Ciments Français a renoncé à céder ses activités de Set Group en Turquie au russe Sibirskiy Cement. La filiale française de l'italien Ilalcementi a en effet exercé le 21 octobre 2008 son droit de mettre fin au contrat faute d'accord. "Les négociations ultérieures, menées durant plusieurs jours pour définir un nouveau cadre de transaction avec des conditions similaires, n'ont pas permis aux parties de s'accorder sur une solution permettant de finaliser une transaction dans un délai raisonnable. Ciments Français a donc décidé de mettre un terme à ces négociations", a précisé le groupe.
Le deux avril dernier, Ciments Français avait annoncé la cession de ses activités en Turquie pour un montant de 600 millions d'euros à Sibirskiy Cement, deuxième producteur de ciment russe. La transaction devait faire l'objet d'un règlement pour partie au comptant (400 millions d'euros) et pour partie en actions Sibirskiy Cement (200 millions d'euros).
Cette opération devait permettre à Ciments Français "de réaliser une alliance stratégique avec un des tous premiers acteurs du secteur des matériaux de construction en Russie", avait indiqué le communiqué de l'époque.
A la Bourse de Paris, Ciments Français cède ce matin 1,52% à 55,77 euros.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Ciments Français est la deuxième société cimentière cotée à la Bourse de Paris. Depuis 1992, la société est filiale (à hauteur de 75 %) de l'italien Italcementi Group, cinquième cimentier mondial.
Réalisant 68 % de son chiffre d'affaires dans le ciment, la société est également présente dans les granulats et le béton prêt à l'emploi. Ciments Français a publié au titre de l'exercice 2006 un résultat net part du groupe de 502,3 millions d'euros, en hausse de 19,1%.
Dans le cadre du programme d'intégration verticale des activités aval du secteur ciment du groupe, Ciments Français a acquis deux sociétés américaines en 2007.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Ciment Français bénéficie d'une des meilleures rentabilités opérationnelles du secteur en Europe.
- Le groupe est prompt à nouer des partenariats ou à opérer des rachats pour se développer sur l'ensemble des marchés, et notamment émergents.
- Le groupe profite d'une clientèle fortement diversifiée, ce qui limite le risque clients.
- Ciments Français souhaite se développer, à partir de sa position de leader en Egypte, au Proche-Orient, zone géographique très intéressante. Le groupe envisage également d'accroître sa présence en Inde, qui constitue un marché stratégique.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est pénalisé par sa taille limitée à l'échelle nationale et par une moindre présence dans certains pays émergents par rapport à ses concurrents, alors que ces pays sont une priorité stratégique pour les cimentiers.
- Le faible flottant de Ciments Français (13 % du capital) limite l'attrait du titre auprès des investisseurs. Notons qu'Italcementi procède régulièrement à des achats de titres sur le marché et pourrait donc racheter sa filiale.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Les groupes de matériaux sont dépendants de l'activité de la construction, fortement cyclique. A ce titre, leur activité est soumise à l'évolution du nombre des permis de construire et des mises en chantiers, qui sont eux-mêmes influencés par la conjoncture économique, le niveau des taux d'intérêts (coût du crédit) ou encore le climat.
- Traditionnellement, l'activité du groupe est plus forte au second semestre, les six premiers mois de l'année étant généralement consacrés à la maintenance des activités.
- Il faut également porter une attention particulière à l'évolution du prix de l'énergie, laquelle représente 30 à 35 % des coûts de production du ciment.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les entreprises de matériaux de construction souffrent généralement de trois facteurs : d'une baisse des volumes, liée au repli du marché du BTP en particulier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, d'une forte hausse des coûts énergétiques et des matières premières et, enfin, d'un effet de change négatif (pour les groupes européens). Ainsi Holcim, numéro deux mondial du ciment, a affiché, au cours du premier semestre, un bénéfice d'exploitation en retrait de 15,7% et un chiffre d'affaires en baisse de 4,4%. Les intervenants qui tirent leur épingle du jeu, dans un contexte déprimé, sont ceux qui ont misé sur les pays émergents, et qui ont mené des réductions de coûts drastiques, à l'instar de Lafarge. Le leader mondial des matériaux de construction a publié un résultat net hors éléments exceptionnels en hausse de 15% pour le premier semestre. Les performances du groupe sont tirées par les marchés émergents, qui ont bénéficié d'un bond de 53% de leurs résultats d'exploitation au premier semestre, et représentent désormais 67% des résultats de la branche ciment. Le groupe, qui est parvenu à accroître son objectif initial de 340 millions d'euros de réduction des coûts en 2008, annoncera un nouveau plan de restructuration en fin d'année. Quant à Ciments Français, moins présent dans les pays émergents, et donc plus exposé aux difficultés des marchés matures, son résultat net part du groupe a fléchi de 20,1% à 181 millions, sur la première partie de l'année.