La banque américaine Citigroup a jeté l'éponge jeudi soir et laissé le champ libre à sa concurrente Wells Fargo pour reprendre la quatrième banque du pays, Wachovia, préférant aller réclamer en justice une indemnisation qu'elle chiffre en milliards de dollars.
Citigroup a annoncé qu'elle quittait la table des négociations, faute d'être parvenue à un accord avec Wells Fargo sur un partage des actifs de Wachovia.
Mais, sous la pression des autorités inquiètes de voir pourrir la situation, Citigroup a accepté de ne pas s'opposer à la fusion de ses rivales, qui va donner naissance à la première banque américaine par les dépôts.
Citigroup et Wells Fargo étaient engagées dans un bras de fer depuis que la seconde avait annoncé vendredi un rachat de la totalité de Wachovia, quatre jours après que Citigroup se fut porté candidat, à la demande des pouvoirs publics, à un rachat de ses seules activités bancaires. Citigroup avait porté plainte lundi contre Wells Fargo et Wachovia pour rupture de contrat, réclamant 60 milliards de dollars. Devant la possibilité d'un procès long et coûteux, les parties avaient décidé d'une trêve juridique pour arriver à un accord amiable. Trêve qui arrivait à échéance vendredi.
"Les énormes différences dans la structure des offres et leur vision des risques encourus des différentes parties prenantes ont rendu impossible la conclusion d'un accord mutuellement acceptable", a expliqué Citigroup.
La banque centrale américaine, qui avait été prise à contre-pied par la surenchère de Wells Fargo, a rapidement annoncé qu'elle allait "immédiatement" examiner son offre, son feu vert étant nécessaire au bouclage de l'opération.
Aucune des parties concernées ne s'est exprimée sur la nature de l'offre victorieuse, et notamment si elle avait été revue à la hausse.
Wells Fargo avait proposé vendredi de racheter Wachovia dans sa globalité pour 15,1 milliards de dollars en actions, sans aide du gouvernement, alors que Citigroup ne proposait que 2,15 milliards, également en actions, uniquement pour les activités bancaires et avec de solides garanties de l'Etat.
Concernant les poursuites engagées, Citigroup a affirmé disposer toujours d'"éléments solides" contre Wachovia, Wells Fargo, leurs responsables et leurs conseillers "pour rupture de contrat et interférence délictuelle". "Nous n'avons pas cherché à reprendre Wachovia", a rappelé Vikram Pandit, le PDG de Citigroup, cité dans le communiqué. "Wachovia est venu à nous". "Sans notre volonté de nous lancer dans cette opération, des centaines de milliards de dollars auraient été mis en péril", a souligné Citigroup, soulignant "avoir répondu à l'appel lorsque tous les autres avaient fui".
Désormais, Citigroup va "se concentrer sur ses propres forces", a-t-il dit.
Vantant "le modèle de banque universelle" qu'elle incarne, Citigroup a assuré pouvoir compter notamment sur "une large base de dépôts, des ratios financiers solides, une bonne liquidité et des actifs superbes".
En reprenant une banque plus grosse qu'elle, Wells Fargo de son côté va entrer dans la cour des grands. Déjà très présente sur la côte ouest et dans le centre des Etats-Unis, Wells Fargo va prendre pied sur la côte est, de New York à la Floride. Avec 280.000 employés et 10.700 agences au total, elle sera présente dans 39 Etats, plus la ville de Washington.
Avec Wachovia, ses actifs atteindront 1.421 milliards de dollars et ses dépôts 786 milliards de dollars.