L'Oréal a réalisé sur les neuf premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 12,912 milliards d'euros, en hausse de +4,4% à données comparables (+7,4% à taux de change constants, +2,2% à données publiées). Au troisième trimestre, le chiffre d'affaires du numéro un mondial des cosmétiques est ressorti à 4,266 milliards d'euros, en hausse de 3,4% en données publiées. Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur 4,352 milliards. Face à un net ralentissement de certains marchés, le groupe a révisé à la baisse ses objectifs 2008.
Jean-Paul Agon, Directeur Général de L'Oréal, a en effet indiqué dans un communiqué. "Nous avions anticipé une poursuite au troisième trimestre du rythme de croissance observé à fin juin; mais nous avons constaté depuis le mois de septembre un ralentissement net de certains marchés en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, et nous avons été confrontés à une contraction des achats de certains distributeurs dans le cadre de la crise économique actuelle".
Et d'ajouter "compte tenu de l'ENVIRONNEMENT qui s'est durci et reste incertain, nous estimons désormais plus prudent de prévoir pour 2008 une croissance du chiffre d'affaires à données comparables proche du niveau atteint à 9 mois, c'est-à-dire de l'ordre de 4%" (au lieu de 6% auparavant).
De plus, le groupe a pris la décision de maintenir un fort soutien publi-promotionnel sur ses marques au quatrième trimestre pour préparer 2009 dans les meilleures conditions possibles. En conséquence, il vise désormais pour 2008 un bénéfice net par action en croissance de l'ordre de 7% à 8% à taux de change constants. Fin août, la société disait viser une progression à deux chiffres.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
L'Oréal, leader mondial des cosmétiques, intervient notamment dans les produits capillaires, les soins pour la peau, la protection solaire, le maquillage, le parfums et les produits de toilette. Dans la branche cosmétiques (98 % du chiffre d'affaires du groupe), les ventes se répartissent entre l'Europe de l'Ouest pour moins de la moitié, l'Amérique du Nord pour un quart d'entre elles et le reste du monde. Cette branche est divisée en quatre divisions : les produits grand public, les produits de luxe vendus en parfumeries, en grands magasins et en boutiques duty free, les produits professionnels, et enfin la cosmétique active, dont le chiffre d'affaires provient des ventes en pharmacies et espaces beautés spécialisés.
PDG pendant 18 ans, Lindsay Owen-Jones a laissé en avril 2006 les commandes opérationnelles du numéro un mondial des cosmétiques, tout en restant président du conseil d'administration. La direction générale a été confiée à Jean-Paul Agon, qui dirigeait L'Oréal USA jusque là. L'Oréal développe Galderma, une activité dermatologique, conjointement avec Nestlé et possède 8,7% de Sanofi Aventis.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Depuis vingt-trois ans, l'Oréal affiche une croissance à deux chiffres de son résultat net opérationnel par action.
- L'Oréal bénéficie de la forte notoriété attachée à ses marques mondiales. En outre, le leader mondial des cosmétiques dispose d'une expertise marketing et de capacités d'innovation reconnues. L'Oréal s'appuie sur une réelle expertise misant sur la Recherche et le Développement et l'innovation.
- L'Oréal ne dépend pas d'une zone géographique (il s'est implanté dans les marchés émergents très vite) ou d'un type de réseau de distribution en particulier, surtout depuis l'acquisition de The Body Shop, ce qui lui confère des qualités défensives.
- Avec le rachat stratégique d'YSL Beauté, L'Oréal va renforcer sa division Luxe et compléter son portefeuille de parfums.
- Le titre bénéficie d'un important programme de rachat d'actions.
- Le vieillissement de la population est favorable à la vente de produits L'Oréal (cosmétiques et dermatologiques).
Les points faibles de la valeur
- La pression des distributeurs sur les prix pèse sur la dynamique des ventes du groupe en Europe.
- Les mouvements de concentration dans le secteur, avec notamment la fusion Procter & Gamble - Gillette, entraînent une intensification de la concurrence. L'Oréal ne peut plus miser, en Europe, sur la croissance externe, dans un marché concentré où il détient beaucoup de parts.
- L'Oréal connaît de réelles difficultés au Japon,deuxième marché mondial des cosmétiques.
- La structure de l'actionnariat du groupe suscite des interrogations à moyen terme. Depuis la fusion de L'Oréal avec son holding de contrôle Gesparal en 2004, la famille Bettencourt et Nestlé détiennent respectivement en direct 29,2 % et 27,9 % du capital. S'ils sont liés pour quelques années encore, ils recouvreront à terme leur liberté.
- Attention à la volatilité des marchés émergents.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le secteur des produits de soin est généralement considéré comme relativement défensif et bénéficie d'une prime par rapport aux autres biens de consommation.
- Le groupe est sensible à l'évolution du dollar. Toutefois, pour limiter sa dépendance, L'Oréal a mis en place des stratégies de couverture et a implanté localement ses centres de production.
-Le lancement de nouveaux produits comporte toujours un risque.
-Nestlé peut vendre sa participation au sein du groupe de cosmétiques à partir de mai 2009.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Luxe et cosmétiques
La plupart des analystes sont réservés sur le secteur. Ils estiment que la demande en provenance des pays développés devrait s'éroder alors que les groupes subissent à la fois des taux de change défavorables et une hausse des coûts des matières premières. La diversification permet alors aux acteurs de maintenir leurs performances. C'est la stratégie adoptée par LVMH en acquérant Royal Van Lent, qui construit des yachts de grand luxe. L'objectif est de se positionner sur un secteur en croissance, non affecté par la mauvaise conjoncture économique, qui concerne la clientèle la plus aisée de la planète. Le marché des cosmétiques est reconfiguré après l'acquisition d'Yves Saint Laurent Beauté par L'Oréal, qui souhaite consolider ses positions sur le segment haut de gamme. Malgré cette opération, il reste numéro deux sur ce marché en France, derrière LVMH (avec les marques Dior, Givenchy ou Kenzo).