Mis en difficulté par les génériques, affecté par l'échec de l'Acomplia et critiqué pour la relative faiblesse de son pipeline, Sanofi-Aventis (+1,51% à 47,86 euros) organise la résistance. Le laboratoire a publié des résultats trimestriels salués par la communauté financière. En contrôlant davantage ses coûts, le groupe a pu relever ses prévisions de croissance du bénéfice par action. Surtout, il démontre sa volonté d'améliorer sa compétitivité. A charge pour le nouveau patron Chris Viebacher, dont l'arrivée est imminente, de poursuivre le travail, sans oublier de dynamiser sa R&D.
Sanofi-Aventis a réalisé au troisième trimestre 2008 un résultat net ajusté de 1,888 milliard d'euros, en hausse de 1,9%. Le bénéfice net ajusté par action est ressorti à 1,45 euro, contre 1,37 euro au troisième trimestre 2007. Les analystes interrogés par Reuters visaient en moyenne un bénéfice net de 1,8436 milliard et un bénéfice par action de 1,42 euro.
Le chiffre d'affaires de l'activité pharmaceutique sur les neuf premiers mois de l'année atteint 18,327 milliards d'euros, en croissance de 3,1%. Le chiffre d'affaires des 15 premiers médicaments s'élève à 12,306 milliards d'euros, en progression de 4,8%. Hors impact de la générification d'Ambien IR aux Etats-Unis et d'Eloxatine en Europe, la croissance des 15 premiers produits aurait été de 9,2%. Le chiffre d'affaires consolidé de l'activité Vaccins humains atteint 2,152 milliards d'euros en hausse de 9,8%, dont 1313 millions d'euros aux Etats-Unis (+14%).
Concernant l'évolution de sa Recherche et Développement, Sanofi-Aventis a décidé d'arrêter le développement de l'AVE2268, contre le diabète de type 2, ainsi que le programme de développement du surinabant, pour le sevrage tabagique.
Le groupe a également réduit de 5,9% ses frais commerciaux et généraux au troisième trimestre. Le ratio frais commerciaux et généraux rapportés au chiffre d'affaires a donc baissé de 0,9 point à 24,1%.
Fort de ces performances, Sanofi-Aventis a décidé de relever ses perspectives pour l'année 2008. Sauf événements adverses majeurs, le groupe anticipe désormais une croissance du BNPA 2008 ajusté hors
éléments particuliers de l'ordre de 9%, calculée à parité euro/dollar 2007 (1,371). La sensibilité à la variation euro/dollar est estimée à 0,5% de croissance pour 1 cent de variation.
Ce matin, les analystes semblaient satisfaits de cette publication, jugée encourageante et réconfortante par Natixis. Selon Oddo, elle devrait soutenir le titre.
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Numéro quatre mondial de la pharmacie, derrière Pfizer, GlaxoSmithKline, et Novartis, Sanofi-Aventis est né du rapprochement du français Sanofi-Synthelabo et du franco-allemand Aventis en 2004. Fort de près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le groupe réalise un chiffre d'affaires consolidé de 27 milliards d'euros. Il développe 7 axes thérapeutiques majeurs : cardiovasculaire, thrombose, cancer, diabète, système nerveux central, médecine interne et vaccins.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Le groupe possède 8 médicaments qui réalisent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires (blockbusters).
- Le portefeuille de produits en développement est important.
- Sanofi a gagné le procès Plavix aux Etats-Unis. La protection du brevet est maintenue aux Etats-Unis jusqu'en novembre 2011.
- Le directeur général, Gérard Le Fur, dont le mandant courait en principe jusqu'en 2010 a été débarqué au profit de Chris Viehbacher, venu de GlaxoSmithKline, qui devrait en oeuvre une stratégie de "long terme".
- Sanofi-Aventis a acquis le fabricant de génériques tchèque Zentiva. Le rachat de Zentiva devrait permettre à Sanofi-Aventis de se renforcer sur le marché des génériques et d'augmenter sa présence dans les pays émergents d'Europe de l'Est à fort potentiel de croissance.
Les points faibles de la valeur
- Comme les autres valeurs du secteur, Sanofi est affecté par le durcissement des politiques de santé qui pèse sur les ventes de médicaments comme en France ou en Allemagne.
- Début juillet 2007, Sanofi a retiré le dossier d'homologation de l'Acomplia aux Etats-Unis. Un comité de la FDA avait rejeté sa pilule anti-obésité Zimulti (molécule rimonabant). Les experts s'inquiètent des effets secondaires psychiatriques du produit. L'enjeu financier autour de l'Acomplia est d'importance pour Sanofi-Aventis puisque le groupe attend du rimonabant un chiffre d'affaires annuel pouvant aller jusqu'à 3 milliards d'euros en cas d'homologation aux Etats-Unis.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- D'une manière générale, les valeurs pharmaceutiques résistent en période de crise, et affichent à long terme des croissances soutenues (seulement 20% de la population mondiale a un accès normal aux médicaments, nombre de maladies ne sont pas encore traitées, et l'espérance de vie s'allonge rapidement).
- En outre, les valeurs pharmaceutiques sont sensibles aux évolutions réglementaires et aux décisions des autorités sanitaires (comme la FDA aux Etats-Unis). Plus particulièrement, il faut être attentif au chiffre d'affaires généré par chacun de ses produits et à la durée de vie de leurs brevets, et suivre les résultats des études cliniques pour identifier les médicaments à fort potentiel.
- Enfin, le titre présente un intérêt spéculatif, dans la mesure où le pacte d'actionnaires liant L'Oréal (10,5 % du capital) et Total (12,13 % du capital) est arrivé à échéance fin 2004. La cession des parts d'un de ces actionnaires de référence pourrait aussi provoquer un afflux de titres sur le marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Selon une étude menée par le BIPE (Bureau d'informations et de prévisions économiques), le plan de réduction des dépenses de santé mis en place par les autorités publiques en France sur la période 2005-2007 a dépassé les objectifs : les économies de 2,75 milliards d'euros, réalisées notamment grâce aux génériques, aux baisses de prix, aux réductions de remboursements et à une gestion plus stricte des médicaments en milieu hospitalier, sont bien supérieures aux 2,2 milliards d'euros escomptés. Le BIPE estime que, sur la période 2008-2012, pour éviter un taux de croissance des dépenses de médicaments compris entre 8% et 10%, les pouvoirs publics seront tenus de poursuivre leur programme de restrictions. Cela passera en particulier par un développement des déremboursements. Après l'instauration des franchises médicales, plus de deux cents médicaments sont en libre accès dans les officines, depuis cet été, pour favoriser l'automédication des Français. D'après l'Association des laboratoires pour une automédication responsable (Afipa), le marché de l'automédication, qui comprend à la fois les médicaments non remboursables et remboursables disponibles sans ordonnance, s'est développé de 4,4% en 2007 pour atteindre 1,9 milliard d'euros.