Ubisoft a chuté de 15,80% à 38,73 euros hier, subissant son second passage à vide en l'espace d'une semaine. Lundi dernier, l'action avait chuté de 12,47%. La crise financière n'épargne décidément personne en Bourse. L'éditeur de jeux a pourtant connu un parcours pratiquement sans faute au cours de ces dernières années, ne cessant de surprendre positivement les investisseurs en dévoilant des résultats supérieurs aux attentes et en relevant ses prévisions.
Même le relèvement de l'opinion du très influent bureau d'études Cheuvreux de Sous-performance à Surperformance n'a pas permis à l'action d'enrailler sa chute. Le broker, qui affiche un objectif de cours de 60 euros, a pourtant motivé sa décision par la récente forte baisse de l'action et un flot de bonnes nouvelles à venir. Vendredi, Natixis avait relevé sa recommandation d'Accumuler à Acheter et son objectif de cours de 58 à 60 euros.
La valorisation atteinte par le titre demeure sa principale faiblesse au moment même où celles marchés boursiers atteint des plus bas historiques. Estimant qu'elle reflète les grandes espérances des investisseurs à l'égard de la valeur, UBS et Goldman Sachs ont ainsi initié fin septembre le suivi d'Ubisoft avec une opinion Neutre.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Ubisoft figure parmi les leaders en production, édition et distribution de jeux interactifs dans le monde. Ubisoft est présent dans 21 pays et distribue ses produits dans plus de 50 pays à travers le monde. L'éditeur de jeux vidéo dispose de plusieurs studios de développement, notamment en France, au Canada et en Chine. Les franchises clés d'Ubisoft sont : Splinter Cell, Ghost Recon, Rayman et Rainbow Six. Electronic Arts détient 15,37% du capital et 24,86% des droits de vote d'Ubisoft.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Ubisoft s'est positionné très tôt sur les jeux pour les consoles de nouvelle génération, ce qui lui permet de bénéficier à plein de la phase d'accélération de la croissance du cycle du secteur.
- Ubisoft est devenu l'un des plus importants créateurs de marques du secteur des jeux vidéo. Chaque lancement est un pari risqué mais assure une récurrence du chiffre d'affaires et une marge plus importante que les licences.
- Le titre revêt un attrait spéculatif avec l'entrée non sollicitée de l'éditeur américain de jeux vidéo Electronic Arts à hauteur de 15,4 % au capital d'Ubisoft, qui continue d'affirmer sa volonté d'indépendance. Le groupe pourrait toutefois ne pas être opposé à son rachat par un grand groupe de divertissement.
- Ubisoft est devenu un acteur mondial et dispose des capacités pour développer des jeux pour toutes les plates-formes.
Les points faibles de la valeur
- Les charges de développement et de lancement des nouveaux jeux sont en constante augmentation, sans que le succès soit garanti. Il faut désormais compter 15 à 20 millions d'euros d'investissement (hors marketing) pour un jeu à succès.
- Le titre est jugé suffisamment valorisé par certains analystes.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le succès de la société dépend avant tout de la solidité de son catalogue. La présentation des jeux en instance de sortie se fait notamment lors des salons professionnels comme l'E3 (Electronic Entertainment Expo) à Los Angeles.
- La fin d'année est cruciale pour tous les éditeurs de jeux vidéos, qui réalisent la majeure partie de leur chiffre d'affaires entre septembre et janvier (avec un pic pour les fêtes).
- Le marché des jeux est entré dans la phase de hausse de son cycle grâce à l'arrivée des consoles de nouvelle génération.
- La tendance du marché américain des jeux vidéos préfigure généralement de quelques mois celle du marché européen.
- Le secteur du jeu vidéo dépasse progressivement le périmètre des consoles dédiées et des ordinateurs personnels. Il devient de plus en plus accessible sur une multitude de supports (téléphones portables, Internet, assistants personnels, lecteurs MP3...).
- Le mouvement de concentration est engagé et devrait s'accélérer. Il y a une dizaine de grands éditeurs-distributeurs de jeux vidéo dans le monde. A terme, il ne devrait plus en rester que cinq ou six.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - Jeux vidéo
La Wii de Nintendo continue de dominer le marché mondial des consoles de jeux avec 29,6 millions d'exemplaires vendus. C'est beaucoup plus que la PS3 de Sony (14 millions d'unités dans le monde) et la Xbox 360 de Microsoft (19 millions d'exemplaires). Le géant américain des logiciels, peu à peu rattrapé par Sony, a décidé de réagir pour relancer les ventes de sa console. Après avoir fortement réduit les prix de sa Xbox 360 aux Etats-Unis, Microsoft a choisi la même voie au Japon – où les prix ont été réduits de près de 30% pour attirer les joueurs japonais, traditionnellement plus séduits par les marques nationales - et en Europe. Si les jeux vidéo ont un public de plus en plus large, en sensibilisant de plus en plus les femmes, les éditeurs comptent sur les « hardcore gamers », ou joueurs assidus, pour assurer leur développement. Les jeux qui leur sont dédiés sont vendus à des millions d'exemplaires grâce à leur fidélité. L'américain Take-Two Interactive a ainsi bénéficié d'un doublement de son activité (à 433,8 millions de dollars) sur le trimestre mai-juillet grâce au succès du quatrième épisode de son jeu « Grand Theft Auto », vendu à 10 millions d'exemplaires depuis sa commercialisation en avril dernier. Un lancement est même prévu sur le marché japonais, traditionnellement très difficile d'accès pour les jeux occidentaux.