Rien ne semble susceptible d'enrayer la descente aux enfers du cours de BNP Paribas, qui se négocie aujourd'hui à 37,65 euros, en baisse de 7,77%, soit un plus bas de plus de cinq ans. Depuis la publication des résultats trimestriels, le 5 novembre, le titre de la banque a subi un violent plongeon. La glissade s'est prolongée hier et aujourd'hui, malgré la décision de la justice belge d'écarter le gel de la cession d'actifs de Fortis. Une bonne nouvelle pour la BNP, dont la direction s'est félicitée dans un communiqué.
Traditionnellement, pourtant, la première banque française a tendance à surperformer nettement ses concurrentes. Mais voilà : les résultats décevants publiés par la BNP ont fait redescendre les investisseurs sur terre.
Surtout, les analystes s'inquiètent d'une éventuelle augmentation de capital ; une hypothèse qui semble d'autant plus probable que partout en Europe, les banques font appel au marché. Dernier exemple en date, l'espagnol Santander, l'une des banques qui a le mieux résisté à la crise, a lancé une augmentation de capital de 7,2 milliards d'euros, alors même que son ratio de fonds propres est supérieur à celui de la BNP…
Credit Suisse estime ainsi que la banque de Baudouin Prot pourrait augmenter son capital à hauteur de 6,6 milliards d'euros.
Cible des craintes des investisseurs, BNP ne peut guère compter sur ses concurrents pour espérer voir son titre remonter : le secteur bancaire, dans son ensemble, est matraqué en bourse depuis ces derniers jours. Aujourd'hui encore, les baisses les plus marquées de l'indice CAC 40 sont enregistrées par le compartiment financier, avec un plongeon de 8,13% pour Société Générale et de 5,16% pour Dexia.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Présent dans plus de 85 pays, BNP Paribas compte 161 000 collaborateurs, dont 126 000 en Europe.
Le groupe exerce son activité dans trois grands domaines : la banque de détail qui représente 50% de l'activité du groupe, la banque de financement et d'investissement (28%) et enfin la gestion d'actifs (18%), la banque privée et les assurances.
En juillet 2006, BNP Paribas a pris le contrôle de la sixième banque italienne, Banca Nazionale del Lavoro (BNL), dans le cadre d'une offre amicale de près de 9 milliards d'euros. BNP Paribas compte sur un total de 480 millions d'euros de synergies. La banque a racheté Dexia banque privée France afin d'asseoir sa position de leader. Elle poursuit par ailleurs sa politique de développement dans les pays émergents avec la signature de plusieurs accords.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- BNP Paribas présente une allocation de fonds propres relativement équilibrée et diversifiée.
- Les pôles de banque de financement et d'investissement et la gestion d'actifs, qui représentent - BNL compris - 41 % de l'activité, restent à une place satisfaisante dans les revenus du groupe : leur croissance organique est plus rapide que celle de la banque de détail.
- Les services financiers et la banque de détail à l'international, en particulier en Asie, un marché plus épargné par la crise actuelle des liquidités, sont devenus le principal moteur de croissance des revenus du groupe et le deuxième contributeur au résultat derrière la Banque de Financement et d'Investissement.
- BNP Paribas est le leader européen du crédit à la consommation, une activité très rentable.
- Le groupe maîtrise bien ses coûts.
Les points faibles de la valeur
- La valeur peut souffrir de la dégradation de l'économie française qui augmente le risque de défaut de crédit de la part des entreprises à qui la banque prête de l'argent. Le groupe ne réalise toutefois plus que 20 % de ses bénéfices dans la banque de détail en France.
- Le ralentissement économique aux Etats-Unis devrait conduire à des volumes plus faibles, des marges moins élevées et des risques plus importants. La logique d'un maintien aux Etats-Unis reste cependant intacte.
- La sensibilité aux marchés de capitaux via la banque de financement et d'investissement ainsi que l'accumulation d'actifs présente un risque pour le groupe.
- La banque pourrait pâtir de l'utilisation de l'excédent de capital, essentiellement via des acquisitions.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- BNP Paribas est une valeur financière. Elle est donc sensible à l'évolution des taux d'intérêts. Les décisions de la Réserve Fédérale américaine et de la Banque Centrale Européenne dans ce domaine sont à observer avec attention. Le titre est également sensible à l'évolution des Bourses mondiales, qui influe sur la branche banque privée et la gestion d'actifs, ainsi que sur celle de la division banque de financement et d'investissement du groupe, mais également sur les investissements en actions qu'il réalise. Au titre de son activité de banque de détail, BNP Paribas est sensible à la fois au niveau d'épargne et au niveau de consommation des ménages. Le niveau de ses provisions pour créances douteuses ou risque bancaire est aussi fortement surveillé par les investisseurs. Enfin, en raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
- Depuis 2006, la priorité va à l'intégration de la banque italienne BNL. La politique d'acquisition sera donc " plus ciblée".
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Le paysage bancaire mondial est en pleine reconfiguration. Les banques qui résistent le mieux à la crise, sont à l'aff-t d'opportunités pour consolider leur position. En Angleterre, très affectée par la crise financière, la banque HBOS, numéro un du crédit immobilier, a été reprise par Lloyds TSB, cinquième banque du pays pour 12,2 milliards de livres (environ 15,5 milliards d'euros). Cette opération devrait créer un géant national du crédit immobilier et de l'épargne, détenant près de 28% du marché britannique des prêts immobiliers. En Allemagne également le marché bancaire se consolide. Deutsche Bank a annoncé son entrée au capital de Postbank à hauteur de 29,75%. Auparavant, Commerzbank avait racheté Dresdner Bank. La deuxième banque privée du pays double ainsi de taille. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Merrill Lynch a été reprise par la première banque américaine, Bank of America. Quant à JPMorgan Chase, elle devient la deuxième banque commerciale américaine grâce à l'acquisition de Washington Mutual.