d'énergie. Le maintien des tarifs réglementés et la possibilité de revenir à ces tarifs pour les Français qui ont testé d'autres opérateurs, permettent à EDF de limiter la concurrence. Gaz de France doit, en revanche, affronter des nouveaux entrants, fournisseurs alternatifs dans le gaz. L'entreprise a mené une politique commerciale dynamique visant à fidéliser ses 11 millions de clients. Il s'agit de leur garantir un service de qualité et une offre duale électricité-gaz qui soit intéressante. Cette politique lui a permis de gagner 290000 clients dans l'électricité selon ses dirigeants. Néanmoins la nouvelle entité, GDF-Suez, dispose encore de capacités de production limitées dans l'électricité. Détenir ses propres capacités de production dans l'électricité de pointe (avec les centrales à gaz ou hydrauliques par exemple) est pourtant un atout non négligeable pour pouvoir procéder à des échanges contre de l'électricité de base (nucléaire). Les nouveaux entrants, comme l'opérateur Poweo, qui a conforté sa place de troisième opérateur français à fin juillet, mènent déjà cette politique.