- 14,7% à 21,8 euros : la chute est sévère pour BASF à Francfort. En combinant un avertissement sur résultats à l'annonce d'une réduction drastique de sa production mondiale, BASF peut s'enorgueillir de sa franchise et de sa connaissance du principe physique d'action-réaction, ce qui n'est guère étonnant pour un groupe chimique. "Tout le monde s'y attendait plus ou moins, mais personne ne pensait que BASF ne le dirait aussi clairement", commentait en effet cet après-midi un courtier cité par l'agence Dow Jones à propos de l'avertissement du groupe.
Sans détour, le numéro un mondial de la chimie s'est dit victime d'"une baisse massive de la demande". Aussi, pour limiter les "surcapacités", il a d'ores et déjà prévu de fermer temporairement 80 sites dans le monde et réduire sa production dans une centaine d'usines. Mais il promet de réagir très rapidement en faisant repartir sa production au moindre signe de reprise de la demande.
Le géant allemand, qui vient de racheter le groupe suisse Ciba pour 6,1 milliards de francs suisses, opère dans plusieurs centaines d'usines et sur plus de 4 000 sites dans le monde. Selon le groupe, 20 000 salariés, dont 5 000 à son siège de Ludwigshafen, dans le sud-ouest de l'Allemagne, seront affectés.
Soucieux de la vie de ses salariés, le fleuron de l'industrie allemande s'est engagé à utiliser, dans la mesure du possible, les "instruments de flexibilité de temps de travail", comme les congés et les comptes-temps. Mais BASF ne peut exclure malgré tout "la nécessité d'avoir recours au chômage technique sur certains sites", selon le communiqué.
Le groupe chimique a prévenu que son résultat d'exploitation (Ebit) avant résultat exceptionnel de 2008 sera inférieur à celui de l'an passé. Le mois dernier, il avait déjà été contraint de revoir ses ambitions en raison de la baisse de la demande du secteur automobile, indiquant qu'"il ferait tout son possible" pour égaler en 2008 la performance de 2007.
Et les perspectives ne sont guère rassurantes. Le patron de BASF Jrgen Hambrecht a refusé de faire un pronostic pour 2009, déclarant que l'évolution de l'activité était "difficile à estimer". "Le groupe se prépare à des temps difficiles", a-t-il ajouté.
D'après BASF, l'automobile, mais aussi ses gros clients comme le BTP et le textile sont très touchés par la crise économique actuelle.
(P-J.L)
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Produits de base - Chimie
Les pétrochimistes européens sont confrontés à un ENVIRONNEMENT extrêmement difficile sous la pression d'un double impact négatif. A celui causé par des niveaux historiquement élevés du prix du baril de pétrole s'ajoute l'effet pénalisant du bond du prix du naphta, l'une des principales matières premières utilisées par les pétrochimistes français et européens. La tonne de naphta a franchi la barre de 1000 dollars début 2008, soit 60% de plus que la moyenne sur 2007. Les acteurs cherchent à répercuter auprès de leurs clients l'envolée de leur facture énergétique par une augmentation de leurs prix. Ainsi, au cours des deux premiers mois de l'année, les prix des produits pétrochimiques ont progressé de 9% en Europe, selon les données du Cefic, l'organisme professionnel européen. Néanmoins ils éprouvent des difficultés croissantes à mener cette politique car ils craignent que leurs clients (fabricants d'emballages, de matériaux d'isolation pour le bâtiment, ou constructeurs automobiles) ne modifient durablement leurs approvisionnements pour limiter le poids des substances chimiques de leurs produits et réduire ainsi leurs coûts. Par conséquent, déjà pénalisées en 2007, les marges pétrochimiques risquent de se détériorer davantage ces prochains mois.