Rien ne va décidément plus pour l'industrie automobile française. Renault et PSA ont lancé tous deux un profit warning. Peugeot prévoit désormais un recul de 3,5% de ses ventes mondiales et une marge opérationnelle consolidée autour de 1,3 % cette année, alors qu'il tablait auparavant sur une marge de 3,5%. De son côté Renault a reconnu qu'il n'atteindrait pas 4,5% de marge en 2008. « La crise est là », a concédé Patrick Pélata, le directeur général de Renault. A la Bourse de Paris, l'action Peugeot a chuté de près de 11% en une semaine, Renault de 22%.
Au troisième trimestre, PSA a vu ses ventes chuter de 5,2% à 13,3 milliards d'euros. A elle seule, la division automobile de PSA a enregistré une baisse de 7,1% à 10,2 milliards d'euros. Rien d'étonnant à ce que la crise financière ait particulièrement impacté le secteur, quand on sait qu'en France, deux voitures sur trois sont achetées à crédit. La flambée des matières premières entraînant la hausse des coûts de production n'a évidemment rien arrangé.
En Europe occidentale, le marché a reculé de 10,7%, alors que Peugeot y réalise l'essentiel de ses ventes. Parallèlement, la croissance s'est ralentie dans les zones de développement.
Pour faire face à cette débâcle, le groupe a décidé de réduire sa production, expliquant que la gestion du cash était "une priorité essentielle". "Nous avons réagi très rapidement en prenant des mesures exceptionnelles pour réduire la production, même si cela se fera logiquement au détriment de la marge opérationnelle de 2008. Les réductions de production seront ainsi massives au 4ème trimestre, car il est essentiel que le groupe soit en bonne position pour aborder l'année 2009", a indiqué Christian Streiff, président de PSA Peugeot Citroên.
Le dirigeant entend également mettre en place des augmentations de tarifs et procéder au "renforcement et développement du programme CAP 2010".
Les perspectives du constructeur n'ont guère de quoi rassurer les investisseurs. Peugeot anticipe en effet "un très fort recul du marché automobile d'Europe occidentale de l'ordre de 17 % au quatrième trimestre 2008 et de 8 % sur l'ensemble de l'année 2008". La croissance des marchés dans les zones prioritaires de développement du groupe devrait quant à elle ralentir significativement pour se situer autour de 10 % en 2008.