Boeing perd 1,53% à 51,47 dollars, malgré l'annonce de la fin du mouvement de grève le plus long depuis 15 ans. Le constructeur aéronautique reste en effet pénalisé par Goldman Sachs, qui a intégré le titre au sein de sa Conviction Sell List alors qu'il était Neutre auparavant. Le broker estime qu'il est temps pour les investisseurs de prendre leurs bénéfices avant que le secteur de l'aérien ne se dégrade davantage. Les 27 000 collaborateurs du géant américain représentés par le syndicat des mécaniciens (IAM) ont commencé à reprendre le travail hier, mettant fin à un débrayage de 57 jours.
Les mécaniciens en grève des usines de Boeing dans les états de Washington, Oregon et Kansas ont ratifié un nouveau contrat de travail d'une durée de quatre ans "comprenant des conditions salariales avantageuses et une retraite parmi les meilleures de l'industrie", s'est félicité le constructeur aéronautique dans un communiqué.
Le contrat comprend une augmentation globale des salaires de 15% sur quatre ans, une augmentation immédiate de 16% des retraites et un bonus de 8 000 dollars minimum sur la période de l'accord.
Ce mouvement social a fortement fragilisé Boeing, dans un contexte économique déjà difficile. Selon des analystes, chaque journée de grève lui a coûté 100 millions de dollars par jour, soit près de 6 milliards de dollars. Les livraisons ont également chuté à 84 appareils au troisième trimestre, contre 125 au deuxième trimestre.
Certaines compagnies aériennes pourraient exiger des indemnités de retards, plaçant ainsi Boeing dans une situation encore plus délicate.
M-L.H.
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Après une hausse de 6,5% en 2007, la croissance du trafic international de passagers devrait chuter à 3,2% en 2008, et même à 1,8% pour le frêt. Selon Iata, l'industrie mondiale du transport aérien devrait afficher une perte de 5,2 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) cette année, contre 5,6 milliards de dollars de bénéfices en 2007. Cette tendance provient d'un prix du pétrole qui reste élevé et qui se combine à un recul de la demande. Les compagnies américaines devraient représenter, à elles seules, plus de 5 milliards de dollars de pertes. Pour 2009, les perspectives ne sont pas plus optimistes, puisque Iata prévoit un déficit de 4,1 milliards de dollars. Malgré l'actuelle baisse des cours du pétrole, la part du carburant dans les coûts d'exploitation des transporteurs devrait grimper d'environ 36% en 2008 à 40% en 2009, alors qu'elle n'atteignait que 13% en 2002. Iata précise que le nombre de faillites parmi les compagnies aériennes est déjà plus élevé qu'après les attentats du 11-Septembre.
Aéronautique - Défense
Les acteurs doivent faire face à des annulations de commandes de la part de compagnies aériennes, qui pâtissent du cours élevé du pétrole. Ainsi la compagnie Azerbaijan Airlines a annulé un B787 sur les trois commandés auprès de Boeing. Quant à Airbus, il pourrait perdre un certain nombre de commandes passées par United Airlines. Sous la pression des compagnies aériennes qui veulent des avions consommant moins de carburant, les constructeurs vendent davantage de modèles plus petits mais aussi moins coûteux. Cette tendance explique la chute de 19% du profit de Boeing au cours du second trimestre. Le groupe américain pâtit également de la grève de ses mécaniciens, qui pourrait engendrer un retard supplémentaire dans la livraison du long-courrier, le 787 Dreamliner. L'appel d'offres du marché des avions ravitailleurs américains qu'EADS avait initialement remporté, et dont la première tranche s'élève entre 35 et 40 milliards de dollars, a finalement été reporté sous la pression de Boeing. Le groupe français a renforcé son plan d'économies. Power8+ devrait générer des économies et des gains de productivité de 1 milliard d'euros par an à partir de 2011. Il succédera au plan Power 8, mis en place début 2007. L'enjeu est, cette fois, le développement des implantations hors d'Europe pour contrer la faiblesse du dollar face à l'euro. Ce plan inclut des mesures structurelles pour externaliser une partie de la production dans des pays à zone dollar ou à faible coût de main-d'oeuvre.