La SNCF a pris pied en Italie en achetant 20% de la compagnie privée italienne NTV, signe de la volonté de l'entreprise française de participer aux grandes manoeuvres du secteur à un peu plus d'un an de la libéralisation du transport international de voyageurs en Europe.
NTV, spécialisée dans la grande vitesse, et la SNCF ont signé "un accord de partenariat qui prévoit l'entrée de la SNCF dans NTV avec une participation minoritaire de 20%", a annoncé NTV (Nuovo Trasporto Viaggiatori).
Les dirigeants de NTV comme de la SNCF, qui ont présenté l'opération lors d'une conférence de presse à Paris, ont refusé de donner le montant de la transaction mais elle atteindrait 80 millions d'euros selon Les Echos.
La SNCF va apporter à NTV "son savoir faire" sur le marché de la grande vitesse, dans le domaine de la distribution, du marketing ou encore de la tarification, a expliqué le président de la SNCF Guillaume Pepy.
L'accord prévoit aussi un volet sur l'exploitation des trains, a ajouté NTV.
En échange, NTV "a accepté de nous faire une place" à hauteur de 20%, a-t-il ajouté.
La CGT-Cheminots a, pour sa part, dénoncé la "prise hasardeuse par la SNCF de 20% du capital de la société ferroviaire italienne privée NTV" et l'accélération de la "privatisation rampante de l'entreprise".
L'opérateur italien, connu pour avoir été la première entreprise à commander l'AGV d'Alstom, le nouveau train à grande vitesse français, doit se lancer en 2011 sur les lignes italiennes. Il vise une part de marché de 20% de la grande vitesse dans le pays d'ici 2015.
Guillaume Pepy et la directrice de Voyageurs France Europe (les grandes lignes de la SNCF) Mireille Faugère siègeront au conseil d'administration de NTV, a annoncé M. Pepy.
NTV "espère avoir bientôt à son conseil d'administration une très grande banque française", a ajouté son président, Luca di Montezemolo, également président de Fiat, sans donner de détails.
Désormais, le capital de NTV est principalement détenu à 38,4% par une société qui était auparavant majoritaire, appartenant à M. di Montezemolo, au patron du maroquinier Tod's, Diego della Valle, et à l'homme d'affaires Gianni Punzo, à 20% par la banque Intesa Sanpaolo et à 15% par l'assureur Generali.
Depuis l'arrivée de Guillaume Pepy à la tête de la SNCF, la compagnie ferroviaire française affiche haut et fort ses ambitions internationales et répète son intention d'entrer au capital de sociétés étrangères.
La SNCF avait déjà procédé à quelques emplettes hors de France cette année, en achetant une compagnie de fret ferroviaire allemande ou une entreprise de bus scolaire aux Etats-Unis.
Elle a aussi racheté en entier sa filiale de fret et de logistique Geodis, très implantée à l'étranger et elle détient depuis longtemps déjà des co-entreprises avec des compagnies nationales étrangères, notamment Thalys avec les Allemands et les Belges ou Artesia avec l'italien Trenitalia.
L'entrée au capital de NTV permet aussi à la SNCF de damer le pion à sa grande rivale allemande la Deutsche Bahn (DB), qui selon la presse était sur les rangs, signe que les grandes manoeuvres du secteur s'accélèrent avant la libéralisation des lignes internationales de voyageurs début 2010.
Air France a confirmé son intention de faire rouler des TGV, preuve que c'est le marché de la grande vitesse qui attire toutes les attentions.